Tuesday, April 04, 2006

qui sont les casseurs des manifs du CPE ?

4 avril 2006 / 13 h 28
Les casseurs des manifestations anti-CPE Ils appartiennent aux extrêmes, de gauche comme de droite : de "Alternative libertaire" à des proches d'"Action Directe", de "l'Action Française" au "Front National Jeunesse" Par Jean-Yves Camus
Le 4 avril, on remarquait dans les cortège la présence pacifique de plusieurs associations pro-palestiniennes, du Comité pour la Libération des Prisonniers d'Action Directe et de nombreux groupes radicaux d'extrême gauche
Il est d'ores et déjà possible de faire un bilan de la part prise par les extrêmes, gauche et droite, dans les violences qui ont émaillé les cortèges. Pour en avoir une vision claire, il faut bien comprendre que les partis d'extrême-gauche « classiques », comme Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste Révolutionnaire, sont présents dans les manifestations, surtout la LCR, sont même très impliqués dans la mobilisation des jeunes (à travers les Jeunesses Communistes Révolutionnaires), mais ne prennent jamais part aux débordements. D'autres groupes d'extrême-gauche aux effectifs plus modestes diffusent, en marge des cortèges, leurs journaux et leurs tracts (Groupe Communiste Révolutionnaire Internationaliste, La Riposte, Combat). Toutes les sources autorisées concordent sur un point : il n'existe aucune manipulation du mouvement par des mouvements radicaux, qu'ils soient politiques ou religieux (islamistes par exemple).
Deux catégories d'individus recherchent l'affrontement avec les forces de l'ordre : une mouvance anarchiste et d'ultra-gauche, composée de quelques centaines de personnes, et des bandes de « casseurs » qui s'en prennent également aux manifestants et agissent sans aucune motivation idéologique. Du côté des « politiques », les plus actifs sont les militants anarchistes de la Confédération Nationale du Travail (CNT, dont le « Groupe de travail Palestine » a édité une brochure intitulée « Le fait colonial en Palestine : de la nakba au mur de l'apartheid ») et ceux d'Alternative Libertaire (lié au groupe libanais Al Badil al Taharouri et soutenant le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l'Homme en Tunisie (CRLDHT). À l'université de Nanterre, l'AGEN (Association Générale des Étudiants de Nanterre), à l'antisionisme radical, s'est également investie dans le mouvement de grève (pour lire sa plateforme de revendications : http://www.agen-nanterre.net).Certains groupes ont tenté d'élargir la mobilisation au refus d'autres mesures gouvernementales, en particulier au projet de loi sur l'immigration choisie. C'est ainsi qu'on a pu voir près de la Bastille, en marge du défilé du 28 mars, un stand du comité Uni(e)s contre une immigration jetable.
Mais sans contestation possible, la grande nouveauté de ces manifestations reste le retour sur la scène d'un mouvement de l'ultra-gauche « autonome », devenu résiduel depuis les années 80 et la queue de comète d'Action Directe. C'est notamment cette nébuleuse qui a pris en main l'occupation de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales. Elle s'est manifestée également par la présence parmi les éléments violents de militants allemands et italiens (ces derniers se sont signalés par des graffitis « Autonomia Operaia Torino », autonomie ouvrière, ainsi que, rue de Vaugirard, par un slogan, « Toni Negri traître », attaque directe contre le philosophe italien qui fut le théoricien de Potere Operaio). Ce sont ces éléments qu'on a vus à l'œuvre de manière très organisée, le 18 mars place de la Nation, où un groupe d'environ 300 personnes dont certaines cagoulées se sont affrontées avec les CRS, entonnant le slogan, « Police partout, justice nulle part ».
Bien différents des « politiques », les casseurs sont un phénomène de bandes, venues de banlieue comme de Paris, s'attaquant aux manifestants en début ou fin de cortège. Sans qu'on puisse parler d'une dimension ethnique du phénomène, les observateurs présents aux Invalides le 23 mars, puis sur le terre-plein central de la place de la République le 28, n'ont pas manqué de remarquer la présence massive de jeunes noirs, filles comprises, parmi les fauteurs de troubles. Toutefois, en l'état actuel des faits, on ne constate aucune implication de la mouvance « dieudonniste » ou des groupes suprémacistes noirs (kémites, Tribu Ka) et un seul slogan instrumentalisant la dimension « identitaire » noire a été relevé : « Abrogation du CPE ; Abolition de l'esclavage ».Bien inférieurs en nombre, les « casseurs » issus de l'immigration maghrébine arboraient parfois le keffieh mais, malgré la présence de quelques jeunes filles portant hijab près des Invalides, il n'a pas été noté de présence particulière de l'islam politique. Une chose est certaine : les multiples reportages diffusés par les chaînes de télévision et les photos dans les journaux ont nettement fait apparaître la présence visible des jeunes noirs et ce phénomène, comme sa dénégation au nom du politiquement correct, ne font le jeu que de l'extrême-droite
Et l'extrême- droite dans tout cela, justement ? Elle est, par nature, plutôt favorable au CPE, par opposition à la gauche. Mais leurs velléités « révolutionnaires » poussent les militants les plus radicaux à chercher aussi l'affrontement avec le « système ». Le 13 mars près de la Sorbonne, des militants du Rassemblement Etudiant de Droite, mouvement proche du GUD, et de l'Action Française (royaliste) se sont affrontés avec ceux du Scalp ( Sections Carrément anti-Le Pen, libertaires) et de la CNT. Mardi 15 mars, des militants du Front National de la Jeunesse, rassemblés sous une banderole FTP (Fédération des Étudiants contre le Travail perturbé), se sont affrontés au Quartier Latin avec les partisans du blocage des facs. Le jeudi 17 mars, une douzaine de militants d'extrême-droite environ ont été interpellés, dont des membres du FNJ, des Jeunesses Identitaires (qui font actuellement campagne sur le thème : « Ni voilée, ni violée, touche pas à ma sœur ! »)Net un responsable du Renouveau Français, ex-Garde Franque, ont été arrêtés et, pour certains, déférés devant la justice. Plus surprenant, d'anciens militants du GUD (Groupe Union Défense) des années 90, particulièrement connus pour leurs sympathies négationnistes et pro-arabes, ont été vus en marge du cortège du 28 mars… parfois en discussion avec des militants juifs radicaux.

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