Saturday, May 05, 2007

Face à la justice, le fondateur de Tribu Ka revendique ses propos

Face à la justice, le fondateur de Tribu Ka revendique ses propos
Par François FEUILLEUX


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PARIS (AFP) - Stellio Capo Chichi, alias Kemi Seba et fondateur du groupuscule noir extrémiste Tribu Ka a revendiqué jeudi devant le tribunal de Chartres les propos qui lui valent des poursuites pour provocation à la haine raciale et antisémitisme, se présentant comme un "antisioniste".

A l'audience, le procureur a requis une peine de de six mois de prison ferme et une amende de 10.000 euros à son encontre, ainsi qu'une privation de droits civiques de cinq ans qui pourrait l'empêcher de se présenter, comme il le souhaite, aux élections municipales de Sarcelles (Val d'Oise).


Kemi Seba, dont le groupuscule avait été à l'origine d'incidents à caractère antisémite en mai 2006, rue des Rosiers à Paris, avant d'être dissous en juillet a depuis fondé le "Génération Kemi Seba" (GKS) et comparaissait avec Cyrille Kamdem, également membre du groupe.

Pour ce dernier, le ministère public a requis une peine d'un mois de prison ferme et une amende de 1.500 euros.

Kemi Seba et Cyrille Kamdem étaient poursuivis pour avoir déclaré : "Etat sioniste. Sales policiers sionistes. Police de Sarkozy à la solde de la racaille sioniste. La France a été achetée par Israël" devant des forces de l'ordre, le 8 février sur un parking d'hypermarché à Chartres.
Jugé en comparution immédiate pour "outrage sur personne dépositaire de l'autorité publique", en l'occurrence le directeur de la Sécurité publique d'Eure-et-Loir, Erick Degas, il avait déjà été condamné à cinq mois de prison dont trois avec sursis, en février.

L'audience de jeudi visait à examiner des poursuites ultérieures dans la même affaire pour "incitation à la haine raciale et propos antisémites".

Et devant le tribunal, il n'a pas regretté ses paroles.

Kemi Seba s'est présenté comme "un militant associatif des intérêts des citoyens de couleur noire".

Face au président Denis Roucou, il a fait preuve de verve et argumenté: "Je revendique l'intégralité des propos que j'ai tenus", a-t-il affirmé.

"Je suis antisioniste, pas antisémite. Le sionisme est une idéologie politique colonialiste et extrémiste. Si j'avais parlé d'un policier communiste, on ne m'aurait pas dit que j'étais anti-russe. Nous, personnes de couleur noire, ne sommes plus dans la soumission".

La défense a notamment cité la chanteuse Princess Erika, qui a expliqué avoir assisté à plusieurs de ses meetings et vouloir "défendre la liberté d'expression qui doit s'appliquer à tous".

"Je n'ai jamais entendu de propos antisémites à ces réunions", a-t-elle assuré.


L'avocat de la LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme), partie civile dans l'affaire n'a pas été convaincu.

"On a eu le droit à un florilège d'idées négationnistes dans une logique de théorie du complot", a dénoncé Me Nicolas Benouaiche. "Si l'on change le mot sioniste par juif, on retombe dans les heures noires de 1945".

"Derrière tout cela, il y a une véritable judéophobie", a-t-il plaidé, rejoint par le procureur Bruno Revel: "l'antisémitisme n'est pas mort. Les vieux mensonges s'incarnent dans de nouveaux visages", a dit ce dernier.

Pour la défense, Me Innocent Fenze a plaidé que son client, s'il avait outragé l'autorité publique, fait pour lequel il a déjà purgé sa peine, rien ne permettait de dire qu'il avait tenu des propos antisémites.

A la sortie du tribunal, Kemi Seba s'est déclaré ravi d'avoir pu exprimer "sa vérité" et a promis, quel que soit le jugement, de monter une liste aux municipales à Sarcelles "où des frères seront présents à ma place".

Le jugement a été mis en délibéré au 28 juin.

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