Monday, September 03, 2007

Le génocide arménien, un tabou israélien

Actualité | International
Le génocide arménien, un tabou israélienMARC HENRY. Publié le 03 septembre 2007Actualisé le 03 septembre 2007 : 07h59 Le gouvernement du premier ministre Ehoud Olmert ne veut rien faire qui puisse mécontenter Ankara.

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Le gouvernement du premier ministre Ehoud Olmert ne veut rien faire qui puisse mécontenter Ankara.

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POUR les dirigeants israéliens, la question du génocide arménien reste un tabou. La raison d'État l'emporte sur toute autre considération. Résultat : le gouvernement d'Ehoud Olmert a désavoué la décision prise la semaine dernière par la Ligue antidiffamation, une puissante organisation juive américaine, de reconnaître l'existence d'un « génocide » de plus d'un million d'Arméniens durant la Première Guerre mondiale.


Une initiative qui a provoqué la colère d'Ankara. L'ambassadeur de Turquie à Tel-Aviv, absent, est revenu d'urgence à son poste. De son côté, Shimon Pérès, le président, s'est empressé de téléphoner à Recep Tayyip Erdogan, le premier ministre turc, pour lui expliquer qu'il n'était pas question pour le gouvernement israélien d'emboîter le pas de la Ligue antidiffamation.


Une telle attitude reflète le souci de ne pas se mettre à dos la Turquie, le seul pays musulman considéré comme un allié militaire de l'État hébreu. Hasard du calendrier, au moment même où la Ligue antidiffamation lançait sa « bombe », les marines israélienne, turque et américaine participaient à des manoeuvres aéronavales en Méditerranée.


La Turquie est liée par un accord de coopération militaire conclu en 1996 avec l'État hébreu, que les islamistes modérés au pouvoir à Ankara n'ont pas remis en cause. La Turquie est également un client pour les industries militaires israéliennes.


Sur le front politique, l'État hébreu soutient discrètement la candidature de la Turquie à l'Union européenne et a gelé ces dernières années, pour apaiser les dirigeants turcs, ses contacts avec les Kurdes noués dans les années 1970 et 1980. Bref, avec Ankara, Israël marche sur des oeufs. L'essentiel est de ne rien faire qui puisse mécontenter la Turquie qui est aussi le plus important partenaire économique de l'État hébreu dans la région et la destination favorite des touristes israéliens.


Sachant parfaitement combien Israël tient à ces relations, l'ambassadeur turc Namik Tan a clairement annoncé la couleur lors d'une interview au quotidien Jerusalem Post en exigeant que le gouvernement israélien rappelle à l'ordre la Ligue antidiffamation.


Les responsables turcs redoutent qu'une éventuelle intervention du « lobby juif » aux États-Unis relayée par Israël convainque le Congrès de reconnaître l'existence du génocide arménien. « Si vous voulez vous en prendre au coeur du peuple turc, c'est la question numéro un », a prévenu le diplomate. « Nous comprenons qu'il s'agit d'une des organisations juives américaines, mais nous savons tous qu'elles travaillent en coordonnant leurs efforts avec Israël », a poursuivi l'ambassadeur.


« Dette morale »


Le message a été reçu cinq sur cinq. Cette extrême prudence dans un pays qui s'est battu pour que la Shoah soit reconnue a provoqué un certain malaise.


En mars dernier, plusieurs députés ont tenté en vain de faire voter par la Knesset une motion reconnaissant implicitement la réalité du génocide des Arméniens. Selon Haïm Oren, parlementaire d'opposition de gauche, « il est du devoir du Parlement israélien, en tant que représentant du peuple juif, de reconnaître ce fait historique, il s'agit d'une dette morale que nous avons envers le peuple arménien et à l'égard de nous-mêmes ».


Mais cette initiative, qui visait à permettre la participation à une journée internationale de commémoration du génocide arménien, avait été repoussée sous la pression du gouvernement.



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