Thursday, December 15, 2005

Quand Tariq Ramadan, Conseiller de sa Gracieuse Majesté, en vient à justifier l'indifférence à la Shoah par le colonialisme

Manuel Valls contre Frère Tariq, par Dominique Dhombres

es apparitions de Tariq Ramadan dans le paysage audiovisuel français ont au moins un caractère constant : elles ne passent pas inaperçues. Citoyen suisse, petit-fils du fondateur de la confrérie des Frères musulmans, on l'avait vu contré par Nicolas Sarkozy lors d'un débat resté dans les mémoires.
Frère Tariq, puisque ses amis l'appellent ainsi, avait, de sa belle voix de baryton, proposé d'instaurer un moratoire sur la lapidation des épouses adultères. Il jugeait, pour apaiser les esprits, qu'il fallait se donner le temps de la réflexion avant de procéder à de telles exécutions. Il ne dénonçait ni le principe ni la chose. Il demandait modestement qu'on sursoit. Il avait été mouché, de belle manière, par le petit Nicolas, alors en pleine forme.
Frère Tariq est toujours ressortissant de la Confédération helvétique, mais il arbore en ce moment les habits de conseiller en religion du gouvernement britannique. Il enseigne à Oxford et plaît à Tony Blair, pas mécontent d'avoir trouvé un intellectuel capable de l'éclairer sur les questions du radicalisme musulman et du terrorisme. Depuis les attentats de l'été, Tony Blair essaye de comprendre.
De son côté, Frère Tariq, un peu tricard en France depuis l'affaire du moratoire, invariablement suivi, lors de ses déplacements dans notre pays, par des intellectuels des renseignements généraux, prend manifestement plaisir à narguer, tranquillement installé sur l'autre rive de la Manche, le ministre d'Etat, ministre de l'intérieur et des cultes.
On attendait donc avec intérêt sa prestation, mercredi 14 décembre, à l'émission "Culture et dépendances" sur France 3. Il était, cette fois, contredit par un républicain passionné, Max Gallo, et par un élu socialiste, Manuel Valls, député et maire d'Evry (Essonne) dans la banlieue parisienne.
Le maire d'Evry avait apporté une citation tirée d'une conférence récemment prononcée par l'intéressé. "Comment nos enfants peuvent-ils s'émouvoir de la Shoah, pendant les cours d'histoire, alors que les crimes du colonialisme n'ont pas été reconnus ?", s'interrogeait frère Tariq lors de cette conférence. "Vous ne connaissez pas votre pays !", lançait-il mercredi soir à Manuel Valls. "Ah bon, vous le connaissez mieux que moi ?" demandait le député. Cet échange, qui restait courtois, montrait que la guerre des mémoires n'était pas terminée en France. Elle ne fait que commencer.
Article paru dans l'édition du 16.12.05

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