Saturday, August 19, 2006

L ANTISEMITISME HISTORIQUE DU QUAI D ORSAY

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A propos du Quai d’Orsay, on peut parler d’antisémitisme historique25 mai 2005 - Par Guy Millière © Metula News Agency
Ceux qui nourrissent encore d’ultimes illusions sur la diplomatie française ou qui pensent que l’atmosphère du Quai d’Orsay n’est devenue écœurante que depuis le temps du général de Gaulle et de la « politique arabe » de la France, feraient bien de se pencher sur l’analyse longue et détaillée que conduit l’historien anglais David Pryce-Jones dans le numéro du mois de mai de la revue Commentary ; ce qu’ils y découvriraient est, hélas, accablant.
Depuis la révolution française, montre Pryce-Jones, documents à l’appui - et toute son analyse est très précisément circonstanciée -, le monde arabe est perçu comme d’un intérêt crucial pour la préservation de la « grandeur » de la France. Les propos tenus par Napoléon Bonaparte lors de la campagne d’Egypte ou ceux prononcés en 1830 lors de la conquête de l’Algérie sont, à cet égard, éloquents et trouvent leur prolongement dans le rêve, élaboré sous Napoléon III, de créer un « royaume franco-arabe » dirigé par une France « puissance musulmane ». Parallèlement, la défiance ne cesse de se manifester à l’égard des juifs, perçus comme susceptibles d’être des instruments au service de « conspirations étrangères ».
Ces deux dimensions orientent la politique étrangère de la France au dix-neuvième, puis au vingtième siècle - les grandes orientations de cette politique étant définies moins par les ministres, qui passent, que par les hauts fonctionnaires et les membres du corps diplomatique, qui restent, disposant de davantage de stabilité et se cooptant entre eux sur le mode du « népotisme et d’une sensibilité catholique hostile aux juifs, aux protestants et au système parlementaire » - tout comme elles orientent le comportement des diplomates dans les pays concernés.
En 1840, afin d’ « apaiser » les esprits, suite à la disparition d’un moine chrétien et de plusieurs musulmans, le comte Ulysse de Rati-Menton, consul français à Damas, a répandu la rumeur selon laquelle les juifs commettaient des « meurtres rituels » et persuadé le gouverneur ottoman d’arrêter des notables juifs et de prendre en otage des enfants juifs, qui, pour l’essentiel, furent convertis de force à l’islam.
Deux des hommes les plus influents au Quai d’Orsay ont évoqué, au moment de l’affaire Dreyfus et de l’émergence du sionisme, le péril que la création d’un Etat juif constituerait pour les intérêts de la France ; le premier, Paul Cambon, n’hésitant pas à noter que « le juif est un traître par définition », le second, Maurice Paléologue, parlant, lui, des « défauts héréditaires et des mauvaises passions des juifs ».
A la fin du dix-neuvième siècle, la France avait des hôpitaux, des monastères, des églises dans tout le Proche-Orient, les institutions catholiques de la région ayant été placées par le Vatican sous sa protection. Jules Ferry notait en 1888 que « le protectorat des Chrétiens en Orient fait partie intégrante du domaine méditerranéen de la France ». L’arrivée de juifs et la perspective de création d’un foyer national juif au Proche-Orient fut perçue comme un phénomène à contrer absolument, ce qui a impliqué une politique antisioniste active, et un soutien tout aussi actif à l’émergence d’un nationalisme arabe, qui peut apparaître, à bien des égards, comme une création de la France. Les sionistes se trouvèrent vite décrits dans des notes diplomatiques comme des « hordes rongées par le mysticisme », alors que le Quai d’Orsay finançait, en parallèle à partir de 1907, la publication d’un journal francophone diffusé dans toute la région : L’indépendance arabe.L’objectif de la diplomatie française, au moment de l’effondrement de l’empire ottoman à la fin de la Première Guerre Mondiale, fut de créer la « Syrie intégrale », sous la tutelle de la France, et d’inclure dans ce territoire la Syrie et le Liban actuels, plus le territoire total du Mandat palestinien, Transjordanie comprise. Les juifs ayant un « poids international » et « pouvant exercer des pressions sur des gouvernements ignorants », la France était prête à accepter la création d’une petite entité juive semi autonome autour de Hébron et de Gaza, où « les juifs pourraient faire pousser des oranges et s’exploiter mutuellement », comme l’a écrit Jules Cambon, frère de Paul, diplomate lui aussi. Mais Paul Cambon fut chargé, selon ses propres termes, d’expliquer clairement aux autorités britanniques en 1919, qu’il était hors de question que « les sionistes... constituent un Etat indépendant en Palestine ».
La France dut accepter que le Royaume-Uni adopte une position différente de la sienne, mais la diplomatie française ne se résigna pas. Le Quai d’Orsay finança un autre journal, appelé L’œuvre française, diffusé lui aussi dans tout le Proche-Orient, et où on pouvait lire : « Il est inadmissible que le pays du Christ puisse devenir la proie de la juiverie et de l’hérésie anglo-saxonne ». Henri Gouraud, haut commissaire chargé du Mandat français à Damas, n’a cessé, tant qu’il a été en poste dans l’entre-deux guerres, d’inciter la diplomatie française à tirer avantage des circonstances et à travailler pour « élargir le protectorat de façon à inclure les musulmans que nous ne pouvons laisser seuls et désarmés face au sionisme ». Dans cette même période, il y eut au Quai d’Orsay, des diplomates-écrivains : Paul Morand, auteur de Mort d’un juif, un bref récit où un juif sur son lit de mort refuse de payer son médecin tant que le taux de change n’a pas évolué en faveur de ses activités de spéculateur. Auteur aussi de France La Doulce, dont le thème principal est le danger représenté par la prise de contrôle par les juifs de l’industrie cinématographique française aux fins de « semer la débauche ».
Jean Giraudoux, qui écrivait en 1939 : « les juifs corrompent, pourrissent, érodent, dégradent, dévaluent tout ce qu’ils touchent ».
Paul Claudel, notant avec enthousiasme après le vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain, que « la France est enfin libérée de l’emprise du parti radical et anti-clérical (professeurs, avocats, juifs, francs-maçons) », mais finissant néanmoins, exception à la règle, par soutenir la création de l’Etat d’Israël, pour des raisons plus mystiques que politiques.
Louis Massignon, premier des « islamologues » français, qui parlait, dès 1920, de la perspective de « l’horrible Israël des cosmopolites et des banquiers apatrides », et notait en 1943 que « seul un bloc franco-islamique peut sauver la Terre sainte ».
En 1945, le grand mufti de Jérusalem, ami d’Hitler, fervent partisan de la « solution finale », après s’être vu refuser l’asile politique par la Suisse, s’est retrouvé aux mains des autorités françaises. La position du Quai d’Orsay tout juste « libéré » fut de dire : « Le mufti a certainement trahi la cause alliée mais il a surtout trahi la Grande-Bretagne sans nous affecter directement ». « Il pourrait provoquer des crises en Palestine, en Irak, en Egypte et en Transjordanie qui pourraient être bénéfiques pour notre politique », notera même Henri Ponsot, chargé des relations entre le ministère des affaires étrangères et le prisonnier. En avril 1946, le mufti put quitter la France par avion, muni d’un vrai faux passeport, et il l’en remercia chaleureusement un peu plus tard. Après avoir séjourné au Caire, il put se rendre au Liban d’où, écrit Pryce-Jones, « il a pu orchestrer la violence contre l’Etat d’Israël en train de naître et provoquer la ruine des Arabes Palestiniens ».
La France a voté en faveur de la création d’Israël aux Nations Unies, mais seulement après que ses diplomates aient tout fait pour retarder ou empêcher le vote, et ce n’est que bien plus tard, en avril 1949, après que les armées arabes aient été vaincues, que la France a reconnu officiellement le nouvel Etat. René Neuville, consul de France à Jérusalem, notait, le 12 avril 1947, que « les juifs sont viscéralement racistes, au moins autant que leurs persécuteurs allemands ». Après le vote en faveur de la création d’Israël, il écrivit que cela constituait « une victoire de l’obscurantisme sur les lumières et un exemple pernicieux ».Après la prise du pouvoir par Nasser en Egypte, en 1952, la France fut confrontée aux conséquences du nationalisme arabe : la radio égyptienne nassérienne La voix des arabes devenant aussitôt l’organe de l’incitation à la révolte contre le colonialisme français en Afrique du Nord. Certains dirigeants français discernèrent en ces circonstances une « communauté d’intérêts » entre la France et Israël. Mais ces dirigeants prirent soin de laisser le Quai d’Orsay à l’écart de leurs décisions.
Dès le retour au pouvoir du général de Gaulle, en 1958, le Quai saisit l’opportunité pour reprendre le dossier en main : en 1959, il fut décidé de renoncer à un projet de construction d’une usine d’assemblage de voitures de la firme nationale Renault, pour montrer que la France respectait le boycott d’Israël mis en place par le monde arabe. En 1960, Ben Gourion se rendit en France, mais un communiqué du Quai d’Orsay stipula qu’il ne s’agissait pas d’une « visite d’Etat », et la délégation israélienne se vit interdire d’arborer le drapeau d’Israël. En 1963, Couve de Murville, ministre des affaires étrangères du général, déclara qu’une collaboration plus étroite entre les Arabes et la France est « non seulement acceptable, elle est désirée ».
La « politique arabe » gaulliste de la France s’enclenchait. Les manifestations d’hostilité de la France à l’égard d’Israël devinent dès lors une pratique constante qui permit à la diplomatie française de prolonger son comportement habituel vis-à-vis des juifs et du sionisme. L’objectif de cette politique était de contrer les Etats-Unis, d’installer la France en position de « troisième force » entre les Etats-Unis et l’URSS, de permettre à la France de se poser, par l’intermédiaire du monde arabe, en chef de file du tiers-monde et des non alignés, et d’affirmer ainsi sa puissance en Europe, sur fond de sacrifice d’Israël. Mais la ligne « traditionnelle » de la diplomatie française rendait ce sacrifice bien plus facile, les origines intellectuelles maurassiennes du général de Gaulle aussi.
Quand en 1966, Abba Eban, ministre des affaires étrangères israélien s’inquiéta de la détérioration grave des relations entre la France et Israël, Couve de Murville lui répondit par une lettre imprégnée de condescendance et d’irritation : « Le rôle du général de Gaulle n’est pas de vous prendre par l’épaule aux fins de vous rassurer ». Immédiatement après la Guerre des six jours, en 1967, Roger Seydoux, représentant de la France aux Nations Unies, déclara que « la réunification de Jérusalem est inopportune et sans fondement légal ». De Gaulle parla, comme on sait, de « peuple dominateur et sûr de lui », mais aussi de peuple animé d’une « ambition brûlante de conquête ». René Massigli, secrétaire général du Quai d’Orsay, déclara, lui, en 1969, que « les juifs français qui soutiennent Israël se rendent coupable de déloyauté ».
Depuis, comme le note Pryce-Jones, « aucun pays, à l’exception de l’ex-Union Soviétique, n’a fait davantage pour la création d’un Etat palestinien et pour mettre en danger l’existence d’Israël ».
En 1973, sous Pompidou, pendant la guerre du Kippour, la France a fermé son espace aérien aux avions américains venant ravitailler Israël qui se battait pour sa survie. La même année, une délégation de l’OLP fut ouverte à Paris et Arafat fut reçu à l’Elysée.En 1978, sous Giscard d’Estaing, le Quai d’Orsay a critiqué les accords de paix entre Israël et l’Egypte dans des termes qui étaient exactement ceux employés par l’OLP, et stipulé qu’ « une paix juste au Proche-Orient ne peut venir sans que soient pleinement satisfaites les aspirations légitimes du peuple palestinien ».
François Mitterrand, ancien fonctionnaire de Vichy, condamna fermement la destruction du réacteur nucléaire Osirak par Israël en 1982 et se prononça pour la création d’une confédération entre Israël, la Jordanie et la Palestine, qui aurait aboli la souveraineté d’Israël. Il permit à Arafat de survivre à la défaite en quittant Beyrouth pour Tunis, ce qui sauva l’OLP. Claude Cheysson, ministre des Affaires Etrangères de 1981 à 1984, a déclaré l’année de son départ du Quai d’Orsay : « L’Etat d’Israël s’est créé contre la volonté du reste du monde ». La même année, son successeur, Roland Dumas, a dit que la piraterie aérienne et les détournements d’avions « étaient la seule façon pour la résistance palestinienne de rompre l’indifférence internationale ».
Depuis que Jacques Chirac est à l’Elysée, rien ne s’est amélioré, bien au contraire, et tant de faits et de déclarations dans l’actualité de la dernière décennie l’attestent qu’il est inutile de les énumérer. Le Quai d’Orsay a freiné ostensiblement les actions menées pour que l’autorisation d’émettre qui avait été accordée à la chaîne antisémite al-Manar soit suspendue. Les consulats français se voient toujours interdire de reconnaître des mariages célébrés dans le moindre territoire situé au delà des frontières de 1967.
En décembre 2004, Gérard Araud, ambassadeur de France en Israël, a déclaré que « les Israéliens souffrent d’une névrose, d’un véritable désordre mental qui les rend anti-français... ». Quelques années auparavant, feu l’ambassadeur de France en Angleterre Daniel Bernard avait été encore plus précis pour qualifier son sentiment à l’égard d’Israël : « un petit Etat merdeux ». Il avait dit à haute voix ce que la majorité au Quai pense tout bas. Quant à Gérard Araud, c’est son propre équilibre qui peut légitimement inquiéter : les Israéliens seraient vraiment fous si, soumis à de telles insultes et à d’aussi durables injustices, ils avaient continué à nous aimer !
Tout espoir d’amélioration des relations entre la France et Israël, dans ces conditions, semble vain, et cela doit être dit. Il existe une tendance lourde et ancienne qui fait qu’Israël (et de fait les Palestiniens. Ndlr) n’a rien à attendre de la France en termes d’avancées vers la paix. Et ce, quels que soient les dirigeants de la France : le choix, au mieux, peut se situer entre le moins pire et l’absolument catastrophique.Les juifs de France, quant à eux, doivent comprendre dans quel contexte ils se trouvent. La situation avait été définie, au fond, au temps de la Révolution Française, lorsque le comte de Clermont Tonnerre avait déclaré devant l’assemblée constituante en décembre 1789 : « Tout doit être refusé aux juifs en tant que nation, tout doit leur être accordé en tant qu’individus ». La différence étant qu’aujourd’hui, la politique arabe de la France a eu pour résultat l’émergence d’une communauté musulmane importante, dont la politique du Quai d’Orsay flatte l’antisionisme et l’antisémitisme croissants. « Tout doit être accordé aux juifs en tant qu’individus », disait Clermont Tonnerre ; devrait-on dire qu’aujourd’hui, « tout doit être accordé aux juifs en tant que dhimmis » ? Je laisse l’interrogation en suspens, en ajoutant aussitôt que ce me semble chaque jour être davantage le cas...

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