Wednesday, August 09, 2006

A PARIS RARES BEMOLS CONTRE LA POSITION DE LA FRANCE

A Paris, rares bémols contre l'exécutif français
Des politiques critiquent la mise à l'écart de la Syrie et les propos de Douste-Blazy sur l'Iran.
Par Pascal VIROT
QUOTIDIEN : Mercredi 9 août 2006 - 06:00

Silence ou presque dans les rangs. Comme souvent en période de trouble international, les dirigeants politiques français observent une partition non écrite : celle de la solidarité avec l'exécutif. Elevés au sein de la diplomatie gaullienne puis mitterrandienne, ces responsables considèrent que la France ne doit parler que d'une seule voix. A quelques détails près. La guerre au Liban ne déroge pas à la règle, d'autant plus que Paris se veut en première ligne. «Quand nous avons un point de désaccord, on appelle les autorités françaises à rectifier», résume le député (PS) Gérard Bapt, président du groupe d'amitié France-Syrie.
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«Tropisme chiraquien». Quelques critiques émergent néanmoins. D'abord, s'agissant du rôle de la Syrie. Plusieurs députés, PS notamment, se sont indignés que Damas ait été mis au ban de la communauté internationale par la France. «C'est le tropisme chiraquien», déplore Pierre Moscovici, ex-ministre des Affaires européennes de Jospin. Tenant ce pays pour directement responsable du chaos au Liban et de l'attentat dans lequel son ami, l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, a trouvé la mort en 2005, le chef de l'Etat refuse qu'il rentre dans le jeu : la nature du régime syrien, avait-il dit fin juillet, est «difficilement compatible avec la sécurité et la paix» au Proche-Orient. Une analyse que ne partage visiblement pas Jack Lang, qui séjourne jusqu'à aujourd'hui à Damas, «à titre personnel», où il a été reçu hier par Bachar al-Assad. En parlant du rejet chiraquien de la Syrie, Moscovici entend pointer «les sympathies et les antipathies sélectives de Jacques Chirac». Car, dans le même temps, la diplomatie française fait grand cas de l'Iran. Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères, avait souligné, le 31 juillet, que Téhéran «joue un rôle important de stabilisation». Des propos tenus en plein Beyrouth, juste avant une rencontre avec son homologue iranien. «Vous vous rendez compte de la signification symbolique que cela décèle !», s'insurge François Bayrou, président de l'UDF. «L'Iran comme la Syrie sont déstabilisateurs dans la région, reprend Moscovici. Il ne faut être complaisant avec aucun, et sans ostracisme pour aucun.» Cette «faute», dixit Laurent Fabius, qui consiste à flatter Téhéran, «affaiblit la main de la France» , ajoute Moscovici, le secrétaire national du PS chargé des questions internationales.
Enfin, troisième critique, formulée par Bayrou : l'absence d'Europe. «La ligne de la France est juste, explique le leader centriste à Libération. A une réserve près : je regrette qu'on n'ait jamais essayé de dégager une voix européenne.» A ses yeux, l'Union est repartie «dans la diplomatie du XIXe siècle, celle du chacun pour soi. Et ainsi, on se condamne à l'impuissance».
«Faibles». Hormis ces bémols, chacun admet l'accord global en France. «La réalité parle si fort que les discours sont faibles, reconnaît Bayrou qui souligne qu' autant il n'y a pas de consensus en France à propos du conflit israélo-palestinien, autant, là, il est large.» Une explication complétée par Moscovici : «Il est possible d'être pro-Palestinien, mais il est impossible d'être pro-Hezbollah.»

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