Sunday, October 22, 2006

LES BIENVEILLANTES ; LES RAISONS D'UN REFUS


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La république des livres
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20 octobre 2006
Littell : les raisons d'un refus
En général, quand un livre est plébiscité par le public, la critique et les libraires jusqu'à accéder au statut de phénomène de société, les éditeurs auxquels on l'a soumis et qui n'ont pas été assez rapides pour sauter dessus, ou qui n'ont pas eu assez de flair pour s'y attarder, se font tout petits. Un exemple parmi cent : par charité chrétienne, nous tairons le nom de l'éditeur des essais de sciences humaines d'Umberto Eco au Seuil qui crût bon négliger le manuscrit de son roman Le Nom de la rose, désinvolture qui fit les beaux jours de Grasset. Or depuis quelques semaines, parmi les rumeurs vraies ou fausses qui circulent dans Paris autour des Bienveillantes, on trouve les noms des quelques éditeurs français qui n'ont pas sauté sur l'énorme manuscrit de Jonathan Littell lorsqu'il leur fut soumis par son agent. Loin de le regretter, Ronald Blunden, directeur éditorial de Calmann-Lévy, vient d'expliquer les raisons de son refus. A méditer, même et surtout si on ne partage pas son avis sur ce grand livre :
"Le Point a révélé que Calmann-Lévy faisait partie des maisons d'édition ayant « laissé passer » « Les Bienveillantes ». En vérité, tout sidéré que j'aie été par la prouesse littéraire, je l'ai refusé sans la moindre hésitation, et dût-il se vendre à 1 million d'exemplaires et recevoir le prix Goncourt que je ne le regretterais pas. Pour contribuer à tirer de l'oubli les victimes des Einsatzgruppen, plutôt que de faire appel aux souvenirs apocryphes d'un officier SS, je préfère, par exemple, m'appuyer sur le père Patrick Desbois, qui travaille depuis deux ans à l'exhumation des centaines de fosses communes laissées par les « unités spéciales » nazies en Ukraine, recueille les témoignages des derniers survivants, recense les modus operandi de ces tueries et donne une sépulture décente aux victimes. Son livre paraîtra en septembre 2007 chez Calmann-Lévy, dans la collection coéditée avec le Mémorial de la Shoah. Il est tout sauf romanesque et laisse au lecteur le soin d'essayer d'imaginer, à partir des indices et des témoignages, ce que fut le calvaire des victimes. Cet effort d'imagination, qu'on ne peut faire sans effroi, provoque une forme de communion avec les victimes qui s'appelle l'empathie. Elle nous oblige à aller vers elles, et ce mouvement n'a rien à voir avec celui qui nous fait nous détourner, horrifiés mais fascinés, de leur bourreau, dont Jonathan Littell voudrait néanmoins nous faire assumer l'abjection au titre de notre appartenance commune à l'humanité"
17:27 Lien Permanent
Commentaires
Preum's.
Je ne vois pas en quoi ces deux types d'édition sont incompatibles. D'un côté un livre d'histoire (au sens large), qui restitue les faits, et fait oeuvre de mémoire tout simplememnt, de l'autre une fiction, pour faire sentir de l'intérieur les choses en s'autorisant de faire appel à l'imagination.
Où est le problème ? Peut-être que Calmann-Lévy ne souhaite simplement pas créer d'interférence dans sa ligne éditoriale, mais il est inutile de condamner le bouquin de Littell pour autant, non ?
Nico
Rédigé par: Nico 20 oct. 06 17:47:02
Christine Angot disant qu'un Juif ne peut se mettre dans la tête d'un Nazi, merci Ms. Angot, quelques mauvaises langues disent que les Israéliens sont des Nazis, en parlant des frictions avec la Palèstine, plus souvent lanceuse de pierres, pendant que du Liban, le Ezbollah, lancent des objets plus mortels, ah, j'oubliais les porteurs de ceinture-suicide! Cela fait tellement longtemps que l'on lit des fictions ou des témoignages des crimes commit par le IIIème Reich, alors, pourquoi pas l'Histoire vue depuis le côté des bourreaux? En tant que Juif, je peux facilement m'imaginer de ce que se serrait d'être poursuivit pour raison raciale, alors le côté bourreau, j'en suis encore plus curieux. Je suis en train de lire Les Bienveillantes, et malgré mon histoire et familiale et autobiographique, je n'arrive plus à penser aux Allemands sans penser qu'ils étaient tous plus ou moins coupables. Jonathan Littell met le doigt là où cela fait mal, difficile de regarder mes photos de famille, avec mes parents Allemands, sans penser à ce qu'ils ont bien pu faire ou pas de 1933 à 1945. Difficile de regarder la photo d'un cousin, de 8 ans mon aîné, et de ses parents, sans penser: comment ont-ils vécut la guerre et le KZ privatif construit pour leur usine de famille. Mes cousins sont-ils au courant? Qu'à vu mon oncle, décédé en 2004, et qui était sur le front russe? Non, Jonathan Littell remu le bâton dans la plaie et que lui dire: Merci? Peut-être, non, oui merci, rien ne sert de garder la tête dans le sable comme une autruche! J'ai rencontré des gens qui trouvent le livre mal écrit, un style illisible, dixit une charmante libraire de la rue Beaubourg, et bien peut-être, mais ce livre, on n'est pas là pour le lire par plaisir. Bon, on pourrait demander pourquoi, un styliste plus talentueux, n'a pas été interpellé par le sujet? J'aimerai bien avoir des réponses sur mon Blog, des gens qui lisent ou qui ont lus Les Bienveillantes:http://traube.blog.lemonde.fr/traube/2006/10/les_bienveillan.html#comments
Rédigé par: Thierry Kron Traube 20 oct. 06 18:21:28

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