UNE GUERRE RATEE PAS UNE GUERRE PERDUE
Critique
Une guerre ratée mais non pas perdue
LE MONDE 09.11.06 15h32 • Mis à jour le 09.11.06 15h32
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es Libanais reconstruisent, mais c'est un après-guerre où les conflits interlibanais ont repris le dessus sur le réflexe d'union nationale observé cet été sous les bombes. Le premier ministre israélien, lui, refait son gouvernement : sa crédibilité au plus bas, Ehoud Olmert vient d'ouvrir son cabinet au parti d'extrême droite Israël Beitanou. Il transforme du même coup une majorité à la tonalité centriste en une équipe beaucoup plus à droite. Bref, à Beyrouth et à Jérusalem, on dresse les bilans douloureux de la guerre de juillet-août.
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Envoyé spécial du Figaro côté israélien, Renaud Girard établit le sien. Avec prudence, humilité et précision, il relate ce qu'il a appris sur un triple front : celui des responsables politiques qu'il a longtemps interrogés ; à l'état-major de Tsahal auquel il rend visite en pleine guerre ; enfin, auprès d'une unité d'élite qu'il a l'occasion - rare pour un journaliste étranger - d'accompagner au combat.
Rappel des faits. Le 12 juillet, le mouvement chiite Hezbollah - représenté au gouvernement et au Parlement de Beyrouth - monte une embuscade de l'autre côté de la frontière : deux soldats israéliens sont enlevés, huit autres tués. A Jérusalem, l'état-major y voit une provocation de trop : depuis le retrait israélien du Liban au printemps 2000, le Hezbollah déploie un formidable arsenal qui ne peut que viser Israël. Depuis longtemps, l'état-major israélien veut intervenir. Le patron de l'armée, le général Dan Halutz, premier aviateur à occuper ce poste, obtient le feu vert du premier ministre. Ehoud Olmert craint la montée en puissance de l'Iran dans la région et, particulièrement, l'extension armée de la République islamique au Liban qu'est le Hezbollah.
Halutz s'est vanté de réduire le Hezbollah à néant en deux semaines de bombardements aériens. Ehoud Olmert a promis d'en finir avec cette formation schizophrénique qu'est ce Parti de Dieu. On connaît la suite. Les raids aériens sur le Liban durent un mois - plus de 1 000 morts dans la population, 15 000 logements démolis, nombre d'infrastructures économiques et sociales détruites -, appuyés les derniers jours par une intervention au sol. Nullement écrasé, le Hezbollah tire des centaines de roquettes sur les localités du nord de l'Etat juif. Qui a gagné ?
Renaud Girard décrit une "guerre asymétrique, ratée, menée par une démocratie contre un mouvement de guérilla ; une guerre mal pensée, mal conduite", de l'aveu même des officiers et soldats qu'il a côtoyés. Il évoque "le choix désastreux de privilégier la guerre aérienne (...), ces bombardements en forme de punition collective". Tsahal n'a pas regagné son pouvoir de dissuasion ; le Hezbollah a gagné en popularité régionale ; les démocrates libanais ont été affaiblis, etc.
Guerre "perdue" pour autant ? Non, dit Renaud Girard. Le Parti de Dieu a été militairement affaibli. Il a été chassé du sud du Liban, où a été déployée une force d'interposition majoritairement européenne. Le statu quo ante, qui profitait exclusivement au Hezbollah, a été brisé. Et si cette force européenne réussissait à ramener la paix au Liban sud, elle pourrait constituer un précédent applicable ailleurs - par exemple aux frontières séparant Israël d'un futur Etat palestinien... Les guerres ont quelquefois des retombées inattendues.
LA GUERRE RATÉE D'ISRAËL CONTRE LE HEZBOLLAH de Renaud Girard. Perrin, 156 pages, 11 €
Une guerre ratée mais non pas perdue
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Envoyé spécial du Figaro côté israélien, Renaud Girard établit le sien. Avec prudence, humilité et précision, il relate ce qu'il a appris sur un triple front : celui des responsables politiques qu'il a longtemps interrogés ; à l'état-major de Tsahal auquel il rend visite en pleine guerre ; enfin, auprès d'une unité d'élite qu'il a l'occasion - rare pour un journaliste étranger - d'accompagner au combat.
Rappel des faits. Le 12 juillet, le mouvement chiite Hezbollah - représenté au gouvernement et au Parlement de Beyrouth - monte une embuscade de l'autre côté de la frontière : deux soldats israéliens sont enlevés, huit autres tués. A Jérusalem, l'état-major y voit une provocation de trop : depuis le retrait israélien du Liban au printemps 2000, le Hezbollah déploie un formidable arsenal qui ne peut que viser Israël. Depuis longtemps, l'état-major israélien veut intervenir. Le patron de l'armée, le général Dan Halutz, premier aviateur à occuper ce poste, obtient le feu vert du premier ministre. Ehoud Olmert craint la montée en puissance de l'Iran dans la région et, particulièrement, l'extension armée de la République islamique au Liban qu'est le Hezbollah.
Halutz s'est vanté de réduire le Hezbollah à néant en deux semaines de bombardements aériens. Ehoud Olmert a promis d'en finir avec cette formation schizophrénique qu'est ce Parti de Dieu. On connaît la suite. Les raids aériens sur le Liban durent un mois - plus de 1 000 morts dans la population, 15 000 logements démolis, nombre d'infrastructures économiques et sociales détruites -, appuyés les derniers jours par une intervention au sol. Nullement écrasé, le Hezbollah tire des centaines de roquettes sur les localités du nord de l'Etat juif. Qui a gagné ?
Renaud Girard décrit une "guerre asymétrique, ratée, menée par une démocratie contre un mouvement de guérilla ; une guerre mal pensée, mal conduite", de l'aveu même des officiers et soldats qu'il a côtoyés. Il évoque "le choix désastreux de privilégier la guerre aérienne (...), ces bombardements en forme de punition collective". Tsahal n'a pas regagné son pouvoir de dissuasion ; le Hezbollah a gagné en popularité régionale ; les démocrates libanais ont été affaiblis, etc.
Guerre "perdue" pour autant ? Non, dit Renaud Girard. Le Parti de Dieu a été militairement affaibli. Il a été chassé du sud du Liban, où a été déployée une force d'interposition majoritairement européenne. Le statu quo ante, qui profitait exclusivement au Hezbollah, a été brisé. Et si cette force européenne réussissait à ramener la paix au Liban sud, elle pourrait constituer un précédent applicable ailleurs - par exemple aux frontières séparant Israël d'un futur Etat palestinien... Les guerres ont quelquefois des retombées inattendues.
LA GUERRE RATÉE D'ISRAËL CONTRE LE HEZBOLLAH de Renaud Girard. Perrin, 156 pages, 11 €
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