Saturday, December 02, 2006

LES FAUX PAS DE SEGOLENE ROYAL AU LIBAN

EYROUTH (AP) - Exercice de haute voltige pour la candidate du PS à la présidentielle: consciente que les feux de l'actualité sont braqués sur elle et que ses détracteurs attendent le moindre faux pas sur la subtile diplomatie au Proche-Orient, Ségolène Royal a ajusté le tir vendredi après un échange à haut risque avec un député libanais du Hezbollah sur la politique des Etats-Unis.
Lors d'une rencontre en début de soirée dans un grand hôtel de Beyrouth avec 17 députés de la commission des Affaires étrangères du Parlement libanais, le député du Hezbollah Ali Ammar a fait un long exposé en arabe dénonçant la "démence illimitée de l'administration américaine". Des propos transcrits par deux traducteurs, un pour la candidate et son entourage, l'autre pour les journalistes.
"Il y a beaucoup de choses que vous dites que je partage, l'analyse du rôle des Etats-Unis", a répondu après cette longue intervention, la candidate pour l'Elysée, qui avait affiché sa volonté de dialoguer avec toutes les parties y compris le Parti de Dieu. Elle a également cité le fait que "le Liban en a assez d'être un pays otage" et victime "des conflits des autres".
A l'aise sur le terrain diplomatique depuis le début de sa visite, la candidate, alertée par son entourage, s'est empressée en fin de réunion d'ajuster le tir après ce qui pouvait être interprété comme un faux pas vis-à-vis de Washington. Elle s'est livrée à "une petite mise au point" de son propos sur les Etats-Unis.
"On me dit que ce que j'ai dit tout à l'heure pourrait prêter à confusion, donc je vais bien préciser le sens de ma pensée par rapport à ce que j'ai dit sur l'intervention de l'administration Bush en Irak", a-t-elle tenu à clarifier, alors qu'elle envisage de se rendre aux Etats-Unis mi-décembre pour le congrès des Démocrates.
"Je ne voudrais pas que ça soit confondu avec une condamnation globale de l'action des Etats-Unis", a-t-elle souligné, avant de se tourner vers Ali Ammar. "Je ne mélange pas les Etats-Unis, dont je ne partage pas la condamnation globale que vous avez faite, avec l'intervention de l'administration Bush en Irak, que la France a condamnée et qu'elle continue à condamner".
"Il ne faut pas confondre cette appréciation des choses avec une condamnation globale des Etats-Unis, qui est un pays dont la France est également ami et avec lequel nous avons beaucoup de convergences. Je tenais à ce que ce soit précisé", a-t-elle conclu.
Ségolène Royal n'a en revanche pas rebondi sur un raccourci du député du Hezbollah entre l'histoire de France et celle du Liban: "Même notre expérience de la résistance est inspirée de votre expérience. Le nazisme qui a versé notre sang et qui a usurpé notre indépendance et notre souveraineté n'est pas moins mauvais que le nazisme qui a occupé la France", a-t-il déclaré.
Mais alors qu'Ali Ammar avait qualifié Israël d'"entité sioniste" -selon la traduction-, elle a fermement affiché sa "divergence de vue". "Je crois devoir réaffirmer ici que les Palestiniens ont droit à un Etat souverain et viable, mais je ne veux pas comme vous parler d"entité' à propos d'Israël, puisque l'Etat d'Israël existe, il a droit à la sécurité", a-t-elle répliqué.
La candidate est attendue dimanche matin en Israël, où elle doit rencontrer le Premier ministre Ehoud Olmert et la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni. Elle doit également rencontrer le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Gaza. AP
sch/jp

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