Affaire Al-Dura: « Inventé mais exact » : l’échappatoire d’Enderlin, Richard Landes
Affaire Al-Dura: « Inventé mais exact » : l’échappatoire d’Enderlin, Richard Landes
Une remarquable analyse du professeur américain, Richard Landes, inventeur du concept de "Pallywood" - ou mise en scène filmique d'épisodes inventés au bénéfice de la propagande palestinienne. Quoiqu'il ne soit pas le premier ni le seul à enquêter activement sur cette affaire, R. Landes a énormément contribué à la faire connaître, en disséquant, avec rigueur, les éléments de cette affaire, en les exposant de manière claire et méthodique, et surtout, en déconstruisant les mises en scène. Ses vidéos des rushes des événements de Netsarim, de grande qualité filmique et pédagogique, font référence sur le Web. Elles figurent sur son site, dont le titre - Augean Stables * : les écuries d'Augias - constitue un clin d'oeil littéraire à la nature de la tâche, aussi herculéenne qu'indispensable, d'assainissement de la qualité et de la déontologie des métiers de l'information. Je ne saurais trop recommander à ceux qui maîtrisent l'anglais de visiter ce site de fond en comble. Tout ce qu'il est indispensable de savoir sur l'affaire Al-Dura, et sur d'autres thèmes connexes afférents aux médias, y figure. (Menahem Macina).
12/10/2007
05/10/07
* Augean Stables.
Titre original : "« Fake but Accurate » — Enderlin’s escape clause"
Traduction française : Menahem Macina
Nombre de commentateurs s'exprimant sur ce site ont imaginé la réponse que pourraient faire Enderlin, France 2 et tous ceux pour qui Al-Dura est un emblème précieux, à l’assertion qu’il s’agit d’une mise en scène, à savoir : peut-être, mais c’est exact. C’est ainsi que, dans une interview, Enderlin a exprimé succinctement la raison pour laquelle il croyait Talal Abu Rahma :
« …pour moi, l’image correspondait à la réalité de la situation, non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie. »
Mais dorénavant quiconque regarde les rushes de Reuters et ceux de France 2 (qui seront visibles prochainement), peut voir que la bande de Gaza – et bien sûr le carrefour de Netzarim, qui fut sans aucun doute le point le plus chaud -, n’étaient pas le théâtre de violentes protestations, mais plutôt le lieu de tournage de nombreuses scènes d’action, inventées et mises en scène dans le calme et la bonne humeur. Tout ce qu’Enderlin aurait dû faire pour s’en convaincre était d’examiner le témoignage de son cameraman.
Mais Enderlin s’appuyait depuis si longtemps sur le travail de Talal, qu’il ne pouvait pas même voir ce qui se passait. Talal était sur les lieux, prenant image après image des actions montées de toutes pièces, ce qui, comme le savait Enderlin, se produisait sans cesse, et, durant 12 ans, il a travaillé en bénéficiant de toute la confiance de son patron à France 2. Dans une interview au Figaro, le 27 janvier 2005, Enderlin explique pourquoi il a diffusé la version des événements donnée par Talal :
« D’abord, parce que, au moment de la diffusion, le correspondant de France 2 à Gaza, Talal, qui a filmé la scène, indiquait que tel était le cas. Là, je dois répéter que, journaliste reporteur d’images, Talal travaille en toute confiance pour notre chaîne depuis 1988. Dans les jours suivants, d’autres témoignages - de journalistes et de certaines sources - sont venus me confirmer les faits. [sic] »
Mais revenons à la question du « inventé, mais exact », qu’avec moi ont évoquée tant de gens (aussi bien ceux qui sont hostiles à Israël, que ceux qui ont peur de remettre cette affaire sur le tapis) :
« Qu’est-ce que cela fait si c'est un faux ? Les Israéliens ont tué des centaines d'enfants ».
Soit dit en passant, c’est le principe de fonctionnement de Pallywood. Comme la télévision officielle de l’Autorité palestinienne l’expliquait à Esther Shapira, voici pourquoi ils ont inséré, dans une séquence, la photo d’un soldat israélien, prise à une autre date, donnant à croire qu’il tire sur Al-Dura de sang-froid :
« Ce sont des modes d’expression artistique, mais ils servent tous à transmettre la vérité… Nous n’oublions jamais les principes journalistiques majeurs auxquels nous nous sommes engagés, et qui sont de relater la vérité et rien que la vérité. »
Outre la réponse évidente, selon laquelle la tâche du journaliste ne consiste pas à nous raconter son mythe, mais à relater les choses avec exactitude, ce qui est scandaleux ici, c’est qu’Enderlin n’a pas rapporté les informations, il les a créées.
Tout d’abord, dans ce cas d’espèce, ce qu’Enderlin a fait, ce n’est pas refléter la "réalité", mais la façonner. Les émeutes et la rage que cette image a provoquées ont été immédiates – en Israël même, fait sans précédent – et durables. Comme tant de choses qui ressortissent à la logique du politiquement correct, selon laquelle l’"occupation" est l’origine du problème, cette image politiquement correcte du David palestinien face au Goliath israélien, déjà bien ancrée dans la couverture des émeutes des jours précédents en Cisjordanie, met la charrue avant les bœufs. Mais n’attendez pas d’un homme du calibre de Charles Enderlin qu’il assume la responsabilité de sa désastreuse erreur. Au contraire, il répond à la critique de Lecomte et Jeambar en ces termes :
« Lors de la réalisation de son reportage, un journaliste doit-il tenir compte de l’usage malhonnête qui pourrait en être fait ultérieurement par des groupes extrémistes ? Une telle exigence signifierait une inacceptable censure à la source. »
Eh bien, si Charles avait dit que les rapports affirmaient que le tir venait du côté israélien, mais que rien, dans le film qu’il avait examiné loyalement, ne le confirmait, il aurait matière à discussion. Mais au lieu de cela, il a fait état de la calomnie meurtrière de Talal : « le garçon et son père étaient la cible de tirs venant de la position israélienne ». Il n’avait rien pour corroborer cela, mas il a « fait confiance » à Talal ; et s’il ne pouvait pas prévoir l’usage qu’en feraient certains groupes extrémistes (dont des gens comme Talal), alors, c’est qu’il ne comprend rien à la région sur laquelle il fait des reportages depuis plusieurs décennies.
Le livre d’Enderlin sur le Processus de Paix d’Oslo, est intitulé Le Rêve brisé. Son auteur a contribué à briser ce rêve.
Richard Landes
© Augean Stables
Mis en ligne le 11 octobre 2007, par M. Macina, sur le site upjf.org
Une remarquable analyse du professeur américain, Richard Landes, inventeur du concept de "Pallywood" - ou mise en scène filmique d'épisodes inventés au bénéfice de la propagande palestinienne. Quoiqu'il ne soit pas le premier ni le seul à enquêter activement sur cette affaire, R. Landes a énormément contribué à la faire connaître, en disséquant, avec rigueur, les éléments de cette affaire, en les exposant de manière claire et méthodique, et surtout, en déconstruisant les mises en scène. Ses vidéos des rushes des événements de Netsarim, de grande qualité filmique et pédagogique, font référence sur le Web. Elles figurent sur son site, dont le titre - Augean Stables * : les écuries d'Augias - constitue un clin d'oeil littéraire à la nature de la tâche, aussi herculéenne qu'indispensable, d'assainissement de la qualité et de la déontologie des métiers de l'information. Je ne saurais trop recommander à ceux qui maîtrisent l'anglais de visiter ce site de fond en comble. Tout ce qu'il est indispensable de savoir sur l'affaire Al-Dura, et sur d'autres thèmes connexes afférents aux médias, y figure. (Menahem Macina).
12/10/2007
05/10/07
* Augean Stables.
Titre original : "« Fake but Accurate » — Enderlin’s escape clause"
Traduction française : Menahem Macina
Nombre de commentateurs s'exprimant sur ce site ont imaginé la réponse que pourraient faire Enderlin, France 2 et tous ceux pour qui Al-Dura est un emblème précieux, à l’assertion qu’il s’agit d’une mise en scène, à savoir : peut-être, mais c’est exact. C’est ainsi que, dans une interview, Enderlin a exprimé succinctement la raison pour laquelle il croyait Talal Abu Rahma :
« …pour moi, l’image correspondait à la réalité de la situation, non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie. »
Mais dorénavant quiconque regarde les rushes de Reuters et ceux de France 2 (qui seront visibles prochainement), peut voir que la bande de Gaza – et bien sûr le carrefour de Netzarim, qui fut sans aucun doute le point le plus chaud -, n’étaient pas le théâtre de violentes protestations, mais plutôt le lieu de tournage de nombreuses scènes d’action, inventées et mises en scène dans le calme et la bonne humeur. Tout ce qu’Enderlin aurait dû faire pour s’en convaincre était d’examiner le témoignage de son cameraman.
Mais Enderlin s’appuyait depuis si longtemps sur le travail de Talal, qu’il ne pouvait pas même voir ce qui se passait. Talal était sur les lieux, prenant image après image des actions montées de toutes pièces, ce qui, comme le savait Enderlin, se produisait sans cesse, et, durant 12 ans, il a travaillé en bénéficiant de toute la confiance de son patron à France 2. Dans une interview au Figaro, le 27 janvier 2005, Enderlin explique pourquoi il a diffusé la version des événements donnée par Talal :
« D’abord, parce que, au moment de la diffusion, le correspondant de France 2 à Gaza, Talal, qui a filmé la scène, indiquait que tel était le cas. Là, je dois répéter que, journaliste reporteur d’images, Talal travaille en toute confiance pour notre chaîne depuis 1988. Dans les jours suivants, d’autres témoignages - de journalistes et de certaines sources - sont venus me confirmer les faits. [sic] »
Mais revenons à la question du « inventé, mais exact », qu’avec moi ont évoquée tant de gens (aussi bien ceux qui sont hostiles à Israël, que ceux qui ont peur de remettre cette affaire sur le tapis) :
« Qu’est-ce que cela fait si c'est un faux ? Les Israéliens ont tué des centaines d'enfants ».
Soit dit en passant, c’est le principe de fonctionnement de Pallywood. Comme la télévision officielle de l’Autorité palestinienne l’expliquait à Esther Shapira, voici pourquoi ils ont inséré, dans une séquence, la photo d’un soldat israélien, prise à une autre date, donnant à croire qu’il tire sur Al-Dura de sang-froid :
« Ce sont des modes d’expression artistique, mais ils servent tous à transmettre la vérité… Nous n’oublions jamais les principes journalistiques majeurs auxquels nous nous sommes engagés, et qui sont de relater la vérité et rien que la vérité. »
Outre la réponse évidente, selon laquelle la tâche du journaliste ne consiste pas à nous raconter son mythe, mais à relater les choses avec exactitude, ce qui est scandaleux ici, c’est qu’Enderlin n’a pas rapporté les informations, il les a créées.
Tout d’abord, dans ce cas d’espèce, ce qu’Enderlin a fait, ce n’est pas refléter la "réalité", mais la façonner. Les émeutes et la rage que cette image a provoquées ont été immédiates – en Israël même, fait sans précédent – et durables. Comme tant de choses qui ressortissent à la logique du politiquement correct, selon laquelle l’"occupation" est l’origine du problème, cette image politiquement correcte du David palestinien face au Goliath israélien, déjà bien ancrée dans la couverture des émeutes des jours précédents en Cisjordanie, met la charrue avant les bœufs. Mais n’attendez pas d’un homme du calibre de Charles Enderlin qu’il assume la responsabilité de sa désastreuse erreur. Au contraire, il répond à la critique de Lecomte et Jeambar en ces termes :
« Lors de la réalisation de son reportage, un journaliste doit-il tenir compte de l’usage malhonnête qui pourrait en être fait ultérieurement par des groupes extrémistes ? Une telle exigence signifierait une inacceptable censure à la source. »
Eh bien, si Charles avait dit que les rapports affirmaient que le tir venait du côté israélien, mais que rien, dans le film qu’il avait examiné loyalement, ne le confirmait, il aurait matière à discussion. Mais au lieu de cela, il a fait état de la calomnie meurtrière de Talal : « le garçon et son père étaient la cible de tirs venant de la position israélienne ». Il n’avait rien pour corroborer cela, mas il a « fait confiance » à Talal ; et s’il ne pouvait pas prévoir l’usage qu’en feraient certains groupes extrémistes (dont des gens comme Talal), alors, c’est qu’il ne comprend rien à la région sur laquelle il fait des reportages depuis plusieurs décennies.
Le livre d’Enderlin sur le Processus de Paix d’Oslo, est intitulé Le Rêve brisé. Son auteur a contribué à briser ce rêve.
Richard Landes
© Augean Stables
Mis en ligne le 11 octobre 2007, par M. Macina, sur le site upjf.org
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