Monday, December 12, 2005

Steven Spielberg suscite déjà la polémique avec son film Munich sur la prise d'otages lors des jeux olympiques

Avec "Munich", Spielberg aborde un sujet explosif et risque la controverse
Tangi QUEMENER

LOS ANGELES
Le choix de Steven Spielberg de consacrer un film à la traque des preneurs d'otages des jeux Olympiques de 1972, épisode marquant du conflit israélo-palestinien, fait déjà couler beaucoup d'encre à deux semaines de la sortie de "Munich".Spielberg, l'un des maîtres du box-office depuis 30 ans, n'est pas un novice des films à tonalité grave; le réalisateur des "Dents de la mer", de "Jurassic Park" et de "La guerre des mondes" est aussi celui de "La liste de Schindler" sur l'Holocauste et d'"Amistad" consacré à la traite négrière.Mais avec "Munich", long métrage à gros budget (70 millions de dollars), distribué par le studio Universal et qui sort le 23 décembre aux Etats-Unis, c'est la première fois que le réalisateur raconte un épisode d'une guerre toujours en cours.

Ce film marque aussi l'une des rares incursions de Hollywood sur le sujet du conflit israélo-arabe. En 1960, Otto Preminger avait réalisé "Exodus", une fresque manichéenne sur fond de création de l'Etat hébreu 12 ans plus tôt.Mais alors que la seconde Intifada est entrée en septembre dans sa sixième année et a fait plus de 4.900 morts, "Munich" sera immanquablement regardé de très près par les deux camps.Conscient de la sensibilité du sujet, Spielberg a entouré son tournage du plus grand secret, imposant le silence à l'équipe et ne dévoilant qu'une partie du scénario à ses acteurs, selon le magazine Time, qui a obtenu le seul entretien du metteur en scène sur sa nouvelle oeuvre."Ce film est aussi une prière pour la paix (...). Au milieu de toute cette intransigeance, il faut une prière pour la paix, parce que les plus grands ennemis ne sont pas ni les Palestiniens ni les Israéliens. Le plus grand ennemi dans la région, c'est l'intransigeance", a-t-il déclaré à l'hebdomadaire."Munich" raconte comment les services secrets israéliens ont poursuivi et tué les commanditaires de la prise en otage d'athlètes israéliens, les 5 et 6 septembre 1972, par huit Palestiniens du groupe terroriste "Septembre noir".La prise d'otages s'était terminée par un carnage: 11 Israéliens, cinq Palestiniens et deux policiers allemands avaient trouvé la mort.Mais le film pose aussi la question plus large des "assassinats ciblés" d'activistes par le gouvernement israélien, une pratique qui se poursuit aujourd'hui dans les territoires palestiniens."Munich" évoque les doutes de l'un de ses personnages, Avner Kauffman, chargé d'éliminer les commanditaires de la prise d'otages, une mission "qui met à l'épreuve l'âme d'un homme, et il était très important de montrer Avner en train d'essayer de préserver son âme", a indiqué Spielberg."Je suis toujours en faveur d'une réponse forte d'Israël lorsqu'il est menacé. Mais en même temps (...), cela crée un mouvement perpétuel", a souligné le metteur en scène.Aucune réaction arabe au film n'a encore fait surface, mais un journaliste du Haaretz, quotidien de centre-gauche israélien, l'a vu et ne l'a "pas aimé", le qualifiant de "simpliste"."La plupart des Israéliens n'ont pas vraiment de doutes sur la décision du gouvernement israélien de traquer et d'assassiner les responsables du massacre de Munich (...) Les metteurs en scène de Hollywood ne sont peut-être pas les mieux placés pour traiter de sujets aussi brûlants", a-t-il écrit mercredi."Après +La liste de Schindler+, (Spielberg) est devenu le chouchou des juifs", a déclaré un responsable anonyme de la communauté juive américaine, cité par le site internet Jewish News. "Nous craignons qu'il ne cherche maintenant à équilibrer cela. Il pourrait essayer de montrer que bien qu'il soit pro-juif, il n'est pas pro-Israël".

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