LA LIGUE DE DEFENSE JUIVE RADIOGRAPHIEE PAR LE MONDE
défense juive
LE MONDE 13.04.06 16h13 • Mis à jour le 13.04.06 16h14
Lors de la manifestation du 26 février à Paris contre le racisme et l'antisémitisme, après l'assassinat du jeune Ilan Halimi, les drapeaux de la Ligue de défense juive, identiques à ceux de l'ex-parti Kach, interdit pour racisme en Israël, font leur apparition.
e Bétar existe-t-il encore ? Le mouvement de jeunesse "musclé" du Likoud de France, qui a défrayé la chronique dans les années 1990 pour ses opérations violentes contre des auteurs négationnistes, ne fait plus parler de lui. Lors de la manifestation du 26 février, en mémoire d'Ilan Halimi, le chandelier à sept branches sur fond bleu, qui le symbolise, était invisible. Aucune banderole, aucune pancarte. "Nous sommes dans une période de stand-by très provisoire, se défend David Reinachc, l'un des responsables du mouvement. Nous attendons un nouveau "chaliah"", autrement dit, un responsable israélien envoyé pour encadrer le mouvement.
Il n'empêche. Pour beaucoup d'observateurs du monde juif, une page est tournée. Dans les cortèges communautaires, les drapeaux du Bétar ont été supplantés par un poing jaune sur fond d'étoile de David. Le 26 février, on comptait une quinzaine de ces emblèmes dans la manifestation parisienne. La Ligue de défense juive (LDJ) ne se cache plus. Elle s'affiche et tient désormais le rôle du méchant, à l'extrême droite de la communauté juive organisée.
On en sait désormais un peu plus sur ce mouvement, qui n'a pas d'existence légale et cultive une forme de clandestinité. La Ligue a été créée en 2001 par Pierre Lurçat, un ancien responsable du Tagar, la branche étudiante du Bétar. Peu de temps après, le fondateur a fait son alya (émigration) en Israël, pays où il exerce maintenant la profession d'avocat. Partie d'une quinzaine de militants il y a cinq ans, la LDJ en compterait plus d'une centaine aujourd'hui, principalement en région parisienne. Une tentative d'ouvrir une antenne à Strasbourg a échoué.
Dans la capitale, la Ligue est structurée principalement autour de quelques clubs de krav maga, une sorte de close-combat. Contrairement aux arts martiaux asiatiques, qui incluent une part de spiritualité et une dimension esthétique, ce sport de combat créé par l'Israélien Imi Lichtenfeld est directement orienté vers l'efficacité. Son principe de base a été résumé en une phrase par le fondateur : "Pas de loi, aucune limitation sur le plan des techniques, pas d'interdits, tous les coups sont permis." Dans la communauté juive, la montée des actes antisémites a contribué à sa popularité. Selon Jonathan, qui enseigne le krav maga dans le cadre d'une formation proposée par l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), "quand on prononce ce mot devant des élèves juifs, une lueur passe dans leurs yeux. Sans doute parce que c'est le sport des commandos de Tsahal. L'avantage du krav maga par rapport aux autres arts martiaux, c'est que ses méthodes sont simples, logiques et efficaces".
A Paris, la LDJ entraîne ses membres dans trois clubs. L'un de ses responsables, Simon (il refuse de donner son nom de famille), âgé de 36 ans, explique comment se déroule la formation des militants : "Nos membres s'entraînent au krav maga deux fois par semaine. Chaque séance dure deux heures et est suivie par un point d'actualité ou une conférence qui dure une heure. Soit trois heures en tout. Notre priorité est de former des militants. Nous ne sommes pas un club de vacances !" La LDJ recrute ses membres en distribuant des tracts, notamment dans les lycées privés juifs de la région parisienne. Elle ne prétend pas constituer un parti de masse, mais plutôt une organisation élitiste. "Nous labourons le terrain. Notre objectif se situe à long terme", analyse Simon.
Historiquement, la Ligue se rattache à la Jewish Defense League, fondée en 1968 par le rabbin extrémiste Meir Kahana, d'abord aux Etats-Unis, puis en Israël. Son créateur a également fondé le parti Kach, qui prônait l'expulsion des populations arabes de Palestine hors du "Grand Israël". Le parti a été, officiellement, dissous par le gouvernement israélien en 1994, pour cause de racisme. Le rabbin Meir Kahana a été assassiné à New York en 1990.
En France, les responsables de la LDJ nient être affiliés idéologiquement au mouvement du rabbin Kahana. "Nous lui avons seulement emprunté l'appellation et le logo, affirme Simon. Le poing jaune, c'est pour notre identité visuelle. C'était aussi le symbole de l'insurrection du ghetto de Varsovie. Nous avons deux axes idéologiques : la lutte contre l'antisémitisme et la défense d'Israël." En ce qui concerne la politique israélienne, la LDJ se sent proche du bloc Ihoud Leoumi (Union nationale), un rassemblement de plusieurs partis d'extrême droite qui prône le "transfert" des Palestiniens, et du parti Israël Beteinou (Notre maison Israël), fondé par l'immigrant russe Avigdor Liberman. "Beaucoup de nos membres étaient auparavant au Likoud", avance Michaël Carlisle, l'un des responsables de la Ligue contacté par téléphone.
La LDJ invoque aussi les écrits du très laïque Zeev Jabotinsky, le père du courant sioniste ultranationaliste, dit "révisionniste". Cette référence ne l'empêche pas d'organiser, deux fois par an, un voyage en Israël et dans les colonies religieuses de Cisjordanie, notamment à Hébron et Kiriat Arba. Dans le champ politique français, les responsables de la LDJ nient toute sympathie pour le Front national. "Nous ne pouvons accepter les récentes déclarations de Bruno Gollnisch sur les chambres à gaz, justifie Michaël Carlisle. En revanche, Philippe de Villiers est bien parti pour capter le vote contestataire juif. Si nous devions donner une consigne de vote, ce serait en sa faveur."
A entendre ses militants, la Ligue se sent pousser des ailes. "Nous sommes les porte-drapeaux de la jeunesse juive, se vante Simon. La montée de l'antisémitisme nous a donné raison." Le mouvement tient un discours sévère sur les dirigeants communautaires. "Les notables du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) sont motivés par des ambitions personnelles, se plaint Simon. Il y a un écart énorme entre la base et le leadership communautaire." Un seul dirigeant, et non des moindres, trouve grâce à ses yeux : Roger Cukierman, président du CRIF. "C'est un homme honnête", tranche-t-il.
Michaël Carlisle affirme qu'après la mort d'Ilan Halimi, la LDJ a reçu sur son site Internet "vingt à trente demandes d'adhésion chaque jour". A l'entendre, son mouvement aurait infiltré l'UEJF, le service de protection de la communauté juive (SPCJ) et même le comité exécutif du CRIF ! "Nous y avons deux sous-marins", dit-il. "Je crois qu'ils sont plus bruyants que nombreux", tempère Ariel Goldman, porte-parole du SPCJ, qui qualifie par ailleurs d'"abracadabrantesques" les accusations d'infiltration.
Régulièrement, des militants propalestiniens sont agressés par des bandes de jeunes casqués ou cagoulés. Michaël Carlisle n'endosse aucun de ces actes violents. "L'autodéfense est une chose, la violence gratuite en est une autre, déclare-t-il. Nous calmons les jeunes et les excités !" Malgré ces dénégations, quelques actes peuvent être imputés à coup sûr à des militants liés de près ou de loin à la LDJ. Le 30 décembre 2003, des étudiants de l'Association générale des étudiants de Nanterre (AGEN), une association d'extrême gauche propalestinienne, sont agressés dans l'enceinte même du tribunal administratif de Paris. Les victimes reconnaissent un de leurs agresseurs, Anthony A. Celui-ci est condamné, le 16 décembre 2004, à dix mois de prison avec sursis. Simon, le militant parisien de la LDJ, admet que le jeune homme faisait partie de la "base" de son mouvement, même s'il nie toute implication directe de la Ligue. La LDJ s'est également fait connaître en créant un "prix Goebbels de la désinformation", décerné en 2002 à l'Agence France-Presse et au correspondant de France 2 en Israël, Charles Enderlin.
En réalité, il faudrait parler d'une "nébuleuse LDJ", pour reprendre le titre d'une enquête publiée en 2003 dans Tohu-Bohu, la revue de l'UEJF. Autour d'un noyau de militants gravitent des individus plus ou moins bien contrôlés, parfois très jeunes (jusqu'à 14-15 ans), circulant en bande et prêts à en découdre à la moindre occasion. Ce fait était particulièrement visible dans la manifestation du 26 février. Les militants défilaient en groupe serré derrière les pancartes arborant le poing jaune. Au même moment, des jeunes avec blousons de cuir et casques de moto couraient sur les trottoirs, en tête de la manifestation, et s'en prenaient à tout ce qui paraissait arabe (keffiehs, enseigne de restaurants de kebabs, etc.).
Pour certains responsables communautaires, le succès de la Ligue de défense juive est inquiétant. "C'est un mouvement raciste, qui prospère sur l'idée que la population juive n'a plus d'avenir en France", déplore Benjamin Abtan, président de l'UEJF. "Le problème, c'est le déplacement à droite de l'axe idéologique des institutions communautaires, s'alarme le politologue Jean-Yves Camus. Aujourd'hui, Roger Cukierman est présenté par certains, dans la communauté juive, comme un dangereux gauchiste !"
LE MONDE 13.04.06 16h13 • Mis à jour le 13.04.06 16h14
Lors de la manifestation du 26 février à Paris contre le racisme et l'antisémitisme, après l'assassinat du jeune Ilan Halimi, les drapeaux de la Ligue de défense juive, identiques à ceux de l'ex-parti Kach, interdit pour racisme en Israël, font leur apparition.
e Bétar existe-t-il encore ? Le mouvement de jeunesse "musclé" du Likoud de France, qui a défrayé la chronique dans les années 1990 pour ses opérations violentes contre des auteurs négationnistes, ne fait plus parler de lui. Lors de la manifestation du 26 février, en mémoire d'Ilan Halimi, le chandelier à sept branches sur fond bleu, qui le symbolise, était invisible. Aucune banderole, aucune pancarte. "Nous sommes dans une période de stand-by très provisoire, se défend David Reinachc, l'un des responsables du mouvement. Nous attendons un nouveau "chaliah"", autrement dit, un responsable israélien envoyé pour encadrer le mouvement.
Il n'empêche. Pour beaucoup d'observateurs du monde juif, une page est tournée. Dans les cortèges communautaires, les drapeaux du Bétar ont été supplantés par un poing jaune sur fond d'étoile de David. Le 26 février, on comptait une quinzaine de ces emblèmes dans la manifestation parisienne. La Ligue de défense juive (LDJ) ne se cache plus. Elle s'affiche et tient désormais le rôle du méchant, à l'extrême droite de la communauté juive organisée.
On en sait désormais un peu plus sur ce mouvement, qui n'a pas d'existence légale et cultive une forme de clandestinité. La Ligue a été créée en 2001 par Pierre Lurçat, un ancien responsable du Tagar, la branche étudiante du Bétar. Peu de temps après, le fondateur a fait son alya (émigration) en Israël, pays où il exerce maintenant la profession d'avocat. Partie d'une quinzaine de militants il y a cinq ans, la LDJ en compterait plus d'une centaine aujourd'hui, principalement en région parisienne. Une tentative d'ouvrir une antenne à Strasbourg a échoué.
Dans la capitale, la Ligue est structurée principalement autour de quelques clubs de krav maga, une sorte de close-combat. Contrairement aux arts martiaux asiatiques, qui incluent une part de spiritualité et une dimension esthétique, ce sport de combat créé par l'Israélien Imi Lichtenfeld est directement orienté vers l'efficacité. Son principe de base a été résumé en une phrase par le fondateur : "Pas de loi, aucune limitation sur le plan des techniques, pas d'interdits, tous les coups sont permis." Dans la communauté juive, la montée des actes antisémites a contribué à sa popularité. Selon Jonathan, qui enseigne le krav maga dans le cadre d'une formation proposée par l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), "quand on prononce ce mot devant des élèves juifs, une lueur passe dans leurs yeux. Sans doute parce que c'est le sport des commandos de Tsahal. L'avantage du krav maga par rapport aux autres arts martiaux, c'est que ses méthodes sont simples, logiques et efficaces".
A Paris, la LDJ entraîne ses membres dans trois clubs. L'un de ses responsables, Simon (il refuse de donner son nom de famille), âgé de 36 ans, explique comment se déroule la formation des militants : "Nos membres s'entraînent au krav maga deux fois par semaine. Chaque séance dure deux heures et est suivie par un point d'actualité ou une conférence qui dure une heure. Soit trois heures en tout. Notre priorité est de former des militants. Nous ne sommes pas un club de vacances !" La LDJ recrute ses membres en distribuant des tracts, notamment dans les lycées privés juifs de la région parisienne. Elle ne prétend pas constituer un parti de masse, mais plutôt une organisation élitiste. "Nous labourons le terrain. Notre objectif se situe à long terme", analyse Simon.
Historiquement, la Ligue se rattache à la Jewish Defense League, fondée en 1968 par le rabbin extrémiste Meir Kahana, d'abord aux Etats-Unis, puis en Israël. Son créateur a également fondé le parti Kach, qui prônait l'expulsion des populations arabes de Palestine hors du "Grand Israël". Le parti a été, officiellement, dissous par le gouvernement israélien en 1994, pour cause de racisme. Le rabbin Meir Kahana a été assassiné à New York en 1990.
En France, les responsables de la LDJ nient être affiliés idéologiquement au mouvement du rabbin Kahana. "Nous lui avons seulement emprunté l'appellation et le logo, affirme Simon. Le poing jaune, c'est pour notre identité visuelle. C'était aussi le symbole de l'insurrection du ghetto de Varsovie. Nous avons deux axes idéologiques : la lutte contre l'antisémitisme et la défense d'Israël." En ce qui concerne la politique israélienne, la LDJ se sent proche du bloc Ihoud Leoumi (Union nationale), un rassemblement de plusieurs partis d'extrême droite qui prône le "transfert" des Palestiniens, et du parti Israël Beteinou (Notre maison Israël), fondé par l'immigrant russe Avigdor Liberman. "Beaucoup de nos membres étaient auparavant au Likoud", avance Michaël Carlisle, l'un des responsables de la Ligue contacté par téléphone.
La LDJ invoque aussi les écrits du très laïque Zeev Jabotinsky, le père du courant sioniste ultranationaliste, dit "révisionniste". Cette référence ne l'empêche pas d'organiser, deux fois par an, un voyage en Israël et dans les colonies religieuses de Cisjordanie, notamment à Hébron et Kiriat Arba. Dans le champ politique français, les responsables de la LDJ nient toute sympathie pour le Front national. "Nous ne pouvons accepter les récentes déclarations de Bruno Gollnisch sur les chambres à gaz, justifie Michaël Carlisle. En revanche, Philippe de Villiers est bien parti pour capter le vote contestataire juif. Si nous devions donner une consigne de vote, ce serait en sa faveur."
A entendre ses militants, la Ligue se sent pousser des ailes. "Nous sommes les porte-drapeaux de la jeunesse juive, se vante Simon. La montée de l'antisémitisme nous a donné raison." Le mouvement tient un discours sévère sur les dirigeants communautaires. "Les notables du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) sont motivés par des ambitions personnelles, se plaint Simon. Il y a un écart énorme entre la base et le leadership communautaire." Un seul dirigeant, et non des moindres, trouve grâce à ses yeux : Roger Cukierman, président du CRIF. "C'est un homme honnête", tranche-t-il.
Michaël Carlisle affirme qu'après la mort d'Ilan Halimi, la LDJ a reçu sur son site Internet "vingt à trente demandes d'adhésion chaque jour". A l'entendre, son mouvement aurait infiltré l'UEJF, le service de protection de la communauté juive (SPCJ) et même le comité exécutif du CRIF ! "Nous y avons deux sous-marins", dit-il. "Je crois qu'ils sont plus bruyants que nombreux", tempère Ariel Goldman, porte-parole du SPCJ, qui qualifie par ailleurs d'"abracadabrantesques" les accusations d'infiltration.
Régulièrement, des militants propalestiniens sont agressés par des bandes de jeunes casqués ou cagoulés. Michaël Carlisle n'endosse aucun de ces actes violents. "L'autodéfense est une chose, la violence gratuite en est une autre, déclare-t-il. Nous calmons les jeunes et les excités !" Malgré ces dénégations, quelques actes peuvent être imputés à coup sûr à des militants liés de près ou de loin à la LDJ. Le 30 décembre 2003, des étudiants de l'Association générale des étudiants de Nanterre (AGEN), une association d'extrême gauche propalestinienne, sont agressés dans l'enceinte même du tribunal administratif de Paris. Les victimes reconnaissent un de leurs agresseurs, Anthony A. Celui-ci est condamné, le 16 décembre 2004, à dix mois de prison avec sursis. Simon, le militant parisien de la LDJ, admet que le jeune homme faisait partie de la "base" de son mouvement, même s'il nie toute implication directe de la Ligue. La LDJ s'est également fait connaître en créant un "prix Goebbels de la désinformation", décerné en 2002 à l'Agence France-Presse et au correspondant de France 2 en Israël, Charles Enderlin.
En réalité, il faudrait parler d'une "nébuleuse LDJ", pour reprendre le titre d'une enquête publiée en 2003 dans Tohu-Bohu, la revue de l'UEJF. Autour d'un noyau de militants gravitent des individus plus ou moins bien contrôlés, parfois très jeunes (jusqu'à 14-15 ans), circulant en bande et prêts à en découdre à la moindre occasion. Ce fait était particulièrement visible dans la manifestation du 26 février. Les militants défilaient en groupe serré derrière les pancartes arborant le poing jaune. Au même moment, des jeunes avec blousons de cuir et casques de moto couraient sur les trottoirs, en tête de la manifestation, et s'en prenaient à tout ce qui paraissait arabe (keffiehs, enseigne de restaurants de kebabs, etc.).
Pour certains responsables communautaires, le succès de la Ligue de défense juive est inquiétant. "C'est un mouvement raciste, qui prospère sur l'idée que la population juive n'a plus d'avenir en France", déplore Benjamin Abtan, président de l'UEJF. "Le problème, c'est le déplacement à droite de l'axe idéologique des institutions communautaires, s'alarme le politologue Jean-Yves Camus. Aujourd'hui, Roger Cukierman est présenté par certains, dans la communauté juive, comme un dangereux gauchiste !"
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