Wednesday, June 14, 2006

LA COUR DE CASSATION HONORE ALFRED DREYFUS

La Cour de cassation honore Alfred Dreyfus
Il y a cent ans, le capitaine de l'armée française était définitivement réhabilité.
par Dominique SIMONNOTQUOTIDIEN : mercredi 14 juin 2006






Il y a cent ans, le 12 juillet 1906, les chambres réunies de la Cour de cassation avaient, dans un arrêt, définitivement réhabilité le capitaine Alfred Dreyfus, lui rendant son honneur perdu le 22 décembre 1894, dans le jugement du Conseil de guerre le condamnant, à tort, à dix ans de détention et à la dégradation militaire pour «haute trahison». «Français, je suis innocent», criait Dreyfus, tandis qu'on lui arrachait ses épaulettes devant le front des troupes le 5 janvier 1895, dans la cour des Invalides. Cette innocence, il ne cessera de la clamer. Jusque dans l'île du Diable, où il fut déporté
Courage. Cent ans plus tard, le 19 juin, la même Cour de cassation organise un colloque consacré à «la justice dans l'affaire Dreyfus», dans la même salle où fut prononcé cet arrêt historique : «En dernière analyse, de l'accusation portée contre Dreyfus, rien ne reste debout... La force de l'arrêt demeure ainsi comme au premier jour. Il continue d'affirmer et de démontrer la vérité de la totale innocence du capitaine Dreyfus et de la condamnation à tort qui l'a frappé à deux reprises», avait déclaré Guy Canivet, premier président de la Cour, lors de la conférence de presse annonçant l'événement. Arrêt «essentiel», ajoute Canivet, d'abord «pour nous, aujourd'hui, héritiers directs des magistrats, des avocats, des intellectuels qui durent affronter les manoeuvres et les menaces politiques, l'ignominie de campagnes de presse odieuses, la violence des foules déchaînées par le nationalisme et l'antisémitisme». Le courage des dreyfusards, le courage de Blum, Zola, Jaurès, Lazare et de tant d'autres, la violence des attaques qui les visaient seront évoqués cette journée du 19 juin donc, où historiens, magistrats, avocats reprendront l'histoire du capitaine juif qui jamais n'a perdu confiance dans la France. Entre autres, Marcel Thomas, président de la Société internationale d'histoire de l'affaire Dreyfus, Guy Canivet, les professeurs Alain Pagès et Jean-Pierre Royer, l'avocat et académicien Jean-Denis Bredin. Et pour ceux qui ne pourraient assister au colloque est édité un ouvrage collectif «avec pour ambition de traiter de la justice dans l'affaire Dreyfus» (1).
Ce centenaire a été également célébré hier, avec l'inauguration d'une exposition au musée d'art et d'histoire du judaïsme à Paris. Pascal Clément, garde des Sceaux, dans son discours, a salué «Alfred Dreyfus, le symbole de toutes les victimes de la Justice, mais aussi de la reconnaissance par la Justice de ses erreurs. [....] Alfred Dreyfus est, en effet, une victime de l'erreur judiciaire».
«Crime judiciaire». L'erreur est là : l'affaire Dreyfus ne «fut pas une erreur judiciaire, mais un "crime judiciaire "», comme l'a déjà rectifié, Jean-Denis Bredin. Et c'est une immense différence, car devant les tribunaux où comparut Dreyfus, les «preuves» apportées contre lui étaient des faux constitués par l'armée. Et un complot politico-militaire fut découvert dont le but était d'accuser Dreyfus ­ un juif ­ de la trahison commise par un autre officier. (1) De la justice dans l'affaire Dreyfus (Fayard), 419 pages, 26 euros.

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