LES CATHOLIQUES ETAIENT DIVISES SUR L'AFFAIRE DREYFUS
PARIS, 16 juin 2006 (AFP) - Les catholiques divisés sur l'affaire Dreyfus à l'image des Français
L'affaire Dreyfus a divisé les catholiques français, comme le reste de la population, l'épiscopat restant d'une extrême prudence, alors que le vieux pape Léon XIII, de Rome, prenait la défense du capitaine juif injustement accusé.
Quand l'affaire éclate fin 1894 avec la condamnation d'Alfred Dreyfus pour espionnage au profit de l'Allemagne, la majorité des journaux catholiques, en particulier le quotidien assomptionniste La Croix, se font anti-dreyfusards.
"Les catholiques étaient partagés, comme les autres Français. Les évêques évitaient de s'engager. Beaucoup de catholiques ne voulaient pas faire cause commune avec des radicaux, dreyfusards certes, mais aussi anticléricaux et antimilitaristes", explique l'historien Jean-Marie Mayeur, auteur d'ouvrages sur ce thème.
Des catholiques d'extrême-droite comme Edouard Drumont, de la "Libre parole" ou Jules Guérin, -pour qui les Juifs étaient "déicides", comme pour d'autres catholiques alors- entraînent dans leur sillage des hommes comme Léon Daudet, un des fondateurs de l'Action française de Charles Maurras, philosophe lui-même agnostique, mais attaché au catholicisme.
L'Action française (AF), adepte d'un "antisémitisme national", condamnée en 1926 par Pie XI, exercera une grande influence sur l'élite intellectuelle catholique.
Les catholiques d'AF, soutenus par le comte Albert de Mun, figure du catholicisme social, défendront bec et ongles le colonel Hubert Henry, auteur des "faux" à l'origine de la condamnation de Dreyfus, et qui s'est suicidé.
De leur côté, les "abbés démocrates", ardents républicains, sont souvent anti-dreyfusards militants, tel Félix Trochu, co-fondateur d'Ouest-Eclair, qui a couvert le procès en révision de 1899 à Rennes, s'acharnant contre l'homme qui sera réhabilité en 1906.
Toutefois, de nombreux catholiques, dont des prêtres influents, prennent la défense de Dreyfus, au nom de la justice.
Ainsi, l'abbé Paul-Marie Viollet crée le "Comité catholique pour la défense du droit", qui épouse sur l'affaire les positions de la Ligue des droits de l'homme de son ami "laïque" Ludovic Trarieux.
Des Dominicains, mais aussi un prédicateur prestigieux, du diocèse de Poitiers, l'abbé Georges Frémont, y adhèrent. Pour Frémont, l'antisémitisme est "une honte" pour qui se veut chrétien, écrit-il le 24 septembre 1894.
Il défend Emile Zola pour le fameux "J'accuse" du 13 janvier 1898. "Cet homme a pu longtemps insulter la morale, la religion, il n'a guère soulevé que des applaudissements. Mais le voici qui se heurte aux deux grandes passions actuelles du peuple français: l'antisémitisme et le chauvinisme. On le roule dans la boue".
"Comme si l'argent des Juifs était la cause du suicide du faussaire Henry! Comme si l'argent des Juifs était la cause de l'étrange solidarité que l'armée semble vouloir établir entre la faute posible d'un officier d'état-major et l'honneur même de nos drapeaux!", s'insurge-t-il dans une lettre.
Si les catholiques français sont divisés ou hésitants, Léon XIII, 90 ans, parle clair: "La vraie accusée n'est-elle pas la République? Qu'on n'espère pas faire de cette affaire de partis une affaire de religion. Notre religion a déjà consacré la juste cause de milliers de martyrs", écrit-il dans le Figaro, le 15 mars 1899.
L'affaire Dreyfus a divisé les catholiques français, comme le reste de la population, l'épiscopat restant d'une extrême prudence, alors que le vieux pape Léon XIII, de Rome, prenait la défense du capitaine juif injustement accusé.
Quand l'affaire éclate fin 1894 avec la condamnation d'Alfred Dreyfus pour espionnage au profit de l'Allemagne, la majorité des journaux catholiques, en particulier le quotidien assomptionniste La Croix, se font anti-dreyfusards.
"Les catholiques étaient partagés, comme les autres Français. Les évêques évitaient de s'engager. Beaucoup de catholiques ne voulaient pas faire cause commune avec des radicaux, dreyfusards certes, mais aussi anticléricaux et antimilitaristes", explique l'historien Jean-Marie Mayeur, auteur d'ouvrages sur ce thème.
Des catholiques d'extrême-droite comme Edouard Drumont, de la "Libre parole" ou Jules Guérin, -pour qui les Juifs étaient "déicides", comme pour d'autres catholiques alors- entraînent dans leur sillage des hommes comme Léon Daudet, un des fondateurs de l'Action française de Charles Maurras, philosophe lui-même agnostique, mais attaché au catholicisme.
L'Action française (AF), adepte d'un "antisémitisme national", condamnée en 1926 par Pie XI, exercera une grande influence sur l'élite intellectuelle catholique.
Les catholiques d'AF, soutenus par le comte Albert de Mun, figure du catholicisme social, défendront bec et ongles le colonel Hubert Henry, auteur des "faux" à l'origine de la condamnation de Dreyfus, et qui s'est suicidé.
De leur côté, les "abbés démocrates", ardents républicains, sont souvent anti-dreyfusards militants, tel Félix Trochu, co-fondateur d'Ouest-Eclair, qui a couvert le procès en révision de 1899 à Rennes, s'acharnant contre l'homme qui sera réhabilité en 1906.
Toutefois, de nombreux catholiques, dont des prêtres influents, prennent la défense de Dreyfus, au nom de la justice.
Ainsi, l'abbé Paul-Marie Viollet crée le "Comité catholique pour la défense du droit", qui épouse sur l'affaire les positions de la Ligue des droits de l'homme de son ami "laïque" Ludovic Trarieux.
Des Dominicains, mais aussi un prédicateur prestigieux, du diocèse de Poitiers, l'abbé Georges Frémont, y adhèrent. Pour Frémont, l'antisémitisme est "une honte" pour qui se veut chrétien, écrit-il le 24 septembre 1894.
Il défend Emile Zola pour le fameux "J'accuse" du 13 janvier 1898. "Cet homme a pu longtemps insulter la morale, la religion, il n'a guère soulevé que des applaudissements. Mais le voici qui se heurte aux deux grandes passions actuelles du peuple français: l'antisémitisme et le chauvinisme. On le roule dans la boue".
"Comme si l'argent des Juifs était la cause du suicide du faussaire Henry! Comme si l'argent des Juifs était la cause de l'étrange solidarité que l'armée semble vouloir établir entre la faute posible d'un officier d'état-major et l'honneur même de nos drapeaux!", s'insurge-t-il dans une lettre.
Si les catholiques français sont divisés ou hésitants, Léon XIII, 90 ans, parle clair: "La vraie accusée n'est-elle pas la République? Qu'on n'espère pas faire de cette affaire de partis une affaire de religion. Notre religion a déjà consacré la juste cause de milliers de martyrs", écrit-il dans le Figaro, le 15 mars 1899.
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