Thursday, August 24, 2006

DANIEL BAREMBOIM, SON ORCHESTRE ET WAGNER

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Paris acclame Barenboim et son orchestre pour la paix israélo-arabePARIS, 24 août 2006 (AFP) © 2006 AFP Le West-Eastern Divan Orchestra (WEDO), la formation pour la paix israélo-arabe de Daniel Barenboim, a donné mercredi soir son premier concert à Paris, où le public a acclamé une aventure humaine et musicale à l'écho singulier en pleine crise au Proche-Orient. Le Théâtre du Châtelet jouait à guichets fermés pour cette soirée unique à laquelle ont assisté de nombreuses personnalités, dont le maire de Paris Bertrand Delanoë et l'ancien ministre de la Culture Jack Lang. Le WEDO a pris forme et vie en 1999 à l'initiative de l'universitaire palestinien naturalisé américain Edward Saïd - décédé en 2003 - et du chef d'orchestre israélien Daniel Barenboim, qui nourrissaient un projet "humanitaire" sans doctrine politique hormis celle-ci: "Il n'existe pas de solution militaire au conflit israélo-arabe". Or "si, à l'évidence, ce n'est pas la musique qui résoudra" ce conflit, les deux hommes sont persuadés qu'"elle a son rôle à jouer". D'où l'idée de constituer un orchestre avec, à parts égales, de jeunes instrumentistes d'Israël et du monde arabe, le temps d'une session de répétitions et d'une tournée chaque été. Accueilli depuis 2002 à Séville (Espagne) pour la préparation de ses concerts, le WEDO compte aujourd'hui dans ses rangs quelque 80 musiciens israéliens, arabes et andalous âgés de 13 à 26 ans. Il a franchi un cap sur le chemin de la notoriété en donnant en août 2005 un concert remarqué à Ramallah (Palestine), deux ans après avoir joué pour la première fois dans un pays arabe, au Maroc. Sa tournée 2006, entamée le 7 août à Cadix (Espagne) et riche de 12 dates, ne comporte aucune halte de ce type, et a dû se cantonner à l'Europe et à Istanbul. Le WEDO n'a pas déserté pour autant les débats liés à l'actualité du Proche-Orient, appelant le 8 août à un "cessez-le-feu immédiat" entre Israël et le Hezbollah libanais puis accueillant le 14 avec "soulagement" la nouvelle d'une cessation des hostilités. Dans ce contexte, Daniel Barenboim et son orchestre ont été logiquement accueillis à Paris tels des messagers de paix, longuement applaudis avant même d'avoir fait retentir la moindre note de musique, ce qui n'est pas commun. Mais les spectateurs ont aussi salué les vertus artistiques de la formation, qui n'a manqué ni d'enthousiasme ni de couleurs, et a fait preuve d'une indéniable maturité stylistique. Après l'ouverture de "Léonore III" de Beethoven, le violoncelliste israélien Kyril Zlotnikov et le contrebassiste allemand d'origine koweïtienne Nabil Shehata ont offert un bel exemple de dialogue dans une "Fantaisie sur des thèmes de Rossini" de Bottesini. Après une "Première symphonie" de Brahms dont il sait épouser le relief, Daniel Barenboim a offert en bis, comme le symbole de sa liberté, la suite "Prélude et Mort d'Isolde" de Wagner, une musique qui lui a jadis valu de vives protestations en Israël en raison de l'antisémitisme de son auteur. Après Paris, le WEDO se produira vendredi à Stockholm, dimanche à Berlin et lundi à Weimar (Allemagne), la ville où il a été fondé en hommage à Goethe, attaché à la Perse et aux pays arabes, et auteur du recueil de poèmes "West-östlicher Diwan". L'orchestre achèvera cette huitième tournée le 1er septembre à la Scala de Milan (Italie), à laquelle Daniel Barenboim est désormais lié, parallèlement à ses fonctions de "chef à vie" de la Staatskapelle de Berlin.

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