Monday, September 18, 2006

LA VICTOIRE EN TROMPE L'OEIL DU HEZBOLLAH

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VIE POLITIQUE -
LA CHRONIQUE DE FAVILLA
Liban : victoire en trompe-l'oeil[ 14/09/06 ]



Les critiques s'amplifient en Israël sur la manière dont ont été conduites les représailles contre le Hezbollah. Cette aptitude inimitable des démocraties à discuter ouvertement de leurs propres erreurs comporte son inconvénient. Médiatisation aidant, l'opinion dominante en vient en effet à penser que l'Etat juif a essuyé un échec du seul fait qu'il n'a pu exterminer jusqu'au dernier les miliciens chiites. L'erreur des chefs militaires était d'avoir fait imaginer que c'était possible, d'où la frustration qui en résulte. Par contrecoup, le chef Nasrallah a pu adopter une posture de vainqueur, abondamment célébrée par les officines iraniennes et syriennes, alors que l'essentiel de ses dispositifs d'attaque ont été neutralisés, ses troupes réduites à la clandestinité, les contingents de surveillance de l'ONU déployés, sa dépendance iranienne mise en lumière, sa technique du « bouclier humain » des populations civiles démasquée. A la défaite virtuelle d'Israël répond ainsi une victoire en trompe-l'oeil du Hezbollah. Ce que montrent sur place divers indices, jusqu'ici négligés par la grande presse généraliste, laquelle se repose volontiers sur des diagnostics simples.
De Beyrouth, de Tel-Aviv, de Damas ou même de Téhéran, on apprend en effet que Nasrallah aurait ouvertement regretté son initiative de tuer ou d'enlever des soldats israéliens, en présentant même ses excuses. Les mollahs de Téhéran essayent naturellement d'étouffer ce repentir incongru. A l'abri de leurs frontières et tout attachés à leur propagande, ils n'ont pas en effet les mêmes raisons que le leader chiite libanais de vouloir amorcer une sorte d'apaisement. Condamné à se cacher, il risque de perdre de son aura ; ayant sur sa tête, depuis le 12 juillet, un « contrat » des services israéliens, il risque de perdre la vie. D'où sa nouvelle tactique visant à une entremise européenne (notamment de l'Allemagne et de l'Italie) pour garantir au moins son intégrité physique. De leur côté, les Libanais, à mesure qu'ils font l'inventaire de l'étendue de leurs malheurs, réalisent qu'ils les doivent non à un seul, mais à deux responsables. Le mufti chiite de Tyr, Ali Al Amin, vient de dénoncer bruyamment la dérive violente du parti de Dieu, contradictoire avec l'essence du chiisme, et son inféodation trop évidente à l'impérialisme perse. Avec d'autres, il exige que seul le gouvernement libanais détienne le monopole de la violence, ce que ne contesterait aucun partisan de l'Etat de droit. A Damas même, les importantes communautés sunnites commencent à marquer leur impatience à l'égard d'un pouvoir complice de Téhéran dans la constitution d'un « croissant chiite » construit contre eux par des non-arabes. Si les combats ont une vertu, c'est quand ils cessent. Lorsqu'ils ont cruellement décanté les situations, ils laissent place aux dynamiques de la vie, y compris celles qu'ils n'ont pas voulues.

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