Condamnation requise de l'auteur du roman "Pogrom", poursuivi à Paris
PARIS, 12 oct 2006 (AFP) - Condamnation requise de l'auteur du roman "Pogrom", poursuivi à Paris
La représentante du parquet a requis jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris la condamnation d'Eric Bénier-Bürckel, auteur du roman "Pogrom" qui avait fait l'objet d'une polémique début 2005 par son caractère violemment outrancier, notamment pour "incitation à la discrimination raciale".
Le procès se poursuivait jeudi soir devant la 17e chambre, présidée par Anne-Marie Sauteraud, qui ne rendra son jugement que dans plusieurs semaines.
Le roman "Pogrom" publié en janvier 2005 par Flammarion raconte le cheminement d'un homme, dénommé "l'inqualifiable", professeur de philosophie à Beauvais (Oise) qui cherche à écrire un livre.
La publication de ce roman avait donné lieu à de vives réactions, notamment celles de Bernard Comment et d'Olivier Rolin, directeurs de collection du Seuil, qui avaient dénoncé son contenu qualifié de "vomissement antisémite".
Des poursuites ont été engagées par le ministère public sur les fondements d'incitation à la haine ou la discrimination raciale, injure à caractère racial et diffusion de message violent, pornographique ou attentatoire à la dignité humaine, accessible aux mineurs.
Les poursuites visent notamment un passage dans lequel l'un des personnages, Mourad, dans une scène très crue mettant aux prises une jeune femme, Rachel, avec trois chiens baptisés Pétain, Brasillach et Drumont, se livre à une longue diatribe, violemment antisémite.
Le procureur de la République a estimé que les propos du livre tombaient sous le coup de la loi sur la presse.
L'auteur s'est de son côté défendu d'avoir voulu "faire l'apologie de quoi que soit". "Du fait d'un malentendu m'assimilant au narrateur, j'ai vécu deux années assez pénibles, je déplore que ce livre ait pu être pris au premier degré", a-t-il expliqué à la barre. "Je voulais faire un livre sur le nihilisme, sur l'extermination de soi, de l'autre, du bouc-émissaire, en reprenant le vieux poncif du juif", a-t-il ajouté.
L'avocat du romancier, Me Christophe Bigot, a invité le tribunal à utiliser cette affaire comme une "occasion de rappeler ce qu'est la liberté littéraire dans ce pays".
"Il n'y a pas d'ambiguïté, c'est un roman présenté comme tel et il n'y a pas la moindre incertitude sur la portée d'un tel écrit", a-t-il plaidé.
les forums
Polémiques éditoriale et politique autour d'un livre au tribunal correctionnel de Paris
LE MONDE
'affaire qui a occupé jeudi 12 octobre la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris est partie des colonnes de ce journal. Dans une tribune publiée le 12 février 2005 sous le titre "Un livre inqualifiable", Bernard Comment et Olivier Rolin, écrivains et directeurs de collection au Seuil, s'indignaient de la publication, par Flammarion, d'un roman d'Eric Bénier-Bürckel, Pogrom. "Un vomissement sans fin (...) dans la parfaite filiation de l'antisémitisme français", écrivaient-ils. Rappelant leur hostilité de principe à l'interdiction des livres, les auteurs de la tribune en appelaient à la responsabilité des éditeurs et des auteurs.
Mais ce qui aurait pu rester dans le registre d'une polémique éditoriale à propos du troisième roman de ce jeune professeur de philosophie niçois, allait devenir le soir même une affaire politique. Invité au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), le premier ministre d'alors, Jean-Pierre Raffarin, indiquait qu'il se montrerait "particulièrement vigilant quant à certaines initiatives supposées littéraires". Il demandait aussitôt au ministre de l'intérieur, Dominique de Villepin, d'étudier les possibilités d'interdire Pogrom.
Gêné par cette requête, M. de Villepin lui répondait quelques semaines plus tard par écrit que l'interdiction "ne manquerait pas de susciter une polémique sur le retour de l'ordre moral et de la censure" et précisait qu'une telle mesure encourait le risque d'être annulée par le juge administratif. M. de Villepin en profitait pour se décharger du dossier sur son collègue de la justice, Dominique Perben, qui devait examiner les poursuites judiciaires envisageables. Et voilà comment le débat a atterri sur le bureau des juges de la 17e chambre.
Poursuivi pour "provocation à la haine raciale", "injures publiques à caractère racial" et "diffusion de messages violents ou pornographiques susceptibles d'être accessibles à des mineurs", l'auteur a renouvelé à l'audience les "regrets" qu'il avait exprimés dans Le Monde en réponse à ses détracteurs. "Je regrette que certains aient pu prendre ce roman au premier degré, je pense qu'il s'agit d'un malentendu", a-t-il expliqué, tout en revendiquant la liberté de l'écrivain et de la fiction. Quant au représentant de Flammarion, qui avait fait citer à la barre l'un de ses ex-directeurs littéraires Raphaël Sorin, éditeur de Michel Houellebecq, il n'a pas manqué de convoquer la mémoire de quelques grands anciens bannis - le marquis de Sade ou Baudelaire - et bien sûr le succès rencontré par Jonathan Littell avec ses Bienveillantes, Mémoires d'un ancien officier nazi imaginaire. En l'absence de partie civile, la position la plus inconfortable était celle de la jeune magistrate du parquet qui a peiné à donner une consistance juridique solide à l'emballement politique suscité par les propos de l'ancien premier ministre. S'en remettant à... l'appréciation du tribunal, elle a requis une peine d'amende contre l'auteur. Jugement le 16 novembre.
La représentante du parquet a requis jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris la condamnation d'Eric Bénier-Bürckel, auteur du roman "Pogrom" qui avait fait l'objet d'une polémique début 2005 par son caractère violemment outrancier, notamment pour "incitation à la discrimination raciale".
Le procès se poursuivait jeudi soir devant la 17e chambre, présidée par Anne-Marie Sauteraud, qui ne rendra son jugement que dans plusieurs semaines.
Le roman "Pogrom" publié en janvier 2005 par Flammarion raconte le cheminement d'un homme, dénommé "l'inqualifiable", professeur de philosophie à Beauvais (Oise) qui cherche à écrire un livre.
La publication de ce roman avait donné lieu à de vives réactions, notamment celles de Bernard Comment et d'Olivier Rolin, directeurs de collection du Seuil, qui avaient dénoncé son contenu qualifié de "vomissement antisémite".
Des poursuites ont été engagées par le ministère public sur les fondements d'incitation à la haine ou la discrimination raciale, injure à caractère racial et diffusion de message violent, pornographique ou attentatoire à la dignité humaine, accessible aux mineurs.
Les poursuites visent notamment un passage dans lequel l'un des personnages, Mourad, dans une scène très crue mettant aux prises une jeune femme, Rachel, avec trois chiens baptisés Pétain, Brasillach et Drumont, se livre à une longue diatribe, violemment antisémite.
Le procureur de la République a estimé que les propos du livre tombaient sous le coup de la loi sur la presse.
L'auteur s'est de son côté défendu d'avoir voulu "faire l'apologie de quoi que soit". "Du fait d'un malentendu m'assimilant au narrateur, j'ai vécu deux années assez pénibles, je déplore que ce livre ait pu être pris au premier degré", a-t-il expliqué à la barre. "Je voulais faire un livre sur le nihilisme, sur l'extermination de soi, de l'autre, du bouc-émissaire, en reprenant le vieux poncif du juif", a-t-il ajouté.
L'avocat du romancier, Me Christophe Bigot, a invité le tribunal à utiliser cette affaire comme une "occasion de rappeler ce qu'est la liberté littéraire dans ce pays".
"Il n'y a pas d'ambiguïté, c'est un roman présenté comme tel et il n'y a pas la moindre incertitude sur la portée d'un tel écrit", a-t-il plaidé.
les forums
Polémiques éditoriale et politique autour d'un livre au tribunal correctionnel de Paris
LE MONDE
'affaire qui a occupé jeudi 12 octobre la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris est partie des colonnes de ce journal. Dans une tribune publiée le 12 février 2005 sous le titre "Un livre inqualifiable", Bernard Comment et Olivier Rolin, écrivains et directeurs de collection au Seuil, s'indignaient de la publication, par Flammarion, d'un roman d'Eric Bénier-Bürckel, Pogrom. "Un vomissement sans fin (...) dans la parfaite filiation de l'antisémitisme français", écrivaient-ils. Rappelant leur hostilité de principe à l'interdiction des livres, les auteurs de la tribune en appelaient à la responsabilité des éditeurs et des auteurs.
Mais ce qui aurait pu rester dans le registre d'une polémique éditoriale à propos du troisième roman de ce jeune professeur de philosophie niçois, allait devenir le soir même une affaire politique. Invité au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), le premier ministre d'alors, Jean-Pierre Raffarin, indiquait qu'il se montrerait "particulièrement vigilant quant à certaines initiatives supposées littéraires". Il demandait aussitôt au ministre de l'intérieur, Dominique de Villepin, d'étudier les possibilités d'interdire Pogrom.
Gêné par cette requête, M. de Villepin lui répondait quelques semaines plus tard par écrit que l'interdiction "ne manquerait pas de susciter une polémique sur le retour de l'ordre moral et de la censure" et précisait qu'une telle mesure encourait le risque d'être annulée par le juge administratif. M. de Villepin en profitait pour se décharger du dossier sur son collègue de la justice, Dominique Perben, qui devait examiner les poursuites judiciaires envisageables. Et voilà comment le débat a atterri sur le bureau des juges de la 17e chambre.
Poursuivi pour "provocation à la haine raciale", "injures publiques à caractère racial" et "diffusion de messages violents ou pornographiques susceptibles d'être accessibles à des mineurs", l'auteur a renouvelé à l'audience les "regrets" qu'il avait exprimés dans Le Monde en réponse à ses détracteurs. "Je regrette que certains aient pu prendre ce roman au premier degré, je pense qu'il s'agit d'un malentendu", a-t-il expliqué, tout en revendiquant la liberté de l'écrivain et de la fiction. Quant au représentant de Flammarion, qui avait fait citer à la barre l'un de ses ex-directeurs littéraires Raphaël Sorin, éditeur de Michel Houellebecq, il n'a pas manqué de convoquer la mémoire de quelques grands anciens bannis - le marquis de Sade ou Baudelaire - et bien sûr le succès rencontré par Jonathan Littell avec ses Bienveillantes, Mémoires d'un ancien officier nazi imaginaire. En l'absence de partie civile, la position la plus inconfortable était celle de la jeune magistrate du parquet qui a peiné à donner une consistance juridique solide à l'emballement politique suscité par les propos de l'ancien premier ministre. S'en remettant à... l'appréciation du tribunal, elle a requis une peine d'amende contre l'auteur. Jugement le 16 novembre.
0 Comments:
Post a Comment
<< Home