L'EUROPE BRUNE SERRE LES RANGS
Plus libéral et nationaliste, le Parlement européen voit l'extrême droite se renforcer
LE MONDE 12.01.07 14h41 • Mis à jour le 12.01.07 14h41 BRUXELLES BUREAU EUROPÉEN
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lus libéral et plus nationaliste : ainsi apparaît le Parlement européen après le nouvel élargissement à la Roumanie et à la Bulgarie. Leurs 53 eurodéputés se sont répartis dans les trois principaux groupes, privilégiant les libéraux, et ont rendu possible la création d'un groupe d'extrême droite que présidera le Français Bruno Gollnisch (Front national).
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L' élection de Joseph Daul, mis en examen, est critiquée
Dans la presse britannique du 12 janvier, l'eurodéputé souverainiste anglais Nigel Farage (UKIP) proteste contre le fait que le Français Joseph Daul ait été élu président du groupe du Parti populaire européen (PPE), alors qu'il doit être jugé pour une affaire de "complicité et recel d'abus de biens sociaux" dans laquelle il a été mis en examen, en 2004, en sa qualité d'ancien président de la Fédération nationale bovine. Une taxe parafiscale prélevée sur les producteurs céréaliers pour financer des actions de soutien aux agriculteurs était détournée de son objectif, via, notamment la Fédération bovine, pour rémunérer le syndicat FNSEA. "Pendant vingt ans, tous les gouvernements se sont accommodés de ce financement irrégulier", indique Alain Lamassoure. - (Corresp.)
[-] fermerC'est surtout l'Alliance des libéraux et démocrates, présidée par l'Anglais Graham Watson, qui profite du nouvel élargissement à l'Est. Ce groupe comptera 106 eurodéputés, soit 17 % de plus. Il peut se féliciter d'avoir, au sein de la Commission de José Manuel Barroso, deux alliés supplémentaires, avec la Bulgare Meglena Kuneva et le Roumain Leonard Orban. Les commissaires libéraux, au nombre de neuf, seront plus nombreux que les sociaux-démocrates (6), et tout juste moins nombreux que ceux du Parti populaire européen (10). Inquiet, le président du groupe socialiste au Parlement, le social-démocrate allemand Martin Schulz, a demandé à M. Barroso qu'il maintienne la Commission "au centre du spectre politique".
Le groupe parlementaire du Parti populaire européen (PPE) reste le premier du Parlement, avec 277 membres (+ 5 %). Mais l'élection serrée du Français Joseph Daul (UMP) à sa présidence, le 9 janvier, témoigne que l'élargissement a renforcé là aussi l'aile la plus libérale et la moins intégrationniste du groupe, incarnée par les conservateurs britanniques et les Suédois.
Le groupe socialiste reste le deuxième de l'Assemblée, avec 218 élus (+ 9 %). Mais la gauche dans son ensemble voit son influence réduite. Les Verts, qui n'ont en tout et pour tout qu'un seul eurodéputé à l'Est, une Lettone, et le groupe des communistes ou apparentés (GUE) gardent le même nombre de sièges : respectivement 42 et 40.
"XÉNOPHOBIE"
L'arrivée de six élus roumains (Romania Mare) et bulgares (Ataka) permet à l'extrême droite, qui siégeait chez les non-inscrits, d'avoir son groupe, Identité, tradition, souveraineté (ITS), ce qui lui donnera des moyens administratifs et financiers. En 2006, un des députés d'Ataka, qui siégeait déjà comme observateur, avait protesté contre une récompense attribuée à une députée rom hongroise, Livia Jaroka (PPE) : "Dans mon pays, il y a des dizaines de milliers de filles tziganes plus belles que cette honorable-là, les meilleures d'entre elles sont chères", avait-il écrit.
Le groupe comptera 20 députés, dont 7 élus du Front national. Sa création a suscité des inquiétudes en Israël. "La formation d'un groupe parlementaire, dont le dénominateur commun est la xénophobie et l'antisémitisme et dont le futur président attend d'être jugé en France pour ses remarques scandaleuses mettant en question l'existence des chambres à gaz nazies, est troublante", déclare un communiqué publié, jeudi 11 janvier, par le gouvernement israélien.
A côté de l'extrême droite, le pôle souverainiste se renforce lui aussi. Le groupe de l'Union pour l'Europe des nations (UEN), qui compte désormais 44 députés, passe devant celui des Verts. Vingt de ses membres sont des Polonais appartenant aux trois formations alliées au pouvoir à Varsovie. L'autre groupe souverainiste, Indépendance et démocratie, comprend 23 élus, dont trois eurodéputés villiéristes français.
Rafaële Rivais
Article paru dans l'édition du 13.01.07. Elections 2007 : Le Monde chez vous pour
de l'élargissement, l'extrême droite aura son propre groupe à Strasbourg.
L'Europe brune serre les rangs au Parlement
Bruno Gollnisch, présidera le nouveau groupe, baptisé «Identité, tradition, souveraineté». (REUTERS)
Par Jean QUATREMER
QUOTIDIEN : jeudi 11 janvier 2007
Bruxelles (UE) de notre correspondant
15 réactions
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Le Front national a tout lieu de se réjouir d'un élargissement qu'il a pourtant critiqué. Grâce à l'adhésion, le 1er janvier, de la Bulgarie et de la Roumanie, deux pays qui emmènent dans leurs bagages des députés d'extrême droite, il peut, enfin, fonder un groupe politique au sein du Parlement européen alors que, depuis 1994, il était contraint de siéger sur les bancs des «non-inscrits».
Sur le même sujet
Nationalistes, xénophobes et populistes
«Sept nationalités». Bruno Gollnisch, qui présidera le nouveau groupe, baptisé «Identité, tradition, souveraineté» (ITS), doté d'une nouvelle coupe de cheveux assez étonnante, ne dissimulait pas sa joie, hier, d'être enfin parvenu à ses fins après douze ans de purgatoire sur les bancs des non-inscrits : «Nous avons subi beaucoup de pressions pour que ce groupe ne se fasse pas. Nous sommes vingt pour le moment, représentant sept nationalités.»
Pour former un groupe politique, le règlement intérieur du Parlement impose au minimum 20 députés (sur un total de 784 eurodéputés) provenant d'au moins cinq Etats membres de l'Union. Autant dire que le nouveau groupe franchit tout juste la barre requise. Les sept députés du FN (dont Jean-Marie et Marine Le Pen) seront épaulés par les cinq élus du parti de la Grande Roumanie, les trois membres du Vlaams Belang belge, de deux Italiens dont Alessandra Mussolini, la petite-fille du Duce, de l'Autrichien du FP, d'un Britannique, Ashley More, et d'un Bulgare. Réunir des partis dont la principale caractéristique est d'être nationaliste n'a jamais été chose aisée. Jean-Marie Le Pen n'y est arrivé qu'entre 1989 et 1994, avec le «groupe des droites européennes», devenu simplement «technique» entre 1994 et 1999. Depuis, toutes les tentatives de regroupement de l'extrême droite ont échoué.÷, d'un Britannique, Ashley More, et d'un Bulgare. Réunir des partis dont la principale caractéristique est d'être nationaliste n'a jamais été chose aisée. Jean-Marie Le Pen n'y est arrivé qu'entre 1984 et 1989, avec le «groupe des droites européennes», devenu simplement «technique» entre 1994 et 1999. Depuis, toutes les tentatives de regroupement de l'extrême droite ont échoué.
Vague eurosceptique. ITS sera le plus petit groupe de l'Assemblée, juste derrière un autre groupe souverainiste, «Indépendance et démocratie» (23 membres). Le Parlement compte désormais quatre groupes politiques souverainistes : outre les deux déjà cités, «l'Union pour l'Europe des nations», fort de 44 membres, et le groupe de la «gauche unitaire et de la gauche verte nordique» (40 membres). Celà étant, Gollnisch ne désespère pas de voir sa petite famille s'agrandir : les élections bulgares et roumaines pour le Parlement européen, prévues au printemps, pourraient se traduire par une forte poussée de l'extrême droite. De même, la Ligue des familles polonaises (LPR) et ses dix députés qui, pour l'instant, siègent sur les bancs d'Indépendance et démocratie, pourrait être tentée de rejoindre un groupe qui revendique clairement ses valeurs chrétiennes et familiales.
L'extrême droite a le sentiment d'avoir le vent en poupe : la vague eurosceptique et nationaliste qui traverse les anciens Etats membres n'épargne pas, bien au contraire, les anciennes démocraties populaires. D'ailleurs, alors que l'élargissement n'a apporté aucun nouvel élu aux Verts, les partis extrémistes, racistes et antisémites ont débarqué en force à Strasbourg. «Une situation transitoire», espère Monica Frassoni, la coprésidente (italienne) du groupe vert : «La situation politique y est moins figée que dans nos pays.»
LE MONDE 12.01.07 14h41 • Mis à jour le 12.01.07 14h41 BRUXELLES BUREAU EUROPÉEN
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L' élection de Joseph Daul, mis en examen, est critiquée
Dans la presse britannique du 12 janvier, l'eurodéputé souverainiste anglais Nigel Farage (UKIP) proteste contre le fait que le Français Joseph Daul ait été élu président du groupe du Parti populaire européen (PPE), alors qu'il doit être jugé pour une affaire de "complicité et recel d'abus de biens sociaux" dans laquelle il a été mis en examen, en 2004, en sa qualité d'ancien président de la Fédération nationale bovine. Une taxe parafiscale prélevée sur les producteurs céréaliers pour financer des actions de soutien aux agriculteurs était détournée de son objectif, via, notamment la Fédération bovine, pour rémunérer le syndicat FNSEA. "Pendant vingt ans, tous les gouvernements se sont accommodés de ce financement irrégulier", indique Alain Lamassoure. - (Corresp.)
[-] fermerC'est surtout l'Alliance des libéraux et démocrates, présidée par l'Anglais Graham Watson, qui profite du nouvel élargissement à l'Est. Ce groupe comptera 106 eurodéputés, soit 17 % de plus. Il peut se féliciter d'avoir, au sein de la Commission de José Manuel Barroso, deux alliés supplémentaires, avec la Bulgare Meglena Kuneva et le Roumain Leonard Orban. Les commissaires libéraux, au nombre de neuf, seront plus nombreux que les sociaux-démocrates (6), et tout juste moins nombreux que ceux du Parti populaire européen (10). Inquiet, le président du groupe socialiste au Parlement, le social-démocrate allemand Martin Schulz, a demandé à M. Barroso qu'il maintienne la Commission "au centre du spectre politique".
Le groupe parlementaire du Parti populaire européen (PPE) reste le premier du Parlement, avec 277 membres (+ 5 %). Mais l'élection serrée du Français Joseph Daul (UMP) à sa présidence, le 9 janvier, témoigne que l'élargissement a renforcé là aussi l'aile la plus libérale et la moins intégrationniste du groupe, incarnée par les conservateurs britanniques et les Suédois.
Le groupe socialiste reste le deuxième de l'Assemblée, avec 218 élus (+ 9 %). Mais la gauche dans son ensemble voit son influence réduite. Les Verts, qui n'ont en tout et pour tout qu'un seul eurodéputé à l'Est, une Lettone, et le groupe des communistes ou apparentés (GUE) gardent le même nombre de sièges : respectivement 42 et 40.
"XÉNOPHOBIE"
L'arrivée de six élus roumains (Romania Mare) et bulgares (Ataka) permet à l'extrême droite, qui siégeait chez les non-inscrits, d'avoir son groupe, Identité, tradition, souveraineté (ITS), ce qui lui donnera des moyens administratifs et financiers. En 2006, un des députés d'Ataka, qui siégeait déjà comme observateur, avait protesté contre une récompense attribuée à une députée rom hongroise, Livia Jaroka (PPE) : "Dans mon pays, il y a des dizaines de milliers de filles tziganes plus belles que cette honorable-là, les meilleures d'entre elles sont chères", avait-il écrit.
Le groupe comptera 20 députés, dont 7 élus du Front national. Sa création a suscité des inquiétudes en Israël. "La formation d'un groupe parlementaire, dont le dénominateur commun est la xénophobie et l'antisémitisme et dont le futur président attend d'être jugé en France pour ses remarques scandaleuses mettant en question l'existence des chambres à gaz nazies, est troublante", déclare un communiqué publié, jeudi 11 janvier, par le gouvernement israélien.
A côté de l'extrême droite, le pôle souverainiste se renforce lui aussi. Le groupe de l'Union pour l'Europe des nations (UEN), qui compte désormais 44 députés, passe devant celui des Verts. Vingt de ses membres sont des Polonais appartenant aux trois formations alliées au pouvoir à Varsovie. L'autre groupe souverainiste, Indépendance et démocratie, comprend 23 élus, dont trois eurodéputés villiéristes français.
Rafaële Rivais
Article paru dans l'édition du 13.01.07. Elections 2007 : Le Monde chez vous pour
de l'élargissement, l'extrême droite aura son propre groupe à Strasbourg.
L'Europe brune serre les rangs au Parlement
Bruno Gollnisch, présidera le nouveau groupe, baptisé «Identité, tradition, souveraineté». (REUTERS)
Par Jean QUATREMER
QUOTIDIEN : jeudi 11 janvier 2007
Bruxelles (UE) de notre correspondant
15 réactions
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Le Front national a tout lieu de se réjouir d'un élargissement qu'il a pourtant critiqué. Grâce à l'adhésion, le 1er janvier, de la Bulgarie et de la Roumanie, deux pays qui emmènent dans leurs bagages des députés d'extrême droite, il peut, enfin, fonder un groupe politique au sein du Parlement européen alors que, depuis 1994, il était contraint de siéger sur les bancs des «non-inscrits».
Sur le même sujet
Nationalistes, xénophobes et populistes
«Sept nationalités». Bruno Gollnisch, qui présidera le nouveau groupe, baptisé «Identité, tradition, souveraineté» (ITS), doté d'une nouvelle coupe de cheveux assez étonnante, ne dissimulait pas sa joie, hier, d'être enfin parvenu à ses fins après douze ans de purgatoire sur les bancs des non-inscrits : «Nous avons subi beaucoup de pressions pour que ce groupe ne se fasse pas. Nous sommes vingt pour le moment, représentant sept nationalités.»
Pour former un groupe politique, le règlement intérieur du Parlement impose au minimum 20 députés (sur un total de 784 eurodéputés) provenant d'au moins cinq Etats membres de l'Union. Autant dire que le nouveau groupe franchit tout juste la barre requise. Les sept députés du FN (dont Jean-Marie et Marine Le Pen) seront épaulés par les cinq élus du parti de la Grande Roumanie, les trois membres du Vlaams Belang belge, de deux Italiens dont Alessandra Mussolini, la petite-fille du Duce, de l'Autrichien du FP, d'un Britannique, Ashley More, et d'un Bulgare. Réunir des partis dont la principale caractéristique est d'être nationaliste n'a jamais été chose aisée. Jean-Marie Le Pen n'y est arrivé qu'entre 1989 et 1994, avec le «groupe des droites européennes», devenu simplement «technique» entre 1994 et 1999. Depuis, toutes les tentatives de regroupement de l'extrême droite ont échoué.÷, d'un Britannique, Ashley More, et d'un Bulgare. Réunir des partis dont la principale caractéristique est d'être nationaliste n'a jamais été chose aisée. Jean-Marie Le Pen n'y est arrivé qu'entre 1984 et 1989, avec le «groupe des droites européennes», devenu simplement «technique» entre 1994 et 1999. Depuis, toutes les tentatives de regroupement de l'extrême droite ont échoué.
Vague eurosceptique. ITS sera le plus petit groupe de l'Assemblée, juste derrière un autre groupe souverainiste, «Indépendance et démocratie» (23 membres). Le Parlement compte désormais quatre groupes politiques souverainistes : outre les deux déjà cités, «l'Union pour l'Europe des nations», fort de 44 membres, et le groupe de la «gauche unitaire et de la gauche verte nordique» (40 membres). Celà étant, Gollnisch ne désespère pas de voir sa petite famille s'agrandir : les élections bulgares et roumaines pour le Parlement européen, prévues au printemps, pourraient se traduire par une forte poussée de l'extrême droite. De même, la Ligue des familles polonaises (LPR) et ses dix députés qui, pour l'instant, siègent sur les bancs d'Indépendance et démocratie, pourrait être tentée de rejoindre un groupe qui revendique clairement ses valeurs chrétiennes et familiales.
L'extrême droite a le sentiment d'avoir le vent en poupe : la vague eurosceptique et nationaliste qui traverse les anciens Etats membres n'épargne pas, bien au contraire, les anciennes démocraties populaires. D'ailleurs, alors que l'élargissement n'a apporté aucun nouvel élu aux Verts, les partis extrémistes, racistes et antisémites ont débarqué en force à Strasbourg. «Une situation transitoire», espère Monica Frassoni, la coprésidente (italienne) du groupe vert : «La situation politique y est moins figée que dans nos pays.»
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