Tuesday, February 27, 2007

Polémique dans les milieux juifs autour de la création d'un tribunal national religieux

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Canal Saint-Martin : les riverains n'en peuvent plus L'Europe de l'Est frappe à la porte de la France Retour | Rubrique FranceRELIGION Créé fin 2006 par le grand rabbin Joseph Sitruk, le Beth Din de France se veut un tribunal d'appel pour la communauté juive.


À PEINE créé, le tribunal rabbinique national commence à susciter la polémique dans les milieux juifs, où l'on s'interroge sur l'utilité de cette structure et la personnalité de son président, un Israélien non francophone.


Fin 2006, le consistoire central, placé sous la responsabilité spirituelle du grand rabbin Joseph Sitruk, avait annoncé la création de ce Beth Din national, censé chapeauter les tribunaux régionaux existants comme ceux de Paris, Strasbourg ou Marseille. Ces derniers traitent essentiellement des questions relatives aux mariages, aux divorces ou aux conversions. Pour le rabbin Sitruk, la nouvelle instance doit devenir « un Beth Din d'appel pour les affaires compliquées ».


Son directeur de cabinet, André Cohen, explique que « ce tribunal national va permettre de désengorger la justice civile. Il a déjà traité une quinzaine d'affaires, surtout des différents financiers ou religieux ».


Un président qui ne parle qu'hébreu


Dès l'annonce de sa création, des craintes s'étaient élevées sur le fait que le président de ce tribunal, car c'est aussi sa compétence, allait apposer son sceau sur un nouveau circuit national de casherout (alimentation casher) venant concurrencer celui du Consistoire de Paris.


Outre cette question, essentiellement financière en raison des taxes prélevées sur les bêtes abattues selon les règles, les inquiétudes portent aujourd'hui sur la nature même de cette structure juridique religieuse et sur le choix du président de ce nouveau tribunal : le rabbin Mordehaï Gross. Décrit par Joseph Sitruk comme « une sommité israélienne », ce rabbin ne parle que l'hébreu.


Sans manifester a priori d'hostilité à ce nouveau tribunal religieux, Sammy Gozlan, président de l'Union des conseils des communautés juives d'Île-de-France et membre du Consistoire de Paris, s'interroge cependant sur « la capacité du rabbin Gross à s'adapter à la culture de la communauté en France ». « N'y avait-il pas de compétence francophone et formée en France ? », se demande-t-il, en faisant simplement remarquer que « la référence, désormais, n'est plus celle du tribunal rabbinique de Paris ».


Président d'honneur du Consistoire de Paris et opposé de longue date à la mise en place d'une casherout nationale, Moïse Cohen souligne en outre « qu'un Beth Din national est en opposition fondamentale avec notre tradition d'indépendance régionale ». « Ce débordement, estime-t-il, traduit la volonté hégémonique du rabbin Sitruk. »


Plus directement, Régine Azria, sociologue au Centre d'études interdisciplinaires des faits religieux, note que « ce tribunal manifeste une volonté de reprise en main religieuse du monde juif français, en rupture avec le modèle historique du franco-judaïsme ». Selon elle, « il s'agit de renforcer la dimension communautaire qui dépasse la stricte limite du culte ». Chef du bureau des cultes au ministère de l'Intérieur, Didier Leschi rappelle en guise d'avertissement que, « en aucun cas, le droit religieux ne peut primer sur le droit civil. C'est la règle républicaine ».



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