Saturday, May 05, 2007

La minorité juive du Yémen sous la menace de rebelles chiites

- La minorité juive du Yémen sous la menace de rebelles chiites

Quelques familles juives parmi les rares à avoir choisi de continuer à vivre au Yémen, pays à large majorité musulmane, ont récemment fui leur domicile devant les menaces que des rebelles chiites font planer contre eux.

Des membres de la rébellion des Houti, appartenant à la minorité chiite des zaïdites, ont sommé les juifs de la province de Saada (nord-ouest) de partir dans un délai de 10 jours. Neuf familles d'un même village, Al-Salem, comptant au total 45 membres, ont rapidement obtempéré par crainte de représailles
.

Un chef rebelle, Abdel Malak Al-Houti, a confirmé en février que des menaces avaient été proférées pour les obliger à s'en aller.

"Ces juifs ont un problème avec les autres habitants de la région, qui se sont plaints d'eux", a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision Al-Jazira.

"Les gens ont demandé que ces juifs partent car ils ont causé du tort (...) par leur ingérence dans les affaires régionales et leur corruption morale", a-t-il ajouté.

Soucieuses de calmer les inquiétudes internationales concernant les menaces contre les juifs du pays, les autorités ont relogé ces familles avant de les transférer à Sanaa pour fuir les combats qui font rage entre rebelles et forces gouvernementales.

Dans la capitale, le gouvernement yéménite les a placées dans l'un des rares hôtels luxueux de la ville et les a aidés à fêter la Pâque juive, couverte pour la première fois par les médias d'Etat.

"Le gouvernement nous a offert des sacs de fête, comprenant entre autres de la viande de mouton et des vêtements", a témoigné un membre de ces familles auprès de l'agence officielle Saba.

Au moment de la création d'Israël en 1948, la communauté juive du Yémen comptait 60.000 personnes, dont 48.000 ont émigré dans l'Etat hébreu durant les trois ans ayant suivi sa création.

Les juifs ont ensuite vu leur nombre baisser pour atteindre un millier au début des années 1990.
Ils ont été alors interdits de voyager mais nombre d'entre eux sont à leur tour partis dès la levée de cette mesure, en 1993.

Aujourd'hui, encore les jeunes optent pour l'émigration aux frais d'organisations juives internationales qui payent leurs études à l'étranger, notamment aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.

Et très rares sont ceux qui disent ne pas vouloir partir, comme Saïd Al-Naati, 43 ans, qui vit à Kharef, près de Raydah, une ville située à quelque 70 km au nord de Sanaa.

"Nous avons refusé de quitter le Yémen parce que nous sentons que la situation ici est meilleure (qu'ailleurs). En tant que Yéménites, nous avons nos habitudes et traditions", dit-il à l'AFP.

"Nous estimons que nous sommes égaux avec les citoyens musulmans en droits comme en devoirs", ajoute-t-il.

Les juifs du Yémen disposent actuellement de deux synagogues et de deux écoles privées à Raydah et Kharef, fondées par des associations juives américaines et assurant des cours religieux et d'enseignement de l'hébreu, de l'arabe et de l'anglais.

En 1930, les juifs comptaient quelque 39 synagogues rien qu'à Sanaa, et les musulmans 48 mosquées, selon des historiens locaux.

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