Le Kremlin manifeste son hostilité à Nicolas Sarkozy
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LE MONDE | 09.05.07 | 13h50
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e président russe, Vladimir Poutine, a attendu 48 heures avant de féliciter Nicolas Sarkozy pour sa victoire électorale. Le délai n'était pas fortuit, et le message en filigrane - celui d'une hostilité sourde du Kremlin envers le successeur de Jacques Chirac - n'est pas passé inaperçu.
Le départ de l'Elysée de Jacques Chirac est vécu par le régime russe comme la perte d'un fidèle allié sur la scène internationale et en Europe. Une absence qui viendra s'ajouter à celle d'autres "amis" affichés de M. Poutine, comme l'ex-chancelier allemand Gerhard Schroeder et l'ex-chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi. M. Sarkozy a suscité des irritations à Moscou en raison de son amitié proclamée pour les Etats-Unis et des propos qu'il a tenus pendant la campagne électorale sur le tournant autoritaire en Russie et les crimes en Tchétchénie.
"CLAIREMENT INQUIETS"
C'est ce dernier point qui a le plus préoccupé l'ambassadeur russe à Paris, Alexandre Avdeev. Dans les mois précédant l'élection française, il a multiplié les démarches auprès de l'équipe de M. Sarkozy - notamment François Fillon - pour défendre la politique menée depuis 1999 dans le Caucase du Nord. Neutraliser les critiques sur la Tchétchénie était "son principal souci", raconte un de ses interlocuteurs. "Les Russes sont clairement inquiets d'un refroidissement des relations (avec Paris), mais cela n'empêchera pas Sarkozy de tenir un langage ferme sur les droits de l'homme, sans oublier les intérêts économiques, comme le fait (la chancelière allemande) Angela Merkel."
Dans son message de félicitations, mardi 8 mai, M. Poutine a émis le souhait que les relations bilatérales qui, avec M. Chirac, "ont atteint un niveau très élevé de confiance" soient "à l'avenir consolidées". L'une des "priorités", a-t-il ajouté, sera le "maintien d'une coopération étroite entre la Russie et la France au sein du Conseil de sécurité de l'ONU".
M. Chirac s'était appuyé sur le soutien de Moscou lors de sa campagne à l'ONU contre la guerre américaine en Irak. Il a aussi travaillé avec la diplomatie russe sur le dossier du nucléaire iranien et cherché le soutien du Kremlin sur des questions comme la résolution de l'ONU sur le Sahara occidental ou la création d'un tribunal à composante internationale au Liban.
M. Chirac a aussi endossé ces dernières années, au sein de l'Union européenne (UE), notamment face aux nouveaux pays membres, le rôle de défenseur de M. Poutine. Ce fut le cas en octobre 2006 lors du sommet européen de Lahti (Finlande), quand le président russe avait été pris à partie lors d'un dîner agité. M. Poutine a fait allusion à cette connivence dans son message adressé à M. Sarkozy : "Le rôle de la France comme "locomotive" dans le développement du partenariat stratégique entre la Russie et l'UE doit être préservé."
L'acrimonie des milieux officiels russes envers M. Sarkozy était illustrée, mardi, par un article d'Izvestia, journal dont la direction et la ligne éditoriale sont contrôlées par le Kremlin. Le président élu y est décrit comme étant sous l'influence du philosophe André Glucksmann, qui "déteste pathologiquement la Russie", ou encore du député Pierre Lellouche, dont "la nomination au poste de ministre des affaires étrangères serait un scénario catastrophique pour Moscou".
L'article évoque aussi des "liens amicaux" qui existeraient entre M. Sarkozy et le président géorgien, Mikhaïl Saakachvili, considéré par le Kremlin comme le cheval de Troie de Washington dans l'ex-Union soviétique. Izvestia mentionne enfin les racines hongroises du président élu, "qui aurait pu s'appeler Miklos Sárközy", et son grand-père maternel, "un juif de Salonique".
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e président russe, Vladimir Poutine, a attendu 48 heures avant de féliciter Nicolas Sarkozy pour sa victoire électorale. Le délai n'était pas fortuit, et le message en filigrane - celui d'une hostilité sourde du Kremlin envers le successeur de Jacques Chirac - n'est pas passé inaperçu.
Le départ de l'Elysée de Jacques Chirac est vécu par le régime russe comme la perte d'un fidèle allié sur la scène internationale et en Europe. Une absence qui viendra s'ajouter à celle d'autres "amis" affichés de M. Poutine, comme l'ex-chancelier allemand Gerhard Schroeder et l'ex-chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi. M. Sarkozy a suscité des irritations à Moscou en raison de son amitié proclamée pour les Etats-Unis et des propos qu'il a tenus pendant la campagne électorale sur le tournant autoritaire en Russie et les crimes en Tchétchénie.
"CLAIREMENT INQUIETS"
C'est ce dernier point qui a le plus préoccupé l'ambassadeur russe à Paris, Alexandre Avdeev. Dans les mois précédant l'élection française, il a multiplié les démarches auprès de l'équipe de M. Sarkozy - notamment François Fillon - pour défendre la politique menée depuis 1999 dans le Caucase du Nord. Neutraliser les critiques sur la Tchétchénie était "son principal souci", raconte un de ses interlocuteurs. "Les Russes sont clairement inquiets d'un refroidissement des relations (avec Paris), mais cela n'empêchera pas Sarkozy de tenir un langage ferme sur les droits de l'homme, sans oublier les intérêts économiques, comme le fait (la chancelière allemande) Angela Merkel."
Dans son message de félicitations, mardi 8 mai, M. Poutine a émis le souhait que les relations bilatérales qui, avec M. Chirac, "ont atteint un niveau très élevé de confiance" soient "à l'avenir consolidées". L'une des "priorités", a-t-il ajouté, sera le "maintien d'une coopération étroite entre la Russie et la France au sein du Conseil de sécurité de l'ONU".
M. Chirac s'était appuyé sur le soutien de Moscou lors de sa campagne à l'ONU contre la guerre américaine en Irak. Il a aussi travaillé avec la diplomatie russe sur le dossier du nucléaire iranien et cherché le soutien du Kremlin sur des questions comme la résolution de l'ONU sur le Sahara occidental ou la création d'un tribunal à composante internationale au Liban.
M. Chirac a aussi endossé ces dernières années, au sein de l'Union européenne (UE), notamment face aux nouveaux pays membres, le rôle de défenseur de M. Poutine. Ce fut le cas en octobre 2006 lors du sommet européen de Lahti (Finlande), quand le président russe avait été pris à partie lors d'un dîner agité. M. Poutine a fait allusion à cette connivence dans son message adressé à M. Sarkozy : "Le rôle de la France comme "locomotive" dans le développement du partenariat stratégique entre la Russie et l'UE doit être préservé."
L'acrimonie des milieux officiels russes envers M. Sarkozy était illustrée, mardi, par un article d'Izvestia, journal dont la direction et la ligne éditoriale sont contrôlées par le Kremlin. Le président élu y est décrit comme étant sous l'influence du philosophe André Glucksmann, qui "déteste pathologiquement la Russie", ou encore du député Pierre Lellouche, dont "la nomination au poste de ministre des affaires étrangères serait un scénario catastrophique pour Moscou".
L'article évoque aussi des "liens amicaux" qui existeraient entre M. Sarkozy et le président géorgien, Mikhaïl Saakachvili, considéré par le Kremlin comme le cheval de Troie de Washington dans l'ex-Union soviétique. Izvestia mentionne enfin les racines hongroises du président élu, "qui aurait pu s'appeler Miklos Sárközy", et son grand-père maternel, "un juif de Salonique".
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