Sunday, May 27, 2007

le Modem ratisse trop large...Jusqu'à Djamel Bourras

Jean-Paul de Belmont - Quand le Modem dîne avec le diable
27-05-2007
De bien curieuses alliances politiques ont vu le jour ces derniers mois au sein du paysage politique français.

Ainsi en était-il du rapprochement entre Dieudonné et Jean-Marie Le Pen, alors que le «comique» avait justifié son entrée en politique, en 1997 à Dreux, par la nécessité de faire barrage au Front National.

Quelques années de frustration professionnelle plus tard, aigri par ce qu’il croit être la mainmise des «sionistes» sur le show-biz, M’bala M’bala finit par trouver un dénominateur commun avec le leader frontiste. Bien pauvre idylle que celle basée sur la désignation d’un bouc émissaire, le même depuis tant de siècles. Mais ce pacte entre loosers a bien peu d’importance, surtout depuis la déculottée de Jean-Marie Le Pen au premier tour de la dernière élection présidentielle et l’effondrement annoncé de son parti après sa disparition de la scène politique.

Le Modem de François Bayrou, lui, se veut la force montante, celle qui va peser sur la vie politique française, une fois le mauvais résultat des prochaines législatives digéré. L’ex-centriste, très nettement décalé à gauche désormais, fourbit ses armes dès aujourd’hui avec la présidentielle de 2012 en point de mire.

Pour y parvenir, François Bayrou, en net déficit de lucidité depuis la griserie du premier tour (1), semble prêt à recevoir le soutien de n’importe qui.

C’est ainsi que lui, connu pour son côté catho traditionnel, ennemi affiché de toute dérive communautariste, a permis l’investiture de l’ex-judoka Djamel Bouras dans le «9-3», ce qui représente le summum de la démagogie électoraliste dans la mesure ou Bouras aurait obtenu de larges suffrages des «jeunes des cités» quelle que soit l’étiquette politique choisie. Pour mémoire et pour apporter une preuve supplémentaire du caractère douteux de ces connexions, Bouras avait soutenu Dieudonné dans son «combat» délirant.

En acceptant cette alliance, y compris en posant aux côtés de Bouras, Bayrou choisit de dîner avec le diable avant même d’avoir acheté une longue cuiller. En feignant d’oublier qui est Djamel Bouras, il entame la crédibilité de sa nouvelle formation politique et la confiance des 70.000 nouveaux adhérents qui ne pourront pas ne pas être désarçonnés par une telle décision. Comment des électeurs, portés naturellement vers la mesure et la démocratie, pourraient-ils accepter une voix aussi extrémiste parmi eux ?


Car accepter Djamel Bouras dans ses rangs, c’est cautionner des déclarations et des prises de position inacceptables pour l’humaniste et le républicain que François Bayrou se targue d’être.



C’est admettre que le lynchage de trois soldats israéliens à Ramallah, le 12 octobre 2000, avec ouverture de leurs boites crâniennes à mains nues, était justifié (2).



C’est permettre à la parole conquérante de l’islam communautariste d’affirmer que les églises ne servent à rien et devraient être transformées en mosquées (3).



C’est souffrir de cohabiter avec un chaud partisan de la chaîne de télévision antisémite Al Manar, et qui s’était montré très actif pour s’opposer à son interdiction.



C’est autoriser le Français qu'est Djamel Bouras à dénier à d’autres Français (Michel Boujenah, Enrico Macias) leur droit à la nationalité française (2).



C’est consentir à ce qu’un discours éminemment raciste aboutisse à des dérives telles que : «des gens qui se marient qu'entre eux, des gens qui mangent que dans leurs restos, etc. je vous en montre tous les jours. Des gens qui mettent leur argent que dans leurs banques, etc. » (4) . Inutile de préciser à quels «gens» Bouras faisait référence ce jour-là.



C’est convenir que l’on peut faire partie du Modem et avoir défilé aux côtés de Mohamed Latrèche pour s’opposer à la loi interdisant les signes religieux à l’Ecole.



C’est faire preuve d’un clientélisme à tout crin, celui qui fait croire que choisir Djamel Bouras pour une banlieue «sensible» est une initiative très sioux.



En 2012 comme en 2007, un prétendant au pouvoir suprême devra apporter la preuve de sa cohérence, dans ses idées comme dans son comportement.



De ce point de vue-là, il semble que François Bayrou ait encore beaucoup à apprendre s’il ne veut pas être confronté à de nouvelles désillusions douloureuses…



Jean-Paul de Belmont © Primo-Europe, 26 mai 2007.



(1) Les derniers sondages créditent le Modem de 8,5% des intentions de vote aux prochaines législatives, rapprochant ainsi François Bayrou de son score de 2002, très loin des 18,5% de la présidentielle. Primo avait prévu et analysé ce décalage (lire "Le Hara-Kiri de Bayrou").

(2) Tout le monde en parle, France 2, 28 octobre 2000.

(3) Tout le monde en parle, France 2, 11 février 2006.

(4) Spectacle de Dieudonné au Zénith, décembre 2004.

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