Thursday, May 24, 2007

Incendie d'une synagogue à Genève: la police privilégie la piste criminelle

Incendie d'une synagogue à Genève: la police privilégie la piste criminelle
Par Aude MARCOVITCH


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GENEVE (AFP) - Un incendie, pour lequel la police privilégie la piste criminelle, a ravagé une des principales synagogues de Genève tôt jeudi matin, semant tristesse et désarroi parmi les fidèles.

Devant la façade noircie du bâtiment, une sobre construction en béton, dont se dégageait une odeur âcre, le porte-parole de la police cantonale de Genève Philippe Cosandey expliquait "privilégier la piste criminelle".


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"Lorsque les pompiers sont arrivés tôt ce matin, l'embrasement était généralisé. On peut imaginer que plusieurs foyers sont partis en même temps", a-t-il dit à l'AFP.

Selon le porte-parole, aucun graffiti antisémite n'a été trouvé sur les lieux et l'incendie n'avait pas été revendiqué jeudi en fin de matinée. Personne n'a été blessé dans l'incendie que les pompiers ont mis une heure à maîtriser, de 04H00 à 05H00 locales (02H00 et 03H00 GMT).

Un petit attroupement de fidèles, certains portant la kippa, s'était rassemblé jeudi matin devant la synagogue sinistrée. "La salle de prière est intacte, les livres n'ont pas souffert", se rassurait l'un d'eux. "Le sol est rempli d'eau, le plafond s'est effondré", déclarait un autre en désignant le bâtiment où s'affairaient les pompiers.

Parmi les fidèles rassemblés, l'homme d'affaires Nessim Gaon. C'est lui qui, en 1972, a fait construire sur la route de Malagnou (est de Genève) cette synagogue de rite sépharade (oriental), appelée Hekhal Haness.

"Soit c'est un acte de Dieu, soit c'est un acte terroriste", dit à l'AFP Nessim Gaon, 84 ans. Avant d'ajouter: "le dégât est trop grand, ça doit être un acte terroriste". Puis, fataliste, il conclut: "Peut-être le temps est-il venu de la rénover". Selon lui, la salle pouvait contenir jusqu'à 1.200 personnes les jours de grandes fêtes.

Assise sur un tabouret devant l'esplanade de la synagogue, dont l'accès est protégé par le service d'ordre de la communauté juive, la femme de Nessim Gaon se désole en pleurant: "Tous mes enfants se sont mariés ici. Ca fait 35 ans que j'y viens tous les jours", a-t-elle confié à l'AFP.

Dans la cour intérieure de la synagogue, des hommes se sont rassemblés pour la prière du matin. "On va faire la prière quand même", a insisté un fidèle.

Les juifs célèbrent, de mercredi soir à jeudi soir, la fête de Chavouot, commémorant le souvenir du don de la Torah.

Dans la communauté juive, ce sont les réactions de tristesse qui prédominaient. Ron Aufseesser, président de la Communauté israélite de Genève a déclaré à l'AFP être "extrêmement triste et choqué de ce qui s'est passé".

Johanne Gurfinkiel, secrétaire général de la Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation (CICAD), une association basée à Genève a exprimé "sa tristesse et sa consternation", face à l'incendie. La CICAD a demandé aux autorités de "déployer toutes les forces nécessaires" pour faire la lumière sur cet acte.

Six synagogues et oratoires représentent à Genève les différents courants du judaïsme. La Suisse compte environ 20.000 personnes de confession juive, dont 5.000 à Genève.

En mars 2005, la librairie d'une synagogue à Lugano (sud) avait été détruite par un coktail molotov. Un Italien de 57 ans avait été arrêté pour cet acte.

Selon la CICAD, on compte environ 60 à 70 actes antisémites en Suisse romande chaque année.

Le financier suisse Nessim Gaon, propriétaire de la synagogue incendiée, est un habitué des démêlés commerciaux et judiciaires retentissants, notamment avec la Russie.


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