Monday, July 09, 2007

CITE DU VATICAN (Reuters) - Le décret de Benoît XVI facilitant la célébration de la messe en latin, s'il réjouit les traditionalistes, inquiète de nombreux catholiques et suscite l'inquiétude d'une partie de la communauté juive, qui souhaite des clarifications.

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Le "motu propio" rendu public samedi a été présenté par le pape comme un geste de réconciliation et d'unité envers les fidèles attachés à la messe traditionnelle célébrée avant les réformes du concile Vatican II (1962-1965).

Cette initiative est pourtant regrettée par une partie de la hiérarchie catholique, qui craint qu'elle ne remette en cause les travaux de Vatican II.

"Je ne peux retenir mes larmes. C'est le moment le plus triste de ma vie, comme homme, comme prêtre et comme évêque", a ainsi déclaré au quotidien La Repubblica Mgr Luca Brandolini, membre de la commission de la liturgie au sein de la conférence des évêques d'Italie.

"C'est un jour de deuil non seulement pour moi mais pour les nombreuses personnes qui ont oeuvré au concile Vatican II. Cette réforme à laquelle beaucoup de gens ont travaillé, en faisant de grands sacrifices, inspirés seulement par le désir de renouveler l'Eglise, est maintenant enterrée", a-t-il ajouté.

Plusieurs responsables juifs, pour leur part, ont demandé des clarifications sur le maintien dans le missel de la messe traditionaliste d'une prière prononcée le vendredi saint pour la conversion des juifs.

"Je pense que certains interprètent ça de façon exagérément alarmiste", a cependant tenu à relativiser le rabbin David Rosen, du Comité juif américain.

"Cela ne veut pas dire que certaines choses ne méritent pas des clarifications, mais en tout cas ça ne peut remettre en question l'engagement du pape Benoît XVI à entretenir des relations pleines de respect avec le peuple juif", a-t-il assuré.

La représentante du Comité juif américain à Rome, Lisa Plamieri-Billig, a fait remarquer que le décret du pape n'évoquait pas cette question de la prière du vendredi saint.

"UN PAS EN ARRIÈRE" ?

"J'ai du mal à croire que le pape autorisera cette prière. La conversion est un sujet très sensible pour les juifs et si cette prière est maintenue, ce serait un pas en arrière", a-t-elle ajouté.

Le cardinal Jean-Pierre Ricard, président de la conférence des évêques de France, a déclaré samedi que cette prière pourrait très bien être modifiée si elle est source de difficultés avec la communauté juive.

Au lendemain de la publication de ce "motu proprio", le pape n'a pas mentionné le document lors de sa bénédiction dominicale de l'Angelus, place Saint-Pierre. Lundi, il partira en vacances dans les Dolomites.

Benoît XVI, dans une lettre envoyée cette semaine aux évêques, a souligné que son initiative ne remettait pas en cause les acquis du concile Vatican II dont il a par ailleurs déploré les "déformations".

Le décret "Summorum Pontificum" facilite l'usage de la messe de Saint-Pie V, en latin, fixée à la fin du XVIe siècle, réformée en 1962 sous le pontificat de Jean XXIII et marginalisée depuis 1969 avec l'entrée en vigueur du missel de Paul VI.

Benoît XVI autorise désormais les catholiques à demander à leur prêtre de célébrer la messe, les baptêmes ou les mariages selon l'ancien rite. Si le prêtre refuse, les fidèles peuvent se tourner vers leur évêque, que le pape invite fermement à répondre favorablement à leur requête. Si cette démarche échoue, les fidèles peuvent encore solliciter le Vatican.

Depuis Vatican II, les évêques pouvaient autoriser ou refuser l'usage de la messe de rite tridentin, issue des travaux du Concile de Trente au XVIe siècle.

"Il n'y a aucune contradiction entre l'une et l'autre édition du Missale Romanum (...) Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous et ne peut à l'improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste", écrit le souverain pontife dans sa lettre aux évêques, qu'il charge d'être les "modérateurs" de la liturgie dans leur diocèse.

Il en profite pour déplorer, dans la foulée de Vatican II, une "créativité" qui "a souvent porté à des déformations de la liturgie à la limite du supportable".

"Je parle d'expérience parce que j'ai vécu moi aussi cette période, avec toutes ses attentes et ses confusions. Et j'ai constaté combien les déformations arbitraires de la liturgie ont profondément blessé des personnes qui étaient totalement enracinées dans la foi de l'Eglise", rappelle Benoît XVI, qui était considéré lors du concile comme un "réformateur".

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