Comment al-Qaida exporte la terreur d'IrakDe notre envoyé spécial à Amman (Jordanie) GEORGES MALBRUNOT. Publié le 06 juillet 2007Actualisé le 06 juillet 2007 : 07h47 Shaker al-Absi (à droite) le chef du groupe Fatah al-Islam lié à al-Qaida, est encerclé depuis le 20 mai 2007 par l'armée libanaise dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared, au nord du Liban.
N. Toahmeh/AFP
Shaker al-Absi (à droite) le chef du groupe Fatah al-Islam lié à al-Qaida, est encerclé depuis le 20 mai 2007 par l'armée libanaise dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared, au nord du Liban.
N. Toahmeh/AFP
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En complément
Zawahiri cible l'Arabie saoudite "Secrets de moudjahidins", le programme de cryptage des terroristes "Neutraliser la France", un objectif des djihadistes EDITORIAL : al Qaida : en quête d'une riposte
Les autres titres
Trois islamistes condamnés pour prosélytisme en ligne Comment al-Qaida exporte la terreur d'Irak "Lettre à mon fils captif depuis un an" L’Australie s’est engagée en Irak pour le pétrole, selon un ministre Afrique du Sud : l'ANC cherche un nouveau leader La France demande à Israël de nouvelles initiatives de paix Le Hamas veut tirer parti du cas Johnston La France veut garder son rang à l'ONU "Ceux qui vous soignent vous tueront" Retour | Rubrique InternationalA partir de son bastion irakien, l'organisation terroriste s'implante au Liban et à Gaza et frappe en Europe.
À PARTIR de son bastion irakien, al-Qaida intensifie ses efforts pour exporter son combat au Liban et dans la bande de Gaza, préviennent plusieurs experts. « L'une des priorités d'al-Qaida vise à implanter des éléments dans les pays voisins d'Israël, où règne l'anarchie, son meilleur allié », affirme Marwan Shehade, un responsable salafiste jordanien, qui prépare une thèse sur l'organisation terroriste. En juillet 2006, pendant la guerre entre l'État hébreu et le Hezbollah, le numéro deux du réseau terroriste, Ayman al-Zawahiri, avait exhorté « les musulmans à transférer le djihad aux frontières de la Palestine ». L'idéologue égyptien semble avoir été écouté. Depuis, le Liban est devenu une « terre du djihad » : « On y a les mêmes divisions ethniques qu'en Irak, ajoute Shehade, la même faiblesse de l'appareil sécuritaire. Et en plus, l'apparition d'al-Qaida permettra d'impliquer les grandes puissances, comme la France et les États-Unis. »
Depuis l'invasion américaine de l'Irak en 2003, les déplacements de moudjahidins entre l'ancienne Mésopotamie et le Liban ou la Jordanie, via la Syrie, se sont multipliés, en vue d'édifier « al-Qaida al-Bilad al-Cham », la branche d'« al-Qaida au Levant », aux côtés des « succursales » existantes déjà au Maghreb et dans la péninsule Arabique. Dernièrement, certains terroristes se seraient mêlés au flot des réfugiés irakiens, arrivant à Damas et à Amman, après avoir profité de la disparition suspecte d'une catégorie de nouveaux passeports à Bagdad. Alors que l'« irakisation » d'al-Qaida est quasiment achevée, il s'agirait de commencer à renvoyer sur de nouveaux fronts les combattants étrangers les mieux formés, en anticipant un retrait américain.
La Syrie sert de base arrière
Dans le camp palestinien d'Aïn Héloué au sud de Beyrouth, les groupes sunnites extrémistes, Osbat al-Ansar et Jound al-Cham, sont soupçonnés d'alimenter les nouveaux réseaux d'al-Qaida au Liban. Mais c'est surtout l'implantation du Fatah al-Islam, plus au nord à Nahr al-Bared à l'automne 2006, qui constitue la preuve la plus tangible de la propagation des métastases terroristes. L'activisme de son chef, Shaker al-Absi, en témoigne. En début d'année, cet ancien dissident palestinien prosyrien, passé au salafisme, a envoyé plusieurs de ses hommes recruter des « combattants » à Irbid dans le nord de la Jordanie. Quelque temps auparavant, une cellule logistique pour djihadistes saoudiens y avait été implantée clandestinement, avant d'être démantelée par les services de sécurité jordaniens. Mais ces derniers sont convaincus que l'objectif dépassait le cadre de « la guerre sainte » antiaméricaine en Irak. « Shaker al-Absi cherche à recruter des ressortissants européens pour les entraîner avant de les renvoyer perpétrer des opérations en Europe », assure au Figaro un haut responsable sécuritaire jordanien.
L'arrestation l'an dernier d'un Français originaire de Trappes (Yvelines), qui était allé à Tripoli (nord Liban) suivre une instruction au maniement des armes et des explosifs délivrée par des activistes saoudiens vient confirmer ces craintes. D'autant qu'à l'été 2006, plusieurs Libanais ont également été appréhendés en Allemagne, alors qu'ils s'apprêtaient à poser une bombe sur une voie ferrée. Que sont devenus les autres membres de la cellule de Tripoli ? « Ils ont pu être envoyés au Maghreb, en Irak ou après leur formation, on a pu tout simplement leur dire : allez frapper en Europe, où vous pouvez et quand vous pouvez », indique un expert antiterroriste français.
Dans cette stratégie d'exportation de la violence, la Jordanie sert de pays de transit aux djihadistes internationaux, et la Syrie, de base arrière. L'an dernier, un attentat contre l'aéroport d'Amman a été déjoué de justesse, après l'arrestation de Mohammed al-Darsi à son entrée sur le territoire jordanien. Il avait quitté la Libye quelques jours avant, pour se rendre à Damas, où un recruteur djihadiste le dissuada d'aller combattre en Irak, l'orientant vers la Jordanie, où il devait se faire exploser parmi les passagers de l'aéroport d'Amman. Pour les Jordaniens, qui avaient signalé - en vain - aux Syriens l'arrivée de Darsi à Damas, leurs voisins s'achètent une sécurité, en tolérant des djihadistes sur leur sol. Ce que la Syrie dément.
Quant au recentrage d'al-Qaida sur la Palestine, il s'expliquerait par l'influence de plusieurs Égyptiens dans l'entourage d'al-Zawahiri, mais aussi, souligne Myriam Benraad, chercheuse à Sciences Po, « par un retour à une régionalisation de l'action terroriste autour de la Palestine », comme le préconisait à l'origine d'al-Qaida, Abdallah Azzam, un de ses idéologues.
Un soutien aux durs du Hamas
À Gaza, l'Armée de l'islam constitue la brèche la plus visible de l'ouverture des idéaux « qaidistes » aux militants islamistes palestiniens (voir ci-contre). « L'Armée de l'islam recrute des membres de la branche militaire du Hamas, hostiles à la participation du mouvement au pouvoir », souligne le journaliste jordanien Hussein al-Sheikh, proche de la mouvance djihadiste. L'Armée de l'islam, qui vient de libérer le reporter britannique Alan Johnston, parie sur une aggravation des tensions entre les modérés à la direction du Hamas et les plus radicaux, comme Mahmoud Zahar, qui serait sensible aux sirènes salafistes. C'est dans ce contexte de luttes intestines qu'il convient d'analyser le dernier revirement d'al-Qaida face au Hamas. Jusque-là, Zawahiri dénonçait un mouvement « enfoncé dans le marais de la reddition ». Son dernier communiqué, publié en juin, appelle au contraire les musulmans à « soutenir le Hamas par des armes, de l'argent et des attentats contre les intérêts américains et israéliens ». Un soutien en fait aux durs du mouvement, pour qu'ils soient de plus en plus nombreux
N. Toahmeh/AFP
Shaker al-Absi (à droite) le chef du groupe Fatah al-Islam lié à al-Qaida, est encerclé depuis le 20 mai 2007 par l'armée libanaise dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared, au nord du Liban.
N. Toahmeh/AFP
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Zawahiri cible l'Arabie saoudite "Secrets de moudjahidins", le programme de cryptage des terroristes "Neutraliser la France", un objectif des djihadistes EDITORIAL : al Qaida : en quête d'une riposte
Les autres titres
Trois islamistes condamnés pour prosélytisme en ligne Comment al-Qaida exporte la terreur d'Irak "Lettre à mon fils captif depuis un an" L’Australie s’est engagée en Irak pour le pétrole, selon un ministre Afrique du Sud : l'ANC cherche un nouveau leader La France demande à Israël de nouvelles initiatives de paix Le Hamas veut tirer parti du cas Johnston La France veut garder son rang à l'ONU "Ceux qui vous soignent vous tueront" Retour | Rubrique InternationalA partir de son bastion irakien, l'organisation terroriste s'implante au Liban et à Gaza et frappe en Europe.
À PARTIR de son bastion irakien, al-Qaida intensifie ses efforts pour exporter son combat au Liban et dans la bande de Gaza, préviennent plusieurs experts. « L'une des priorités d'al-Qaida vise à implanter des éléments dans les pays voisins d'Israël, où règne l'anarchie, son meilleur allié », affirme Marwan Shehade, un responsable salafiste jordanien, qui prépare une thèse sur l'organisation terroriste. En juillet 2006, pendant la guerre entre l'État hébreu et le Hezbollah, le numéro deux du réseau terroriste, Ayman al-Zawahiri, avait exhorté « les musulmans à transférer le djihad aux frontières de la Palestine ». L'idéologue égyptien semble avoir été écouté. Depuis, le Liban est devenu une « terre du djihad » : « On y a les mêmes divisions ethniques qu'en Irak, ajoute Shehade, la même faiblesse de l'appareil sécuritaire. Et en plus, l'apparition d'al-Qaida permettra d'impliquer les grandes puissances, comme la France et les États-Unis. »
Depuis l'invasion américaine de l'Irak en 2003, les déplacements de moudjahidins entre l'ancienne Mésopotamie et le Liban ou la Jordanie, via la Syrie, se sont multipliés, en vue d'édifier « al-Qaida al-Bilad al-Cham », la branche d'« al-Qaida au Levant », aux côtés des « succursales » existantes déjà au Maghreb et dans la péninsule Arabique. Dernièrement, certains terroristes se seraient mêlés au flot des réfugiés irakiens, arrivant à Damas et à Amman, après avoir profité de la disparition suspecte d'une catégorie de nouveaux passeports à Bagdad. Alors que l'« irakisation » d'al-Qaida est quasiment achevée, il s'agirait de commencer à renvoyer sur de nouveaux fronts les combattants étrangers les mieux formés, en anticipant un retrait américain.
La Syrie sert de base arrière
Dans le camp palestinien d'Aïn Héloué au sud de Beyrouth, les groupes sunnites extrémistes, Osbat al-Ansar et Jound al-Cham, sont soupçonnés d'alimenter les nouveaux réseaux d'al-Qaida au Liban. Mais c'est surtout l'implantation du Fatah al-Islam, plus au nord à Nahr al-Bared à l'automne 2006, qui constitue la preuve la plus tangible de la propagation des métastases terroristes. L'activisme de son chef, Shaker al-Absi, en témoigne. En début d'année, cet ancien dissident palestinien prosyrien, passé au salafisme, a envoyé plusieurs de ses hommes recruter des « combattants » à Irbid dans le nord de la Jordanie. Quelque temps auparavant, une cellule logistique pour djihadistes saoudiens y avait été implantée clandestinement, avant d'être démantelée par les services de sécurité jordaniens. Mais ces derniers sont convaincus que l'objectif dépassait le cadre de « la guerre sainte » antiaméricaine en Irak. « Shaker al-Absi cherche à recruter des ressortissants européens pour les entraîner avant de les renvoyer perpétrer des opérations en Europe », assure au Figaro un haut responsable sécuritaire jordanien.
L'arrestation l'an dernier d'un Français originaire de Trappes (Yvelines), qui était allé à Tripoli (nord Liban) suivre une instruction au maniement des armes et des explosifs délivrée par des activistes saoudiens vient confirmer ces craintes. D'autant qu'à l'été 2006, plusieurs Libanais ont également été appréhendés en Allemagne, alors qu'ils s'apprêtaient à poser une bombe sur une voie ferrée. Que sont devenus les autres membres de la cellule de Tripoli ? « Ils ont pu être envoyés au Maghreb, en Irak ou après leur formation, on a pu tout simplement leur dire : allez frapper en Europe, où vous pouvez et quand vous pouvez », indique un expert antiterroriste français.
Dans cette stratégie d'exportation de la violence, la Jordanie sert de pays de transit aux djihadistes internationaux, et la Syrie, de base arrière. L'an dernier, un attentat contre l'aéroport d'Amman a été déjoué de justesse, après l'arrestation de Mohammed al-Darsi à son entrée sur le territoire jordanien. Il avait quitté la Libye quelques jours avant, pour se rendre à Damas, où un recruteur djihadiste le dissuada d'aller combattre en Irak, l'orientant vers la Jordanie, où il devait se faire exploser parmi les passagers de l'aéroport d'Amman. Pour les Jordaniens, qui avaient signalé - en vain - aux Syriens l'arrivée de Darsi à Damas, leurs voisins s'achètent une sécurité, en tolérant des djihadistes sur leur sol. Ce que la Syrie dément.
Quant au recentrage d'al-Qaida sur la Palestine, il s'expliquerait par l'influence de plusieurs Égyptiens dans l'entourage d'al-Zawahiri, mais aussi, souligne Myriam Benraad, chercheuse à Sciences Po, « par un retour à une régionalisation de l'action terroriste autour de la Palestine », comme le préconisait à l'origine d'al-Qaida, Abdallah Azzam, un de ses idéologues.
Un soutien aux durs du Hamas
À Gaza, l'Armée de l'islam constitue la brèche la plus visible de l'ouverture des idéaux « qaidistes » aux militants islamistes palestiniens (voir ci-contre). « L'Armée de l'islam recrute des membres de la branche militaire du Hamas, hostiles à la participation du mouvement au pouvoir », souligne le journaliste jordanien Hussein al-Sheikh, proche de la mouvance djihadiste. L'Armée de l'islam, qui vient de libérer le reporter britannique Alan Johnston, parie sur une aggravation des tensions entre les modérés à la direction du Hamas et les plus radicaux, comme Mahmoud Zahar, qui serait sensible aux sirènes salafistes. C'est dans ce contexte de luttes intestines qu'il convient d'analyser le dernier revirement d'al-Qaida face au Hamas. Jusque-là, Zawahiri dénonçait un mouvement « enfoncé dans le marais de la reddition ». Son dernier communiqué, publié en juin, appelle au contraire les musulmans à « soutenir le Hamas par des armes, de l'argent et des attentats contre les intérêts américains et israéliens ». Un soutien en fait aux durs du mouvement, pour qu'ils soient de plus en plus nombreux
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