Friday, July 06, 2007

Après les attentats ratés au Royaume-Uni, Londres est tenté par le raidissement répressif






omment répondre au terrorisme en Grande-Bretagne ? Comment prévenir les attaques de l'islamisme sans s'aliéner la communauté musulmane ? Comment maintenir la vigilance du public sans l'alarmer en permanence ? Comment durcir la législation envers certains individus potentiellement dangereux sans réduire la liberté du plus grand nombre ? Depuis les attentats du 7 juillet 2005, qui firent 56 morts à Londres, le Royaume-Uni affronte ces questions qui n'ont pas de réponse simple. Chaque complot découvert depuis deux ans, chaque procès antiterroriste leur donne une nouvelle urgence.





Les attentats de 2005 étaient l'œuvre de terroristes nés, grandis et radicalisés en Grande-Bretagne, même s'ils avaient été ensuite endoctrinés et entraînés dans des camps d'Al-Qaida. Le gouvernement Blair avait réagi en augmentant le budget de la police et des services de sécurité intérieurs pour accroître leur présence auprès des communautés jugées vulnérables. L'accent était mis sur la nécessité de contenir l'islamisme en tentant d'identifier et de combattre ses causes locales; de reconquérir "les esprits et les cœurs" des jeunes musulmans en proie à des frustrations économiques et sociales.

Le fait que les huit personnes soupçonnées d'avoir organisé les attentats manqués de Londres et Glasgow soient des étrangers, originaires du monde arabe et d'Inde, arrivés ces toutes dernières années en Grande-Bretagne, oblige le gouvernement à déplacer son collimateur et à s'intéresser à nouveau aux conditions d'entrée des immigrants. Le fait que ces suspects appartiennent tous, de surcroît, au milieu médical a créé un choc.

DURCISSEMENT DU CONTRÔLE DES IMMIGRANTS

Lors de la séance de questions à la Chambre des communes, le nouveau premier ministre Gordon Brown a annoncé, mercredi 4 juillet, que Londres allait étudier un durcissement du contrôle des immigrants souhaitant travailler dans le système de santé britannique (NHS). Les personnes qui parrainent ces immigrants devront fournir plus de détails sur leurs antécédents. Actuellement, le NHS ne contrôle que les aptitudes cliniques et linguistiques des médecins étrangers qu'il recrute.

De manière plus générale, M. Brown a prôné une extension de la liste des terroristes potentiels dont les noms sont transmis aux gouvernements étrangers. Il a annoncé que de nouveaux accords seraient signés avec d'autres pays en matière de lutte antiterroriste. Ce dernier thème a donné lieu à un échange d'arguments avec le chef du Parti conservateur, David Cameron. Celui-ci souhaite que le gouvernement interdise le groupe islamiste Hizb-ut-Tahrir, qui recourt à un violent discours anti-juif. Le premier ministre a répondu par la négative en soulignant "le manque de preuves".

M. rown et M. Cameron se sont aussi opposés à propos d'un projet depuis longtemps controversé : l'instauration d'une carte d'identité. Celle-ci, a prédit le chef conservateur, "créera plus de problèmes qu'elle n'en résoudra". Les cartes d'identité, là où elles existent, a-t-il ajouté, n'ont pas stoppé le terrorisme. Il a rappelé à M. Brown qu'il y était naguère hostile. Mais le premier ministre a changé d'avis sur ce sujet. Il voit dans la carte d'identité un outil "complémentaire" de l'arsenal répressif et préventif. Il est aussi favorable à ce que le résultat des écoutes téléphoniques puisse être produit en justice contre les suspects de terrorisme.

Le gouvernement a rabaissé d'un cran, mercredi, le niveau d'alerte terroriste, passé de "critique" à "grave", ce qui écarte la menace d'un attentat "imminent". Apparemment, la police a arrêté tous les membres de la cellule qu'elle recherchait. Les suspects, arrivés en Grande-Bretagne après 2004, ont-ils été recrutés avant d'immigrer ou se sont-ils organisés une fois sur place ? Ont-ils été envoyés en service commandé par Al-Qaida pour infiltrer le NHS ? Comment communiquaient-ils? Autant de questions auxquelles la police espère obtenir rapidement des réponses.

Jean-Pierre Langellier

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