Monday, July 09, 2007

Mais votez donc socialiste !
Gabriel Lévy mardi 3 juillet 2007

Par Lévy Gabriel
Thème : France
Vous aurez peut-être quelque chance d’avoir six ou sept ministres de droite, à condition que « l’ouverture » soit acceptée par les vainqueurs, ce qui n’est pas assuré.

Le candidat de la droite à la présidentielle avait certes proclamé qu’il nous étonnerait. Que ne l’avons-nous pas pris au mot ! Au dernier sommet européen à Bruxelles, il proclamait fièrement : « toute ma délégation est socialiste » et, avant de nous lasser de nos étonnements, il s’empresse d’ajouter une « excellence », M. Védrine, à son équipe.

Nommé rapporteur d’une mission par M. Sarkozy, l’homme du concept de l’hyperpuissance américaine, celui qui a ainsi miné les fondements de la défense du monde occidental, inventera sans doute le concept de l’hypermondialisation, avatar de l’alter mondialisme. Quelle surprise ! Il n’existait dans l’entourage du candidat aucune personnalité compétente sur le sujet et on nous l’avait caché.

Désormais président, il répète un grand nombre de fois à Strasbourg qu’il fait de la « politique», mais si « on ne fait pas (forcément) de la politique avec de la morale, on n’en fait pas davantage sans » (1). Il est inquiétant de lire, à ce sujet, la première définition donnée au mot politique par le dictionnaire le Petit Robert, ainsi que les citations afférentes à ce mot : « 1°) Art et pratique des sociétés humaines (État, nation). « La politique, art de tromper les hommes » (D’Alemb.). « C’est l’art de créer des faits, de dominer, en se jouant, les évènements et les hommes » (Beaumarchais). « La politique consiste dans la volonté de conquête et de conservation du pouvoir » (Valéry). Fermer le ban ! Pas d’autres citations.

En définitive, des amis ont ferraillé pour l’aider à être élu et lui permettre d’obtenir une majorité et, s’il ne s’agit pas de les récompenser, au moins faut-il ne pas les discréditer auprès de leurs électeurs en assurant la promotion de ceux auxquels ils avaient justement pour mission de s’opposer.

Ainsi, « prendre les meilleurs de chaque parti », M. Bayrou en avait rêvé, M. Sarkozy l’a fait. Les meilleurs ? Allez savoir ! Revenir aux affaires, M. Védrine en avait rêvé, c’est fait ! Nous n’attendons plus que M. Lang.

Il nous semblait que les électeurs avaient fait un choix absolument contraire. Aussi, nous ne résistons pas au plaisir de citer la remarque savoureuse de M. Jean-Louis Caccomo (2) : « Avant je faisais pipi au lit et j’avais honte. Je suis allé voir un psy. Désormais, je fais pipi au lit et je suis fier ! ». Grâce à Coluche, je viens de réaliser avec effroi ce qu’est la droite décomplexée en France. Avant, la droite faisait une politique de gauche, mais elle en avait honte. Aujourd’hui, la droite fait une politique de gauche, et elle en est fière »

1- André Malraux. « L’espoir ». 1937
2- Caccomo.blogspot.com et site aubagnesurlecours.com

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