Charlie Hebdo dans la tourmente après un congédiement controversé
Marc Thibodeau
La Presse
Paris
L'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, qui s'était illustré par sa défense passionnée de la liberté d'expression dans l'affaire des caricatures de Mahomet, se trouve plongé dans la tourmente après avoir congédié l'un de ses plus anciens collaborateurs.
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Le directeur de la publication, Philippe Val, a confirmé il y a quelques jours que Maurice Sinet, connu sous le nom de Siné, avait été renvoyé en raison du contenu antisémite d'une chronique illustrée parue le 2 juillet.
Le caricaturiste de 79 ans s'y moquait de Jean Sarkozy, fils du président français, Nicolas Sarkozy, en ironisant sur son mariage annoncé avec la fille d'une famille actionnaire d'une chaîne de magasins de produits électroménagers.
«Il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit!» a écrit Siné.
Pour expliquer ce renvoi, Philippe Val écrit cette semaine dans Charlie Hebdo que les propos du caricaturiste touchaient à la vie privée du fils Sarkozy et colportaient la «fausse rumeur» de sa conversion au judaïsme.
«Mais surtout, ils pouvaient être interprétés comme faisant le lien entre la conversion au judaïsme et la réussite sociale, et ce n'était ni acceptable ni défendable devant un tribunal», a ajouté M. Val.
Siné rétorque que sa chronique n'était d'aucune façon antisémite. «Je reproche à Jean Sarkozy de se convertir par opportunisme. S'il s'était converti à la religion musulmane pour épouser la riche fille d'un émir, c'était pareil. Et la fille d'un catholique, pareil», a-t-il expliqué sur les ondes de la radio RTL.
Le caricaturiste, connu pour ses salves antireligieuses, affirme que le directeur de Charlie Hebdo cherchait depuis longtemps un prétexte pour interrompre leur collaboration en raison de différends idéologiques. «Ça fait deux ans qu'il veut me foutre à la porte», dit-il.
L'affaire a éclaté le 8 juillet, lorsque, à la radio, le journaliste du Nouvel Observateur Claude Askolovitch a accusé le texte d'être antisémite parce qu'il suggérait que, pour faire du chemin dans la vie, il vaut mieux être juif.
Le journaliste, qui avait d'abord discuté avec Philippe Val, a affirmé que le directeur de Charlie Hebdo allait dénoncer Siné dans son prochain numéro comme étant une «ordure». M. Val, qui craignait une poursuite de Jean Sarkozy et de la famille de sa fiancée, avait au préalable rédigé un texte dans lequel le caricaturiste convenait que sa chronique pouvait être mal interprétée.
Siné a cependant refusé de le signer après avoir appris qu'il était possible que les autres membres de la rédaction produisent une lettre ouverte dénonçant ses écrits.
L'affaire fait couler beaucoup d'encre sur l'Internet, où partisans et critiques de Siné s'affrontent.
Plusieurs des admirateurs du caricaturiste accusent Charlie Hebdo, qui est connu pour son ton provocateur, de renier la position qu'il avait adoptée en faveur de la liberté d'expression dans l'affaire des caricatures de Mahomet.
«Nous dire que cela (la chronique controversée) a blessé la famille Sarkozy et que c'est pour cela qu'il a viré Siné, c'est aberrant, non? Surtout quand on sait qu'avec la publication des caricatures de Mahomet, ce sont plusieurs millions de musulmans blessés», écrit un internaute.
Philippe Val rétorque en entrevue, exaspéré, qu'il n'y a rien de commun entre la publication de caricatures critiquant une vision radicale de l'islam et la «diffamation de personnes particulières».
L'affaire n'a pas fini de rebondir puisque Siné a indiqué hier à La Presse qu'il préparait, en vue de la diffuser en ligne, une chronique traitant de son différend avec le directeur de Charlie Hebdo.
Il entend poursuivre en diffamation le journaliste du Nouvel Observateur et tous ceux qui ont, par leurs accusations, «ruiné l'engagement de toute une vie en faveur de la tolérance».
«Je ne laisserai plus personne me traiter d'antisémite», conclut le caricaturiste.
Marc Thibodeau
La Presse
Paris
L'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, qui s'était illustré par sa défense passionnée de la liberté d'expression dans l'affaire des caricatures de Mahomet, se trouve plongé dans la tourmente après avoir congédié l'un de ses plus anciens collaborateurs.
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Le caricaturiste de 79 ans s'y moquait de Jean Sarkozy, fils du président français, Nicolas Sarkozy, en ironisant sur son mariage annoncé avec la fille d'une famille actionnaire d'une chaîne de magasins de produits électroménagers.
«Il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit!» a écrit Siné.
Pour expliquer ce renvoi, Philippe Val écrit cette semaine dans Charlie Hebdo que les propos du caricaturiste touchaient à la vie privée du fils Sarkozy et colportaient la «fausse rumeur» de sa conversion au judaïsme.
«Mais surtout, ils pouvaient être interprétés comme faisant le lien entre la conversion au judaïsme et la réussite sociale, et ce n'était ni acceptable ni défendable devant un tribunal», a ajouté M. Val.
Siné rétorque que sa chronique n'était d'aucune façon antisémite. «Je reproche à Jean Sarkozy de se convertir par opportunisme. S'il s'était converti à la religion musulmane pour épouser la riche fille d'un émir, c'était pareil. Et la fille d'un catholique, pareil», a-t-il expliqué sur les ondes de la radio RTL.
Le caricaturiste, connu pour ses salves antireligieuses, affirme que le directeur de Charlie Hebdo cherchait depuis longtemps un prétexte pour interrompre leur collaboration en raison de différends idéologiques. «Ça fait deux ans qu'il veut me foutre à la porte», dit-il.
L'affaire a éclaté le 8 juillet, lorsque, à la radio, le journaliste du Nouvel Observateur Claude Askolovitch a accusé le texte d'être antisémite parce qu'il suggérait que, pour faire du chemin dans la vie, il vaut mieux être juif.
Le journaliste, qui avait d'abord discuté avec Philippe Val, a affirmé que le directeur de Charlie Hebdo allait dénoncer Siné dans son prochain numéro comme étant une «ordure». M. Val, qui craignait une poursuite de Jean Sarkozy et de la famille de sa fiancée, avait au préalable rédigé un texte dans lequel le caricaturiste convenait que sa chronique pouvait être mal interprétée.
Siné a cependant refusé de le signer après avoir appris qu'il était possible que les autres membres de la rédaction produisent une lettre ouverte dénonçant ses écrits.
L'affaire fait couler beaucoup d'encre sur l'Internet, où partisans et critiques de Siné s'affrontent.
Plusieurs des admirateurs du caricaturiste accusent Charlie Hebdo, qui est connu pour son ton provocateur, de renier la position qu'il avait adoptée en faveur de la liberté d'expression dans l'affaire des caricatures de Mahomet.
«Nous dire que cela (la chronique controversée) a blessé la famille Sarkozy et que c'est pour cela qu'il a viré Siné, c'est aberrant, non? Surtout quand on sait qu'avec la publication des caricatures de Mahomet, ce sont plusieurs millions de musulmans blessés», écrit un internaute.
Philippe Val rétorque en entrevue, exaspéré, qu'il n'y a rien de commun entre la publication de caricatures critiquant une vision radicale de l'islam et la «diffamation de personnes particulières».
L'affaire n'a pas fini de rebondir puisque Siné a indiqué hier à La Presse qu'il préparait, en vue de la diffuser en ligne, une chronique traitant de son différend avec le directeur de Charlie Hebdo.
Il entend poursuivre en diffamation le journaliste du Nouvel Observateur et tous ceux qui ont, par leurs accusations, «ruiné l'engagement de toute une vie en faveur de la tolérance».
«Je ne laisserai plus personne me traiter d'antisémite», conclut le caricaturiste.
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