C'est la 1ère fois que l'on vend un vêtement antisémite»
Propos recueillis par Laure Daussy (lefigaro.fr)
12/08/2008 | Mise à jour : 21:51 | Commentaires 57 .
Le T-shirt portant des propos antisémites, vendu dans une boutique dans le XIXème arrondissement de Paris. Crédits photo : AFP
INTERVIEW - Le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA) a porté plainte suite à la vente de T-shirts portant des inscriptions antisémites dans le XIXème arrondissement de Paris. Sammy Ghozlan, président du BNVCA réagit.
Comment avez-vous découvert ces tee-shirts ?
C'est une passante qui nous a alerté, après avoir découvert ces T-shirts dans une boutique dans le XIXème arrondissement de Paris. Elle nous a appelé pour savoir ce qu'il fallait faire face à ces ventes illicites. On lui a dit de prendre une photo, pour avoir des preuves et d'acheter un T-shirt, ce qu'elle a fait. Une fois ces preuves rassemblées, nous avons décidé de porter plainte. Il restait huit tee-shirts dimanche. Mardi matin, il n'en restait plus que trois, qui étaient tous réservés et qui ont été vendus.
Ces débardeurs portaient les inscriptions en allemand «Juden eintritt in die parkanlagen verboten» et en polonais «Zydom wstep do parku wzbronionyio», ce qui veut dire «Entrée du parc interdite aux juifs». Cela reproduit des panneaux d'interdiction visant les juifs du ghetto de Lodz, en Pologne en 1940.
Avez-vous déjà été confronté à cette forme d'antisémitisme ?
C'est la première fois que l'on voit un vêtement qui a été fabriqué intentionnellement avec un message antisémite. On a déjà vu des gens qui conservaient des objets antisémites de l'époque nazie, comme des pancartes anti-juives, mais c'est la première fois que l'on voit ainsi quelque chose de neuf.
Qui pourrait en être à l'origine ?
Nous n'en avons aucune idée. Cette vente de vêtement dans le XIX ème est d'autant plus troublante que dans cet arrondissement, des juifs se plaignent fréquemment d'être les victimes de bandes de délinquants antisémites. Mais nous ne savons pas si c'est lié.
Je pense que les vendeurs ne réalisaient pas la gravité du message imprimé sur les vêtements qu'ils vendaient. D'un autre côté, les termes de « Juden » et «verboten » sont maintenant connus dans le monde entier, ils ne pouvaient pas l'ignorer. On espère découvrir grâce à l'enquête policière l'ensemble de la chaîne de production. Fabricant, grossiste, importateur éventuel, mais aussi savoir qui a acheté ces tee-shirts.
Cette vente est-elle inquiétante à vos yeux ?
Oui, elle reflète le climat d'antisémitisme actuel. La parole anti-juive est libérée. On assiste à une banalisation des propos antisémites. Suite à cette vente de tee-shirts, on voit d'ailleurs déjà des réactions de gens sur des forums qui affirment qu'ils en auraient bien voulu un. En dépit de tout ce qui est fait par les pouvoirs publics pour contrer l'antisémitisme, il y en a de plus en plus.
On nous a d'ailleurs aussi alerté sur des tags antisémites présents la semaine dernière près du quartier St Paul, à Paris, marqués « Juif =voleur». Des tags similaires à ceux qui ont été retrouvé à Neuilly et pour lesquels Jean Sarkozy a porté plainte. Nous ne savons pas si ces différents tags sont liés. Nous allons également porter plainte.
Vidéo antisémite sur internet: une association porte plainte
14 août 2008
PARIS (AFP) — Un défilé de photos de personnalités juives ou supposées sur fond de chanson antisémite des années 30 : ce montage diffusé sur des sites de partage vidéo suscite une nouvelle action en justice du Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA).
"J'ai déposé plainte mardi contre Dailymotion et l'auteur d'une vidéo égrenant sur le site les photos de personnalités juives ou supposées, sur fond de chanson antisémite, et comme je viens d'apprendre que YouTube diffusait le même film, je vais déposer plainte contre eux", a annoncé jeudi à l'AFP le président du BNVCA, Sammy Ghozlan.
Cette plainte était à l'étude jeudi après-midi au parquet de Paris qui peut décider d'ouvrir une enquête ou la classer sans suite.
Les photos de plus de 150 hommes politiques, vedettes de la télévision, journalistes, écrivains, philosophes, acteurs, humoristes, chanteurs connus défilent pendant plus de cinq minutes avec, en fond musical, une chanson antisémite intitulée "La noce à Rébecca".
Cette chanson créée en 1927 par Georgius, et reprise par Fernandel, évoque une noce de mariés de confession juive, où les participants sont notamment dépeints comme "sales, grossiers et voleurs". Selon le texte, un participant à la noce dérobe les couverts en argent et une bagarre éclate pour un vol de 2 sous.
Le BNVCA a saisi le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pour lui demander "un plus grand contrôle de Dailymotion, voire sa fermeture en cas de récidive" et a demandé au gouvernement "des mesures sévères contre Dailymotion et ses dirigeants qui hébergent la diffusion de ces vidéos illégales et antisémites sans en contrôler leur contenu au préalable".
Interrogé par l'AFP, Dailymotion a répondu : "Notre statut d'hébergeur ne nous oblige pas à surveiller les contenus en ligne, mais nous oblige en revanche à les retirer dès qu'on nous signale un contenu illicite ou contrefaisant". Le site précise que la vidéo incriminée "est en cours de traitement".
De son côté, YouTube a dit ne pas être au courant d'une plainte du BNVCA le visant. "Les conditions d'utilisation de YouTube interdisent les contenus inconvenants. Les vidéos qui violent nos conditions peuvent aisément être signalés sur le site (...) et nos personnels prendront des actions appropriées", a déclaré à l'AFP une porte-parole de YouTube à Paris.
"La France officielle n'est pas antisémite, toutefois la parole antisémite s'est libérée, elle est alimentée par ce type de médiatisation des clichés antijuifs sur la toile", a ajouté M. Ghozlan.
La France a récemment été le théâtre de plusieurs actions antisémites.
Une Chinoise et sa fille, qui vendaient à Paris des débardeurs portant des inscriptions antisémites, ont été placées sous le statut de témoin assisté et remises en liberté jeudi. Une information judiciaire a été ouverte pour "provocation à la haine, à la discrimination et à la violence raciale".
Il y a quelques jours, des murs à Ajaccio ont été couverts de graffitis antisémites, selon M. Ghozlan.
Après l'agression d'un jeune Juif le 21 juin à Paris, un militaire de l'armée de l'air de la base de Taverny (Val d'Oise), avait été mis en examen pour "tentative de meurtre et violence en réunion aggravées par leur caractère antisémite".
"On a toute la palette de la communication antisémite", a déploré Patrick Gaubert, président de la Licra. Un antisémitisme "qui se ressource dans les pires périodes de l'Histoire", a estimé le président d'honneur de la Ligue des droits de l'homme, Michel Tubiana.
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Propos recueillis par Laure Daussy (lefigaro.fr)
12/08/2008 | Mise à jour : 21:51 | Commentaires 57 .
Le T-shirt portant des propos antisémites, vendu dans une boutique dans le XIXème arrondissement de Paris. Crédits photo : AFP
INTERVIEW - Le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA) a porté plainte suite à la vente de T-shirts portant des inscriptions antisémites dans le XIXème arrondissement de Paris. Sammy Ghozlan, président du BNVCA réagit.
Comment avez-vous découvert ces tee-shirts ?
C'est une passante qui nous a alerté, après avoir découvert ces T-shirts dans une boutique dans le XIXème arrondissement de Paris. Elle nous a appelé pour savoir ce qu'il fallait faire face à ces ventes illicites. On lui a dit de prendre une photo, pour avoir des preuves et d'acheter un T-shirt, ce qu'elle a fait. Une fois ces preuves rassemblées, nous avons décidé de porter plainte. Il restait huit tee-shirts dimanche. Mardi matin, il n'en restait plus que trois, qui étaient tous réservés et qui ont été vendus.
Ces débardeurs portaient les inscriptions en allemand «Juden eintritt in die parkanlagen verboten» et en polonais «Zydom wstep do parku wzbronionyio», ce qui veut dire «Entrée du parc interdite aux juifs». Cela reproduit des panneaux d'interdiction visant les juifs du ghetto de Lodz, en Pologne en 1940.
Avez-vous déjà été confronté à cette forme d'antisémitisme ?
C'est la première fois que l'on voit un vêtement qui a été fabriqué intentionnellement avec un message antisémite. On a déjà vu des gens qui conservaient des objets antisémites de l'époque nazie, comme des pancartes anti-juives, mais c'est la première fois que l'on voit ainsi quelque chose de neuf.
Qui pourrait en être à l'origine ?
Nous n'en avons aucune idée. Cette vente de vêtement dans le XIX ème est d'autant plus troublante que dans cet arrondissement, des juifs se plaignent fréquemment d'être les victimes de bandes de délinquants antisémites. Mais nous ne savons pas si c'est lié.
Je pense que les vendeurs ne réalisaient pas la gravité du message imprimé sur les vêtements qu'ils vendaient. D'un autre côté, les termes de « Juden » et «verboten » sont maintenant connus dans le monde entier, ils ne pouvaient pas l'ignorer. On espère découvrir grâce à l'enquête policière l'ensemble de la chaîne de production. Fabricant, grossiste, importateur éventuel, mais aussi savoir qui a acheté ces tee-shirts.
Cette vente est-elle inquiétante à vos yeux ?
Oui, elle reflète le climat d'antisémitisme actuel. La parole anti-juive est libérée. On assiste à une banalisation des propos antisémites. Suite à cette vente de tee-shirts, on voit d'ailleurs déjà des réactions de gens sur des forums qui affirment qu'ils en auraient bien voulu un. En dépit de tout ce qui est fait par les pouvoirs publics pour contrer l'antisémitisme, il y en a de plus en plus.
On nous a d'ailleurs aussi alerté sur des tags antisémites présents la semaine dernière près du quartier St Paul, à Paris, marqués « Juif =voleur». Des tags similaires à ceux qui ont été retrouvé à Neuilly et pour lesquels Jean Sarkozy a porté plainte. Nous ne savons pas si ces différents tags sont liés. Nous allons également porter plainte.
Vidéo antisémite sur internet: une association porte plainte
14 août 2008
PARIS (AFP) — Un défilé de photos de personnalités juives ou supposées sur fond de chanson antisémite des années 30 : ce montage diffusé sur des sites de partage vidéo suscite une nouvelle action en justice du Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA).
"J'ai déposé plainte mardi contre Dailymotion et l'auteur d'une vidéo égrenant sur le site les photos de personnalités juives ou supposées, sur fond de chanson antisémite, et comme je viens d'apprendre que YouTube diffusait le même film, je vais déposer plainte contre eux", a annoncé jeudi à l'AFP le président du BNVCA, Sammy Ghozlan.
Cette plainte était à l'étude jeudi après-midi au parquet de Paris qui peut décider d'ouvrir une enquête ou la classer sans suite.
Les photos de plus de 150 hommes politiques, vedettes de la télévision, journalistes, écrivains, philosophes, acteurs, humoristes, chanteurs connus défilent pendant plus de cinq minutes avec, en fond musical, une chanson antisémite intitulée "La noce à Rébecca".
Cette chanson créée en 1927 par Georgius, et reprise par Fernandel, évoque une noce de mariés de confession juive, où les participants sont notamment dépeints comme "sales, grossiers et voleurs". Selon le texte, un participant à la noce dérobe les couverts en argent et une bagarre éclate pour un vol de 2 sous.
Le BNVCA a saisi le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pour lui demander "un plus grand contrôle de Dailymotion, voire sa fermeture en cas de récidive" et a demandé au gouvernement "des mesures sévères contre Dailymotion et ses dirigeants qui hébergent la diffusion de ces vidéos illégales et antisémites sans en contrôler leur contenu au préalable".
Interrogé par l'AFP, Dailymotion a répondu : "Notre statut d'hébergeur ne nous oblige pas à surveiller les contenus en ligne, mais nous oblige en revanche à les retirer dès qu'on nous signale un contenu illicite ou contrefaisant". Le site précise que la vidéo incriminée "est en cours de traitement".
De son côté, YouTube a dit ne pas être au courant d'une plainte du BNVCA le visant. "Les conditions d'utilisation de YouTube interdisent les contenus inconvenants. Les vidéos qui violent nos conditions peuvent aisément être signalés sur le site (...) et nos personnels prendront des actions appropriées", a déclaré à l'AFP une porte-parole de YouTube à Paris.
"La France officielle n'est pas antisémite, toutefois la parole antisémite s'est libérée, elle est alimentée par ce type de médiatisation des clichés antijuifs sur la toile", a ajouté M. Ghozlan.
La France a récemment été le théâtre de plusieurs actions antisémites.
Une Chinoise et sa fille, qui vendaient à Paris des débardeurs portant des inscriptions antisémites, ont été placées sous le statut de témoin assisté et remises en liberté jeudi. Une information judiciaire a été ouverte pour "provocation à la haine, à la discrimination et à la violence raciale".
Il y a quelques jours, des murs à Ajaccio ont été couverts de graffitis antisémites, selon M. Ghozlan.
Après l'agression d'un jeune Juif le 21 juin à Paris, un militaire de l'armée de l'air de la base de Taverny (Val d'Oise), avait été mis en examen pour "tentative de meurtre et violence en réunion aggravées par leur caractère antisémite".
"On a toute la palette de la communication antisémite", a déploré Patrick Gaubert, président de la Licra. Un antisémitisme "qui se ressource dans les pires périodes de l'Histoire", a estimé le président d'honneur de la Ligue des droits de l'homme, Michel Tubiana.
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