Dieudonné et ceux qui l'environnent
Dieudonné, côté obscur
grand angleAprès sa dernière provocation avec le négationniste Faurisson, enquête sur les amis de l’humoriste. Militants d’extrême droite et Français issus de l’immigration, réunis dans la détestation du «sionisme» et de l’Etat d’Israël. Après
56 réactions
CHRISTOPHE FORCARI
Dieudonné. (AFP)
Ultime provocation d’un histrion à la carrière en berne pour attirer les feux des projecteurs ou aboutissement logique d’une démarche entamée il y a plusieurs années ? Comment, à 43 ans, Dieudonné - l’ex-comparse d’Elie Semoun, qui s’était présenté à Dreux, en 1997, face à la candidate lepéniste Marie-France Stirbois, dénonçant alors «le cancer FN» et le «grand manitou borgne» - en est-il arrivé à inviter, pour la dernière de son spectacle «J’ai fait le con», au Zénith, Robert Faurisson, le pape du négationnisme (lire ci-contre) ? Pourquoi a-t-il fait baptiser sa fille Plume, en juillet à Bordeaux, dans la paroisse traditionaliste de l’abbé Laguérie, qui avait prononcé l’homélie funèbre du milicien Paul Touvier ? Et pourquoi lui a-t-il choisi pour parrain le président du Front national ?
Sur la scène du Zénith à Paris, ce vendredi 26 décembre, devant 5 000 personnes, son public habituel, jeune, black et beur, un des assistants du showman, habillé en déporté avec l’étoile jaune, lui remet le «prix de l’infréquentabilité et de l’insolence».Les spectateurs qui ne connaissent pas forcément le géronte du révisionnisme français applaudissent timidement puis se lâchent de bon cœur quand il s’agit de conspuer «le sionisme» ou d’applaudir «la résistance palestinienne». Sur le côté de la scène, dans les promenoirs, Jean-Marie Le Pen assiste au spectacle en compagnie de son épouse Jany. Le lendemain, à l’annonce de la nouvelle, Marine Le Pen, vice-présidente du FN et benjamine des trois filles du leader d’extrême droite, envoie un SMS énervé à ses collaborateurs parisiens. «Cette mise en scène est affligeante. Ces types sont dingues !!!!»écrit-elle. Après s’être dit «étonné» et «choqué», Le Pen se ravise pour convenir que «Dieudonné avait un peu exagéré».
Dans la salle, beaucoup plus en vue, se trouvent aussi Kemi Seba, leader du groupuscule noir racialiste, la Tribu Ka, dissout en juillet 2006 pour «appel à la violence et antisémitisme», et actuel président du Mouvement des damnés de l’impérialisme. Ou Ginette Skandrani, exclue des Verts pour «cryptonégationnisme». Il y a aussi Philippe Olivier, l’époux de Marie-Caroline Le Pen, passé dans les rangs mégretistes lors de la scission de 1998, conseiller officieux de Marine Le Pen. Julien Lepers, l’animateur de Questions pour un champion, est également à la soirée.
En rabbin ultra-orthodoxe
Pour se défendre, Dieudonné invoque «la défense de la liberté d’expression» ou la nécessité des coups de pub pour assurer la promo de ses spectacles. Comme les médias sont aux mains de «lobbies», selon la vieille rengaine de tous les ultras, Dieudonné s’en trouve donc exclu.«Quand t’es boycotté, censuré comme moi […]. J’avais pas les moyens de faire autre chose. Vous savez combien ça coûte une campagne de promotion sur TF1 vous ? J’ai appelé mon pote Jean-Marie. Je lui ai dit ça fait trois ans que j’essaie de passer dans les médias, c’est la galère. Alors j’ai eu une idée : est-ce que vous pourriez être le parrain de ma fille ? Ça peut relancer ma carrière», tentait-il de se dédouaner en juillet, devant ses fans réunis à la Main d’or, son théâtre et QG, dans le XIe à Paris.
L’humoriste se pose en victime, en paria du système. Une défroque endossée avant lui par Jean-Marie Le Pen. Depuis des années, Dieudonné gravite en effet au sein d’une nébuleuse qui s’étend des représentants de la banlieue issus de l’immigration aux groupuscules d’extrême droite les plus radicaux, réunis sous la même bannière d’un antisionisme prononcé. En 2002, il se lance dans la présidentielle sans aller jusqu’au bout, faute de réunir les 500 parrainages exigés. Né d’une mère d’origine nantaise et d’un père camerounais expert comptable, marié à une Bordelaise, Dieudonné M’bala M’bala profite de sa campagne pour dénoncer «le deux poids deux mesures»dans l’indemnisation des descendants de victime de crime historique. En clair, les rescapés de la Shoah et leurs descendants sont mieux lotis que les fils des victimes de la traite des Noirs.
En 2003, sur le plateau de l’émission de Marc-Olivier Fogiel, On ne peut pas plaire à tout le monde, déguisé en rabbin ultra-orthodoxe, il dénonce «l’axe américano-sioniste» avant de conclure par un tonitruant «Isra Heil!». Un «sketch» qui lui vaudra une première condamnation pour «diffamation publique à caractère racial».
Nouvelle étape lors des européennes de 2004. Dieudonné se présente sur les listes Euro-Palestine avant d’en être écarté - déjà - à cause de ses fréquentations douteuses. Dans cette mouvance, il retrouve Alain Soral, essayiste romancier ancien du PCF et aventurier politique. Et Fatiha Kaoues dont le compagnon d’alors est Nouari Khiari, connu sous le pseudonyme d’«Abdelnour» dans les milieux islamistes radicaux et pour ses violentes diatribes contre l’Etat d’Israël. Homme d’affaires, entrepreneur, Nouari Khiari est également un proche de Farid Smahi, ex-conseiller régional FN d’Ile-de-France. Les deux hommes seront à l’origine du déplacement très médiatisé de Le Pen sur la dalle d’Argenteuil (Val-d’Oise) en avril 2007, là même ou Sarkozy avait lancé son fameux Kärcher. Nouari Khiari interceptait alors les passants pour leur proposer d’aller discuter avec Le Pen. En avril 2005, Khiari avait été interpellé et poursuivi pour «banqueroute par détournements d’actifs, défaut de comptabilité, abus de biens sociaux et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste».
Au Bourget ou à Damas
Dans la sphère des amis du comédien figure également Ahmed Moualek, animateur du site «La banlieue s’exprime». A l’été 2006, ce dernier participe à un voyage au Sud-Liban et en Syrie avec Dieudonné, l’inévitable Alain Soral, Thierry Meyssan, le fondateur du réseau Voltaire et Fréderic Chatillon, ex-responsable du GUD (Groupe union défense, organisation étudiante d’extrême droite), qui a longtemps entretenu des liens étroits avec le général Mustapha Tlass, ancien chef des services secrets syriens. Cet homme fort de Damas s’était fait une marotte de financer les groupes d’extrême droite occidentaux et l’impression d’opuscules révisionnistes dont le fameux Protocole des sages de Sion, classique de la littérature antisémite. Alain Soral sera, lui, à l’origine du tournant «national républicain» de Le Pen, pendant la dernière campagne présidentielle. Lors de son discours de Valmy en septembre 2006, le leader d’extrême droite invite les Français issus de l’immigration à voter FN. Ahmed Moualek, sur le site de La banlieue s’exprime, n’hésitera pas à dire tout le bien qu’il pense du président du FN. Avec un appel au vote à peine dissimulé.
En 2005, un nouveau personnage apparaît dans la nébuleuse du théâtre de la Main-d’or. Il s’agit de Marc Robert, de son vrai nom Marc George, ex-candidat FN aux municipales de 1995 à Eragny (Val-d’Oise). Il est réputé pour faire volontiers le coup-de-poing et perturber les meetings de Philippe de Villiers. En 2006, il devient le directeur de campagne de Dieudonné avant que celui-ci ne jette une nouvelle fois l’éponge. Aujourd’hui secrétaire général de l’association Egalité et réconciliation, dirigée par l’essayiste Alain Soral, Marc Robert a été un des organisateurs de la visite de Dieudonné à la fête Bleu-Blanc-Rouge (BBR) au Bourget en novembre 2006. Candidat FN à Nice aux dernières municipales, le Front lui a, selon un cadre du mouvement, reproché «un score inversement proportionnel à ses notes de frais».
Toto, Hitler et les Pygmées
La visite de courtoisie de Dieudonné aux BBR et la poignée de mains échangée avec Le Pen ne resteront pas sans suite. En décembre 2007, l’état-major du FN, quasiment au grand complet s’installe dans le carré VIP de la salle du Zénith ou Dieudonné joue la dernière de son spectacle «Dépôt de bilan». Bruno Gollnisch, qui avait reçu le soutien de Dieudonné lorsqu’il avait été mis en cause pour ses propos révisionnistes, a fait le déplacement. Comme Jany Le Pen accompagné par Frédéric Chatillon et Thierry Meyssan.
Au fil de son one-man-show, Dieudonné multiplie les allusions à la communauté juive, en prenant soin de rester à la lisière légale de l’antisémitisme. Il mine un journaliste jouant les carpettes aux ordres de Roger Cukierman, alors président du Conseil représentatif des institutions juives de France. «Comment M. Cukierman, vous avez un rhume ? Mais on va faire la une tout de suite», lance-t-il face à un public jeune très majoritairement black et beur qui réagit au quart de tour à toutes les allusions visant la communauté juive. Mêmes francs éclats de rires quand il parodie les derniers jours de Hitler dans son bunker ou encore quand il raconte l’histoire de Toto qui conteste l’existence des chambres à air…
La liaison avec le FN se poursuivra encore, en mars 2007, avec un voyage au Cameroun en compagnie de Jany Le Pen, pseudo-humanitaire et destiné à attirer l’attention des Français sur le sort des Pygmées.
Dieudonné n’a eu de cesse de se rapprocher de groupes ou de personnes à l’antisémitisme à peine dissimulé sous couvert de pourfendre «l’axe américano-sioniste». Le théâtre de la Main-d’or sert ainsi de dépôt-vente au tout nouveau bimensuel d’extrême droite Flash. En septembre, à l’issue d’une manifestation contre l’Etat hébreu interdite par la préfecture de police, les organisations à l’origine de cet appel se sont repliées au théâtre de la Main-d’or pour une conférence de presse improvisée. Thomas Werlet, président fondateur de la Droite socialiste, prend alors la parole. Les RG ont remarqué que des tracts et imprimés de ce groupuscule ultra - comme une affiche indiquant «Le sionisme, c’est comme la gangrène ! On l’élimine ou on en crève !» - transitaient par le théâtre de la Main_d’or.
Avec un tel passé récent, la présence de Robert Faurisson au côté de Dieudonné apparaît quasi naturelle. Ce rassemblement hétéroclite, ce «syndicat des ostracisés», selon l’expression du politologue Jean-Yves Camus, jouent la carte identitaire, noire, beur ou blanche à fond. Un retour à l’ethnicisme. L’extrême droite radicale vient de trouver des alliés contre leurs ennemis communs : le sionisme et l’Etat d’Israël. Elle mise sur une stratégie de tensions entre les différentes communautés dont les émeutes de 2005 ne seraient que les prémices. Une stratégie dont Dieudonné s’est fait le clown.
grand angleAprès sa dernière provocation avec le négationniste Faurisson, enquête sur les amis de l’humoriste. Militants d’extrême droite et Français issus de l’immigration, réunis dans la détestation du «sionisme» et de l’Etat d’Israël. Après
56 réactions
CHRISTOPHE FORCARI
Dieudonné. (AFP)
Ultime provocation d’un histrion à la carrière en berne pour attirer les feux des projecteurs ou aboutissement logique d’une démarche entamée il y a plusieurs années ? Comment, à 43 ans, Dieudonné - l’ex-comparse d’Elie Semoun, qui s’était présenté à Dreux, en 1997, face à la candidate lepéniste Marie-France Stirbois, dénonçant alors «le cancer FN» et le «grand manitou borgne» - en est-il arrivé à inviter, pour la dernière de son spectacle «J’ai fait le con», au Zénith, Robert Faurisson, le pape du négationnisme (lire ci-contre) ? Pourquoi a-t-il fait baptiser sa fille Plume, en juillet à Bordeaux, dans la paroisse traditionaliste de l’abbé Laguérie, qui avait prononcé l’homélie funèbre du milicien Paul Touvier ? Et pourquoi lui a-t-il choisi pour parrain le président du Front national ?
Sur la scène du Zénith à Paris, ce vendredi 26 décembre, devant 5 000 personnes, son public habituel, jeune, black et beur, un des assistants du showman, habillé en déporté avec l’étoile jaune, lui remet le «prix de l’infréquentabilité et de l’insolence».Les spectateurs qui ne connaissent pas forcément le géronte du révisionnisme français applaudissent timidement puis se lâchent de bon cœur quand il s’agit de conspuer «le sionisme» ou d’applaudir «la résistance palestinienne». Sur le côté de la scène, dans les promenoirs, Jean-Marie Le Pen assiste au spectacle en compagnie de son épouse Jany. Le lendemain, à l’annonce de la nouvelle, Marine Le Pen, vice-présidente du FN et benjamine des trois filles du leader d’extrême droite, envoie un SMS énervé à ses collaborateurs parisiens. «Cette mise en scène est affligeante. Ces types sont dingues !!!!»écrit-elle. Après s’être dit «étonné» et «choqué», Le Pen se ravise pour convenir que «Dieudonné avait un peu exagéré».
Dans la salle, beaucoup plus en vue, se trouvent aussi Kemi Seba, leader du groupuscule noir racialiste, la Tribu Ka, dissout en juillet 2006 pour «appel à la violence et antisémitisme», et actuel président du Mouvement des damnés de l’impérialisme. Ou Ginette Skandrani, exclue des Verts pour «cryptonégationnisme». Il y a aussi Philippe Olivier, l’époux de Marie-Caroline Le Pen, passé dans les rangs mégretistes lors de la scission de 1998, conseiller officieux de Marine Le Pen. Julien Lepers, l’animateur de Questions pour un champion, est également à la soirée.
En rabbin ultra-orthodoxe
Pour se défendre, Dieudonné invoque «la défense de la liberté d’expression» ou la nécessité des coups de pub pour assurer la promo de ses spectacles. Comme les médias sont aux mains de «lobbies», selon la vieille rengaine de tous les ultras, Dieudonné s’en trouve donc exclu.«Quand t’es boycotté, censuré comme moi […]. J’avais pas les moyens de faire autre chose. Vous savez combien ça coûte une campagne de promotion sur TF1 vous ? J’ai appelé mon pote Jean-Marie. Je lui ai dit ça fait trois ans que j’essaie de passer dans les médias, c’est la galère. Alors j’ai eu une idée : est-ce que vous pourriez être le parrain de ma fille ? Ça peut relancer ma carrière», tentait-il de se dédouaner en juillet, devant ses fans réunis à la Main d’or, son théâtre et QG, dans le XIe à Paris.
L’humoriste se pose en victime, en paria du système. Une défroque endossée avant lui par Jean-Marie Le Pen. Depuis des années, Dieudonné gravite en effet au sein d’une nébuleuse qui s’étend des représentants de la banlieue issus de l’immigration aux groupuscules d’extrême droite les plus radicaux, réunis sous la même bannière d’un antisionisme prononcé. En 2002, il se lance dans la présidentielle sans aller jusqu’au bout, faute de réunir les 500 parrainages exigés. Né d’une mère d’origine nantaise et d’un père camerounais expert comptable, marié à une Bordelaise, Dieudonné M’bala M’bala profite de sa campagne pour dénoncer «le deux poids deux mesures»dans l’indemnisation des descendants de victime de crime historique. En clair, les rescapés de la Shoah et leurs descendants sont mieux lotis que les fils des victimes de la traite des Noirs.
En 2003, sur le plateau de l’émission de Marc-Olivier Fogiel, On ne peut pas plaire à tout le monde, déguisé en rabbin ultra-orthodoxe, il dénonce «l’axe américano-sioniste» avant de conclure par un tonitruant «Isra Heil!». Un «sketch» qui lui vaudra une première condamnation pour «diffamation publique à caractère racial».
Nouvelle étape lors des européennes de 2004. Dieudonné se présente sur les listes Euro-Palestine avant d’en être écarté - déjà - à cause de ses fréquentations douteuses. Dans cette mouvance, il retrouve Alain Soral, essayiste romancier ancien du PCF et aventurier politique. Et Fatiha Kaoues dont le compagnon d’alors est Nouari Khiari, connu sous le pseudonyme d’«Abdelnour» dans les milieux islamistes radicaux et pour ses violentes diatribes contre l’Etat d’Israël. Homme d’affaires, entrepreneur, Nouari Khiari est également un proche de Farid Smahi, ex-conseiller régional FN d’Ile-de-France. Les deux hommes seront à l’origine du déplacement très médiatisé de Le Pen sur la dalle d’Argenteuil (Val-d’Oise) en avril 2007, là même ou Sarkozy avait lancé son fameux Kärcher. Nouari Khiari interceptait alors les passants pour leur proposer d’aller discuter avec Le Pen. En avril 2005, Khiari avait été interpellé et poursuivi pour «banqueroute par détournements d’actifs, défaut de comptabilité, abus de biens sociaux et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste».
Au Bourget ou à Damas
Dans la sphère des amis du comédien figure également Ahmed Moualek, animateur du site «La banlieue s’exprime». A l’été 2006, ce dernier participe à un voyage au Sud-Liban et en Syrie avec Dieudonné, l’inévitable Alain Soral, Thierry Meyssan, le fondateur du réseau Voltaire et Fréderic Chatillon, ex-responsable du GUD (Groupe union défense, organisation étudiante d’extrême droite), qui a longtemps entretenu des liens étroits avec le général Mustapha Tlass, ancien chef des services secrets syriens. Cet homme fort de Damas s’était fait une marotte de financer les groupes d’extrême droite occidentaux et l’impression d’opuscules révisionnistes dont le fameux Protocole des sages de Sion, classique de la littérature antisémite. Alain Soral sera, lui, à l’origine du tournant «national républicain» de Le Pen, pendant la dernière campagne présidentielle. Lors de son discours de Valmy en septembre 2006, le leader d’extrême droite invite les Français issus de l’immigration à voter FN. Ahmed Moualek, sur le site de La banlieue s’exprime, n’hésitera pas à dire tout le bien qu’il pense du président du FN. Avec un appel au vote à peine dissimulé.
En 2005, un nouveau personnage apparaît dans la nébuleuse du théâtre de la Main-d’or. Il s’agit de Marc Robert, de son vrai nom Marc George, ex-candidat FN aux municipales de 1995 à Eragny (Val-d’Oise). Il est réputé pour faire volontiers le coup-de-poing et perturber les meetings de Philippe de Villiers. En 2006, il devient le directeur de campagne de Dieudonné avant que celui-ci ne jette une nouvelle fois l’éponge. Aujourd’hui secrétaire général de l’association Egalité et réconciliation, dirigée par l’essayiste Alain Soral, Marc Robert a été un des organisateurs de la visite de Dieudonné à la fête Bleu-Blanc-Rouge (BBR) au Bourget en novembre 2006. Candidat FN à Nice aux dernières municipales, le Front lui a, selon un cadre du mouvement, reproché «un score inversement proportionnel à ses notes de frais».
Toto, Hitler et les Pygmées
La visite de courtoisie de Dieudonné aux BBR et la poignée de mains échangée avec Le Pen ne resteront pas sans suite. En décembre 2007, l’état-major du FN, quasiment au grand complet s’installe dans le carré VIP de la salle du Zénith ou Dieudonné joue la dernière de son spectacle «Dépôt de bilan». Bruno Gollnisch, qui avait reçu le soutien de Dieudonné lorsqu’il avait été mis en cause pour ses propos révisionnistes, a fait le déplacement. Comme Jany Le Pen accompagné par Frédéric Chatillon et Thierry Meyssan.
Au fil de son one-man-show, Dieudonné multiplie les allusions à la communauté juive, en prenant soin de rester à la lisière légale de l’antisémitisme. Il mine un journaliste jouant les carpettes aux ordres de Roger Cukierman, alors président du Conseil représentatif des institutions juives de France. «Comment M. Cukierman, vous avez un rhume ? Mais on va faire la une tout de suite», lance-t-il face à un public jeune très majoritairement black et beur qui réagit au quart de tour à toutes les allusions visant la communauté juive. Mêmes francs éclats de rires quand il parodie les derniers jours de Hitler dans son bunker ou encore quand il raconte l’histoire de Toto qui conteste l’existence des chambres à air…
La liaison avec le FN se poursuivra encore, en mars 2007, avec un voyage au Cameroun en compagnie de Jany Le Pen, pseudo-humanitaire et destiné à attirer l’attention des Français sur le sort des Pygmées.
Dieudonné n’a eu de cesse de se rapprocher de groupes ou de personnes à l’antisémitisme à peine dissimulé sous couvert de pourfendre «l’axe américano-sioniste». Le théâtre de la Main-d’or sert ainsi de dépôt-vente au tout nouveau bimensuel d’extrême droite Flash. En septembre, à l’issue d’une manifestation contre l’Etat hébreu interdite par la préfecture de police, les organisations à l’origine de cet appel se sont repliées au théâtre de la Main-d’or pour une conférence de presse improvisée. Thomas Werlet, président fondateur de la Droite socialiste, prend alors la parole. Les RG ont remarqué que des tracts et imprimés de ce groupuscule ultra - comme une affiche indiquant «Le sionisme, c’est comme la gangrène ! On l’élimine ou on en crève !» - transitaient par le théâtre de la Main_d’or.
Avec un tel passé récent, la présence de Robert Faurisson au côté de Dieudonné apparaît quasi naturelle. Ce rassemblement hétéroclite, ce «syndicat des ostracisés», selon l’expression du politologue Jean-Yves Camus, jouent la carte identitaire, noire, beur ou blanche à fond. Un retour à l’ethnicisme. L’extrême droite radicale vient de trouver des alliés contre leurs ennemis communs : le sionisme et l’Etat d’Israël. Elle mise sur une stratégie de tensions entre les différentes communautés dont les émeutes de 2005 ne seraient que les prémices. Une stratégie dont Dieudonné s’est fait le clown.
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