Arte a décidé de rompre ses relations de coopération avec la télévision polonaise de service public, la TVP (Telewizja Polska). Dans un courrier adressé le 18 février à Piotr Farfal, directeur général de la TVP, Jérôme Clément, président de la chaîne culturelle franco-allemande, explique qu'il a choisi de dénoncer le contrat d'association entre les deux chaînes en raison "de valeurs qui ne sont pas les nôtres et qui sont incompatibles avec l'histoire d'Arte".
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En effet, M. Farfal est militant actif de la LPR (Liga Polskich Rodzin), un mouvement politique ultracatholique, nationaliste et antisémite. "Nous devons reconnaître que les valeurs européennes ne sont pas partagées par le parti avec lequel est lié l'actuel président de TVP", écrit M. Clément, en assurant que Arte poursuivra les projets déjà en cours. "Toutefois, nous avons décidé de suspendre nos contacts commerciaux jusqu'au moment de l'élection d'un nouveau président de la télévision publique polonaise."
Basée à Varsovie, la TVP comporte deux chaînes nationales et un réseau de douze chaînes décentralisées dans les régions. Liées depuis 1996 par un accord de coopération, Arte et la TVP avaient signé, en 2000, un nouvel accord d'association qui prévoyait d'augmenter le volume de leurs coproductions. Cette coopération entre les deux chaînes permettait aussi une large diffusion des programmes d'Arte sur les deux chaînes de la TVP, ainsi que sur les réseaux câblés polonais.
Mais, fin décembre 2008, la situation politique s'est détériorée en Pologne avec l'émergence de la LPR et de Samoobrona, un parti populiste. Deux formations qui ont jeté leur dévolu sur la télévision publique. Avant Noël, leurs représentants ont fait débarquer le président du conseil de surveillance de la TVP pour le remplacer par M. Farfal. Une décision aussitôt contestée par une grande partie du conseil, qui a dénoncé ce coup de force en faisant valoir que plusieurs membres étaient absents au moment du vote. L'affaire a été portée devant le tribunal qui, contre toute attente, a légalisé la composition du nouveau conseil de surveillance et la nomination de M. Farfal à la tête de la télévision publique.
Cette légitimation des partis d'extrême droite et les relents d'antisémitisme ont suscité une certaine inquiétude en Pologne. Le quotidien Gazeta Wyborcza (La Gazette électorale), dirigé par Adam Michnik, cofondateur en 1976 du Comité de défense des ouvriers (KOR) et conseiller du syndicat Solidarité, a dénoncé la proximité de M. Farfal avec la mouvance néo-nazie et cité ses propos antisémites publiés dans un journal il y a quelques années : "Les répressions sévères à l'égard des juifs sont nécessaires, si notre peuple veut se développer d'une manière saine (...) Il est temps de chasser les juifs de toute l'Europe."
Daniel Psenny
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En effet, M. Farfal est militant actif de la LPR (Liga Polskich Rodzin), un mouvement politique ultracatholique, nationaliste et antisémite. "Nous devons reconnaître que les valeurs européennes ne sont pas partagées par le parti avec lequel est lié l'actuel président de TVP", écrit M. Clément, en assurant que Arte poursuivra les projets déjà en cours. "Toutefois, nous avons décidé de suspendre nos contacts commerciaux jusqu'au moment de l'élection d'un nouveau président de la télévision publique polonaise."
Basée à Varsovie, la TVP comporte deux chaînes nationales et un réseau de douze chaînes décentralisées dans les régions. Liées depuis 1996 par un accord de coopération, Arte et la TVP avaient signé, en 2000, un nouvel accord d'association qui prévoyait d'augmenter le volume de leurs coproductions. Cette coopération entre les deux chaînes permettait aussi une large diffusion des programmes d'Arte sur les deux chaînes de la TVP, ainsi que sur les réseaux câblés polonais.
Mais, fin décembre 2008, la situation politique s'est détériorée en Pologne avec l'émergence de la LPR et de Samoobrona, un parti populiste. Deux formations qui ont jeté leur dévolu sur la télévision publique. Avant Noël, leurs représentants ont fait débarquer le président du conseil de surveillance de la TVP pour le remplacer par M. Farfal. Une décision aussitôt contestée par une grande partie du conseil, qui a dénoncé ce coup de force en faisant valoir que plusieurs membres étaient absents au moment du vote. L'affaire a été portée devant le tribunal qui, contre toute attente, a légalisé la composition du nouveau conseil de surveillance et la nomination de M. Farfal à la tête de la télévision publique.
Cette légitimation des partis d'extrême droite et les relents d'antisémitisme ont suscité une certaine inquiétude en Pologne. Le quotidien Gazeta Wyborcza (La Gazette électorale), dirigé par Adam Michnik, cofondateur en 1976 du Comité de défense des ouvriers (KOR) et conseiller du syndicat Solidarité, a dénoncé la proximité de M. Farfal avec la mouvance néo-nazie et cité ses propos antisémites publiés dans un journal il y a quelques années : "Les répressions sévères à l'égard des juifs sont nécessaires, si notre peuple veut se développer d'une manière saine (...) Il est temps de chasser les juifs de toute l'Europe."
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