Monday, June 29, 2009

Silence sur le procès du gang des barbares…
J-Ph Katz

mercredi 24 juin 2009

Depuis plusieurs semaines se déroule le procès de Youssouf Fofana, chef désigné, et parfois autoproclamé du gang des barbares. Certes, le huis-clos entraîne une pénurie d’informations sur le déroulement des débats, mais une question se pose : pourquoi un tel silence dans les médias ?


Comment expliquer qu’un tel fait divers, largement commenté à l’époque en raison de sa cruauté inimaginable, ne suscite que quelques entrefilets ?

Premier constat : Youssouf Fonana est décrit comme « dérangé », changeant d’avocat chaque matin, vociférant contre le lobby juif, se présentant comme combattant d’Allah, etc. Bref, ce type est taré, et la justice n’aura pas plus d’éléments pour comprendre les motivations du barbare en chef et le déroulement des faits. Conclusion : la dimension antisémite n’est qu’une conséquence un peu débile d’une dérive psychologique personnelle. Seul un fou peut accomplir de tels actes, et un fou ça s’enferme, et parfois, ça se soigne.

Et si le meurtrier est fou, ses complices apparaissent comme des victimes, certes dociles de ce psychopathe, mais loin de se douter que Fofana puisse se transformer en meurtrier. Il y a certainement des circonstances atténuantes à faire valoir pour l’un ou l’autre des membres du « gang », mais ils ont pourtant vu Ilan Halimi attaché dans une cave, dans un état lamentable, sans éprouver d’affect. La barbarie n’est pas la folie.

Ce délire du principal accusé permet également de ne pas aborder l’environnement de ce fait divers. En effet, ce ne sont pas des malades mentaux qui font exploser des trains anglais ou espagnols, qui égorgent Daniel Pearl ou qui se font exploser dans des bus israéliens (même si le Hamas ou Al Qaïda ont effectivement utilisé des handicapés pour commettre des attentats).

Une industrie est à l’œuvre, qui confond allègrement juifs et israéliens, civils et militaires, avec de multiples franchises plus ou moins déclarées, plus ou moins maffieuses. Rappelons-nous les terroristes de Bombay s’attaquant à des juifs avec l’intention préméditée de les assassiner. Eux aussi sont convaincus que le judaïsme international, le complot sioniste, sont à liquider sans tarder. Et comme l’idéologie, c’est la logique d’une idée, il n’y a pas lieu de s’étonner que certains tirent les conséquences ultimes de leur doctrine.

Et que font les médias pour éduquer ces cerveaux en France ? Ils s’approvisionnent sur You Tube pour dénoncer l’intervention israélienne à Gaza sans vérifier la séquence, ils défendent bec et ongles un reportage illustrant la mort du petit Mohamed sans se poser la moindre question, ils interviewent sans relâche les israéliens les plus illuminés, ils accueillent avec compréhension des tenants de la théorie du lobby sioniste comme Tariq Ramadan ou Pascal Boniface (car si on a pas le droit de critiquer Israël, c’est que ses affidés sont bougrement influents et convaincants).

Si Youssouf Fofana est fou, son discours n’a aucun intérêt, aucune rationalité. Or, il se rapproche par bien des aspects de celui de Dieudonné, qui lui aussi a généré un silence gêné dans les médias. Je ne dis pas que l’humoriste est potentiellement capable de violence, je pense même qu’il est de nature paisible, mais ses discours laissent à penser que la puissance sioniste (et juive puisque nous sommes en France où les citoyens israéliens sont très peu nombreux) est immense.

Fofana exprime une pensée primitive mais fortement encrée dans les quartiers, qu’ils soient déshérités ou boboïsés. Car la triste originalité de l’époque, c’est la rencontre d’un antisémitisme traditionnel revigoré par une certaine actualité avec un antisionisme enragé. Il suffisait d’assister aux manifestations contre la guerre à Gaza l’hiver dernier pour en être convaincu.

Il ne faut à aucun prix que Fofana puisse apparaître comme un porte-parole ou un enfant dévoyé de cet attelage antisioniste, relayé par certaines chaînes satellites, et par une haine inouïe sur cet Internet si célébré par ailleurs.

Et je pense aujourd’hui à la famille Halimi, seule devant le meurtrier cinglé, comme est seule la communauté juive dans ce pays depuis une quinzaine d’années.


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