Une stratégie de la haine pro-palestinienne : le jumelage avec des camps de "réfugiés"
Journal l'Humanité Rubrique InternationalArticle paru dans l'édition du 3 décembre 2005.
mondeDouarnenez et Bagnolet jumelés avec des camps palestiniens
Une délégation des deux villes françaises s’est rendue dans les deux camps de réfugiés du Liban, dont celui de Chatila.
Beyrouth, envoyé spécial.
Claire ou Azzedine, Meryem ou Paul, Moussa ou Marie-Catherine, Mylène ou Pierot et bien d’autres : ils sont de la région parisienne, de la Bretagne, du Nord ou d’ailleurs. Certains ont juste la vingtaine, ont l’accent médiatisé de la cité, et découvrent la vie. Un autre est octogénaire, ancien résistant, toujours résistant. Ils côtoient un ancien ouvrier de Billancourt, la directrice d’un centre de danse, une responsable associative ou des personnes qui ont pour elles l’engagement de la vie. Tous étaient au Liban pour accompagner le jumelage de deux villes avec des camps palestiniens. Bagnolet est avec Chatila, tristement connu pour le massacre perpétré sous la vigilance du général Ariel Sharon en 1982 ; Douarnenez (Finistère) travaille maintenant avec le camp de Rachidiyeh, au sud, où s’entassent des milliers de personnes.
Il y a dans ce déplacement, organisé par l’association de jumelage entre les camps palestiniens et les villes françaises (dirigée par Fernand Tuil, présent au Liban), une solidarité qui dépasse le simple acte de bonté. Aider les Palestiniens, ces réfugiés de 1948 comme de 1967, oui ! Mais avec la compréhension de la situation politique et géostratégique. Avec la volonté de rendre la vie meilleure aux réfugiés de ces camps pourris et d’intervenir dans la résolution du conflit israélo-palestinien. Il suffit, dans les camps, d’arpenter les venelles au sol cahoteux, de lever le nez et voir les fils électriques pendouiller entre deux bâtiments qu’on a du mal à appeler immeuble. Il suffit de croiser le regard de ces jeunes qui rêvent d’avoir des ailes, chebab à la casquette retournée, au look résolument tourné vers ce qui est l’inverse de cet enfer quotidien, pour ne plus être le paria, le réfugié, celui dont personne ne veut. Il faut parler avec ces femmes - voilées ou non - qui donnent la vie et se battent avec dignité pour l’avenir de leurs enfants. Il faut comprendre le geste d’amour comme celui du refus, celui de l’enlacement comme celui du rejet. C’est la dure dialectique du camp de réfugiés palestiniens.
Les jumelages relèvent du combat. « Le document que nous signons engage les habitants de ma ville comme ceux du camp de Rachidiyeh, a souligné Monique Prévost, maire de Douarnenez (Finistère). Nous voulons aider à l’amélioration de la vie des habitants du camp. Nous ne nous limiterons pas à des mots. » Au-delà du partenariat, la maire s’est engagée à ce que les « citoyens de Douarnenez soient au courant de la situation » dans laquelle vivent les habitants du camp de Rachidiyeh, en rappelant que sa ville a « une tradition de luttes très forte ». À Chatila, Marc Everbeq, maire de Bagnolet (Seine-Saint-Denis), a déclaré que, en étant là, il voulait « montrer une image progressiste de la France », mais aussi affirmer, à l’attention des Palestiniens, que "rien ni personne ne nous empêchera d’être à vos côtés pour porter avec vous le « fardeau de l’espoir", comme disait Marmoud Darwish ». Un fardeau de l’espoir que la municipalité de Bagnolet a directement contribué à alléger en fournissant déjà des câbles électriques.
C’est à Rachidiyeh que la délégation française a pu rencontrer le responsable de l’OLP pour le Liban, Sultan Abou Ayneh. Celui-ci a tenu à préciser : « Il ne faut pas avoir peur du droit au retour (c’est la résolution 194 de l’ONU - NDLR). Nous sommes conscients que faire rentrer 5 millions de réfugiés palestiniens chez eux est impossible. D’après moi, les deux tiers refuseront de revenir pour vivre sous un drapeau israélien. » Tout en précisant que « les 17 000 Palestiniens qui sont morts au Liban n’ont pas combattu pour être libanais ni pour être des citoyens de seconde classe ». Un engagement politique, là encore, qui signifie l’absolue nécessité de la reconnaissance de l’exil des Palestiniens en 1948 et en 1967. C’est aussi le sens des jumelages entrepris par les villes de Bagnolet et de Douarnenez.
P. B.
mondeDouarnenez et Bagnolet jumelés avec des camps palestiniens
Une délégation des deux villes françaises s’est rendue dans les deux camps de réfugiés du Liban, dont celui de Chatila.
Beyrouth, envoyé spécial.
Claire ou Azzedine, Meryem ou Paul, Moussa ou Marie-Catherine, Mylène ou Pierot et bien d’autres : ils sont de la région parisienne, de la Bretagne, du Nord ou d’ailleurs. Certains ont juste la vingtaine, ont l’accent médiatisé de la cité, et découvrent la vie. Un autre est octogénaire, ancien résistant, toujours résistant. Ils côtoient un ancien ouvrier de Billancourt, la directrice d’un centre de danse, une responsable associative ou des personnes qui ont pour elles l’engagement de la vie. Tous étaient au Liban pour accompagner le jumelage de deux villes avec des camps palestiniens. Bagnolet est avec Chatila, tristement connu pour le massacre perpétré sous la vigilance du général Ariel Sharon en 1982 ; Douarnenez (Finistère) travaille maintenant avec le camp de Rachidiyeh, au sud, où s’entassent des milliers de personnes.
Il y a dans ce déplacement, organisé par l’association de jumelage entre les camps palestiniens et les villes françaises (dirigée par Fernand Tuil, présent au Liban), une solidarité qui dépasse le simple acte de bonté. Aider les Palestiniens, ces réfugiés de 1948 comme de 1967, oui ! Mais avec la compréhension de la situation politique et géostratégique. Avec la volonté de rendre la vie meilleure aux réfugiés de ces camps pourris et d’intervenir dans la résolution du conflit israélo-palestinien. Il suffit, dans les camps, d’arpenter les venelles au sol cahoteux, de lever le nez et voir les fils électriques pendouiller entre deux bâtiments qu’on a du mal à appeler immeuble. Il suffit de croiser le regard de ces jeunes qui rêvent d’avoir des ailes, chebab à la casquette retournée, au look résolument tourné vers ce qui est l’inverse de cet enfer quotidien, pour ne plus être le paria, le réfugié, celui dont personne ne veut. Il faut parler avec ces femmes - voilées ou non - qui donnent la vie et se battent avec dignité pour l’avenir de leurs enfants. Il faut comprendre le geste d’amour comme celui du refus, celui de l’enlacement comme celui du rejet. C’est la dure dialectique du camp de réfugiés palestiniens.
Les jumelages relèvent du combat. « Le document que nous signons engage les habitants de ma ville comme ceux du camp de Rachidiyeh, a souligné Monique Prévost, maire de Douarnenez (Finistère). Nous voulons aider à l’amélioration de la vie des habitants du camp. Nous ne nous limiterons pas à des mots. » Au-delà du partenariat, la maire s’est engagée à ce que les « citoyens de Douarnenez soient au courant de la situation » dans laquelle vivent les habitants du camp de Rachidiyeh, en rappelant que sa ville a « une tradition de luttes très forte ». À Chatila, Marc Everbeq, maire de Bagnolet (Seine-Saint-Denis), a déclaré que, en étant là, il voulait « montrer une image progressiste de la France », mais aussi affirmer, à l’attention des Palestiniens, que "rien ni personne ne nous empêchera d’être à vos côtés pour porter avec vous le « fardeau de l’espoir", comme disait Marmoud Darwish ». Un fardeau de l’espoir que la municipalité de Bagnolet a directement contribué à alléger en fournissant déjà des câbles électriques.
C’est à Rachidiyeh que la délégation française a pu rencontrer le responsable de l’OLP pour le Liban, Sultan Abou Ayneh. Celui-ci a tenu à préciser : « Il ne faut pas avoir peur du droit au retour (c’est la résolution 194 de l’ONU - NDLR). Nous sommes conscients que faire rentrer 5 millions de réfugiés palestiniens chez eux est impossible. D’après moi, les deux tiers refuseront de revenir pour vivre sous un drapeau israélien. » Tout en précisant que « les 17 000 Palestiniens qui sont morts au Liban n’ont pas combattu pour être libanais ni pour être des citoyens de seconde classe ». Un engagement politique, là encore, qui signifie l’absolue nécessité de la reconnaissance de l’exil des Palestiniens en 1948 et en 1967. C’est aussi le sens des jumelages entrepris par les villes de Bagnolet et de Douarnenez.
P. B.
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