Saturday, January 21, 2006

131 - Avant même sa sortie, le "Munich" de Spielberg crée la controverse

Alors que "Munich" sort mercredi sur les écrans français, et le lendemain en Israël, le nouveau film de Steven Spielberg sur la réaction israélienne à la prise d'otages sanglante des Jeux olympiques de 1972 crée déjà la polémique.
"Inspiré de faits réels": le bandeau qui lance la projection de "Munich" fait couler beaucoup d'encre. Si le film se veut avant tout une fiction, il se fonde sur des événements tragiques qui ont bien eu lieu et traite du conflit israélo-palestinien.
Conscient de la sensibilité de son sujet, Spielberg a tourné dans le plus grand secret, interdisant à ses acteurs et scénaristes de dévoiler quoi que ce soit à la presse, et n'a accordé qu'un seul entretien au magazine Time.
Le film, sorti le 23 décembre aux Etats-Unis, a reçu un accueil plutôt mitigé, notamment de la part de certains responsables israéliens.
Si certains agents du Mossad se sont publiquement émus de n'avoir pas été consultés, d'autres vont plus loin et estiment que Spielberg porte une responsabilité morale en renvoyant dos à dos terroristes palestiniens et agents secrets israéliens.
Car le message du film, qui se veut avant tout humaniste, est clair: la violence, celle des assassinats ciblés en l'occurence, même en réponse à un acte aussi odieux qu'une prise d'otages, n'engendre qu'encore plus de violence.
"C'est une équation morale incorrecte. En Israël nous le savons bien, a estimé le consul général de l'Etat hébreu à Los Angeles, Ehud Danoch,
dans le New York Times. Il y a une certaine prétention à essayer de traiter un conflit douloureux dans un film de deux heures et demie."
Les réactions arabes au film sont encore assez rares, même si certains ont estimé avant le tournage que le réalisateur de "La liste de Schindler" sur l'Holocauste, lui-même juif et défenseur de l'Etat d'Israël, n'était pas assez objectif pour traiter d'un tel sujet.
Le Palestinien Abou Daoud, principal planificateur de la prise d'otage, a lui aussi reproché à Spielberg de ne pas l'avoir rencontré pour connaître son point de vue et dénonce plusieurs erreurs factuelles.
"Les réactions palestiniennes seront certainement aussi critiques", prévoit l'actrice Hiam Abbass. Arabe et israélienne, elle a participé au tournage comme comédienne et comme consultante.
"C'est d'ailleurs une bonne chose qu'aucun camp ne soit satisfait, cela montre l'objectivité de Spielberg. Il était temps de mettre les deux peuples sur un pied d'égalité. Il n'y a que comme cela que les choses avancent", estime-t-elle.
Spielberg s'est d'ailleurs entouré de plusieurs conseillers très au fait de la situation au Moyen-Orient, comme Dennis Ross, ex-représentant des Etats-Unis dans la région.
Il n'en demeure pas moins que la vraie source d'inspiration du maître d'Hollywood reste le livre "Vengeance", publié en 1984 par le journaliste canadien George Jonas, et se fondant sur le récit d'un agent du Mossad, Yuval Aviv.
Pourtant, selon le quotidien israélien de centre-gauche Haaretz, l'authenticité de ce témoignage est sujette à caution et les services israéliens disent n'avoir jamais entendu parler de lui.
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