Saturday, January 21, 2006

132 - NAZRALLAH DU HEZBOLLAH SOUTIENT AHMADINEJAD


Les présidents syrien et iranien font cause commune

La Syrie s'est engagée à coopérer pleinement avec la commission d'enquête de l'ONU sur l'assassinat de Rafic Hariri, désormais dirigée par le magistrat belge Serge Brammertz, a indiqué hier le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan.
Thierry Oberlé [20 janvier 2006]
POUR SA PREMIERE visite bilatérale depuis son élection, l'ultraconservateur président iranien Mahmoud Ahmadinejad a mis le cap sur la Syrie pour une visite de deux jours. Le choix pourrait à première vue surprendre tant la République islamique des cléricaux iraniens paraît éloignée de l'État arabe laïc et baasiste dirigé par Bachar el-Assad. Mais les pressions internationales exercées contre les deux pays en font des partenaires obligés dans une sorte de nouveau front du refus. Le rapprochement n'est pas nouveau : en août dernier, Ahmadinejad avait promis à son homologue syrien, le premier chef d'État de passage à Téhéran après son investiture, un renforcement de la coopération irano-syrienne afin de mieux résister aux «menaces».
Aujourd'hui, le voyage d'Ahmadinejad à Damas tombe à pic pour prouver qu'il n'est pas aussi isolé qu'il n'y paraît sur la scène internationale. Et surtout de démontrer à l'opinion publique musulmane qu'il a l'appui indéfectible d'une capitale arabe dans son bras de fer avec l'Occident. Le président syrien Bachar el-Assad a ainsi exprimé à l'issue du premier jour de discussions son soutien à la volonté de l'Iran de se doter d'«une technologie nucléaire à des fins pacifiques». Avant d'appeler au démantèlement de l'arsenal nucléaire d'Israël.
Antisémite compulsif
De son côté, le président iranien persiste et signe. A Damas, il affiche son soutien à un régime lui aussi dans le collimateur des Nations unies depuis l'assassinat voici près d'un an de l'ex-premier ministre libanais Rafic Hariri. Un meurtre suivi quelques mois plus tard par un retrait forcé de l'armée syrienne du Liban en application de la résolution 1559 de l'ONU. «Notre position à propos des questions régionales est claire : nous rejetons toute ingérence étrangère», avait indiqué dès mercredi Ahmadinejad en évoquant la demande de désarmement du Hezbollah par les Nations unies en vertu de la résolution 1559.
Rattaché par des liens historiques à l'Iran, le puissant parti chiite libanais prosyrien est le trait d'union entre les uns et les autres. Mardi, ses partisans ont encore manifesté à proximité de l'ambassade des États-Unis à Beyrouth pour fustiger les «diktats US». Le Hezbollah prend pour prétexte le différend frontalier libano-israélien des fermes de Chebaa pour justifier son refus de déposer les armes. Le président Ahmadinejad ne peut qu'appuyer l'intransigeance de la milice libanaise.
Antisémite compulsif, il entend «rayer Israël de la carte» et qualifie l'Holocauste de «mythe». Le cheikh Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, a estimé hier que ces propos ont «dérangé certains dans la région et gêné d'autres», mais qu'après tout, ils expriment «le sentiment d'un milliard de musulmans dans le monde».
Mais dans le même temps, l'étau continue de se resserrer cran par cran contre son allié syrien. A la veille du déplacement du président iranien, l'Administration Bush a annoncé le gel des avoirs d'Assef Chaoukat, chef des services secrets syriens et beau-frère du président Bachar el-Assad en lui reprochant notamment ses relations avec le Hezbollah. L'homme de l'ombre est aussi présenté par Washington comme l'«un des architectes essentiels de la domination de la Syrie au Liban» et de la politique «suivie par la Syrie pour formenter le terrorisme contre Israël». Les Américains vont même jusqu'à l'accuser d'être mêlé à l'insurrection en Irak.

Pouvoir de nuisance
Source potentielle de désaccord entre Téhéran et Damas, l'Irak n'est pas pour l'instant une pomme de discorde. Car les deux proscrits ont intérêt au maintien d'un conflit, au moins de moyenne intensité, sur les terres de ce voisin frontalier. Le chaos irakien permet à Téhéran et à Damas d'entretenir un pouvoir de nuisance sur les Américains. Les Iraniens peuvent menacer d'une déstabilisation accrue via des groupes chiites. Et les Syriens de servir de point d'appui à la guérilla sunnite.
L'alliance entre le régime alaouite et les chiites iraniens remonte d'ailleurs à la guerre qui avait opposé de 1980 à 1988 l'Iran à l'Irak. «Nos relations avec la Syrie sont profondes, fraternelles et durables», a commenté le président Ahmadinejad. Mais c'est la cause palestinienne qui, une fois de plus, donne l'occasion de déclarations offensives. «Nous nous sommes mis d'accord pour appuyer le peuple palestinien dans sa résistance contre Israël», a assuré Bachar el-Assad.

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