LES JUIFS DE FRANCE VOTENT DE PLUS A PLUS A DROITE
La droite progresse au sein de l'electorat juif
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
-->AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des
victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir
chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
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Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
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Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
-->AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
-->AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des
victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir
chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
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Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
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Le nombre de responsables politiques présents la semaine dernière au dîner de radio J (de François Hollande à Philippe de Villiers) confirme l'enjeu du vote juif dans la perspective de 2007.
-->AU DÉBUT des années 2000, l'immense majorité des juifs de France se situaient à gauche ou au centre. Selon l'enquête du Fonds social unifié (1), 43% des juifs se disaient de gauche, 41% au centre et 14% seulement soutenaient la droite parlementaire. Tandis que 2% se revendiquaient d'extrême droite. Depuis, le curseur s'est nettement déplacé en direction de la droite parlementaire, en raison de l'inquiétude face à l'insécurité, des ratés de l'intégration ou encore des émeutes.
Mais au-delà de cette recomposition politique générale, les Français de confession juive ont de surcroît fait face à des agressions antisémites inédites depuis la Seconde Guerre mondiale. Entre 1999, où l'on avait compté 9 actes antisémites, et la fin 2000, avec près de 200 attaques, la sérénité d'une communauté souvent citée en modèle a volé en éclats. A l'époque, le gouvernement socialiste de Lionel Jospin tentait de minimiser la portée de ce nouvel antisémitisme porté par les enfants de l'immigration maghrébine. Gêné, le PS ne voulait voir dans ces agressions que de la banale délinquance. À l'extrême gauche, certains laissaient s'installer la confusion entre antisémitisme et antisionisme : la rage qui s'exprimait contre les juifs n'aurait été qu'une sorte de réplique des combats du Moyen-Orient. «Ce positionnement a pesé sur toute la gauche», analyse aujourd'hui Julien Dray. «D'autant que le PS n'a pas manifesté une position claire, ferme et lisible dès le départ», reconnaît encore le député de l'Essonne. «La gauche française considérait la communauté comme acquise, reprend-t-il, sans voir qu'elle s'était sentie abandonnée».
La désaffection aurait déjà pesé sur la présidentielle de 2002, assurent les socialistes. Des mots d'ordre en faveur d'Alain Madelin ou de François Bayrou ont effectivement circulé dans la communauté organisée qui réunit un tiers des 500 000 juifs de France. Les deux avaient participé au gigantesque défilé contre l'antisémitisme en avril 2002, ignoré du reste de la classe politique. Il faudra encore les manifestations contre la guerre en Irak et des dérapages antijuifs pour que les «principales figures du PS reprennent en main la question de l'antisémitisme», observe Patrick Klugman qui présidait alors l'Union des étudiants juifs. «Ils ont alors compris que des minorités discriminées pouvaient aussi être antisémites.» Par la suite, le discours s'est clarifié. Mais si les juifs ont pris acte du changement de ton, «cela n'a pour l'instant pas entraîné une réadhésion», estime celui qui siège aujourd'hui au Crif.
D'autant qu'en 2002, le nouveau ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prête, une attention particulière aux actes antisémites. Il multiplie les discours de fermeté, se rend auprès des victimes, reçoit les familles. «Beaucoup de juifs éprouvent de la gratitude pour Nicolas Sarkozy», concède Roger Cukierman, le président du Crif. «C'est encore sous la droite que la politique extérieure de la France a changé», poursuit-il. La mort de Yasser Arafat, le retrait de Gaza ou encore l'assassinat de Rafic Hariri ont, selon lui, modifié la position française vis-à-vis d'Israël.
Pour Villiers, «un enjeu symbolique»
Pour autant, le président du Crif ne prend pas pour argent comptant le sondage et insiste sur la pluralité des voix juives, soucieux de préserver les «bonnes relations» avec tous les partis. Le vote UDF reste d'ailleurs très important. «C'est une option antigaulliste traditionnelle dans les milieux séfarades qui n'ont pas pardonné l'abandon de l'Algérie», analyse Jean-Yves Camus. C'est aussi un choix centriste traditionnel. Mais pour la première fois depuis des décennies, une partie des juifs s'est tournée vers la droite avec une forte demande de sécurité et la crainte désormais affichée d'un affrontement avec les musulmans. Cela n'a pas échappé à Philippe de Villiers. Il assure avoir reçu le soutien spontané de nombreux juifs inquiets de «l'islamisation de la France».
A son tour, le président du MPF a multiplié les soutiens à la communauté juive : manifestation pour Ilan Halimi, intervention rue des Rosiers après la descente de gros bras de la Tribu KA, des «suprémacistes» noirs. Lundi dernier, il s'est fait applaudir chaleureusement au dîner de Radio J, où plusieurs ministres et des présidentiables s'étaient pressés. Plus qu'une quête de voix, Philippe de Villiers cherche une caution, estime le politologue Jean-Yves Camus. «La communauté est un enjeu symbolique, pour donner une légitimité à son discours contre l'islamisme.»
(1) Enquête menée en janvier 2002 auprès d'un échantillon représentatif au niveau national des ménages juifs de France (1 132 personnes).
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