MAGUEN DAVID ADOM ENFIN INTEGREE A LA CROIX ROUGE
La victoire du Magen David Adom
Ambre Grayman pour Guysen Israël News
Jeudi 22 juin 2006 à 10:49
" On ne réussit véritablement qu’à force de patientes défaites" dit un proverbe chinois. Une sage parole pour décrire la victoire remportée dans la nuit de 21 juin par le MDA. Près de 60 ans de tractations auront en effet été nécessaires pour que l’une des plus performantes équipes de secours au monde puisse être acceptée à part entière au sein du prestigieux Comité international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (CICR).
De prime abord, il pourrait s’agir d’une anodine histoire de symbole. Presque d’une querelle d’écoliers qui défendraient, face à une assemblée de professeurs, le dessin susceptible de représenter leur équipe. Dans la cour des grands, la dispute atteint une proportion bien plus dramatique. Rappel des faits : L’emblème traditionnel de la Croix-Rouge, qui existe depuis la fondation de l’organisation en 1859, représente le drapeau suisse inversé : croix rouge sur fond blanc. Ce choix relevait alors du parti pris de neutralité de l’organisation. Mais au fil du temps et selon les sociétés nationales, le symbole graphique s’est peu à peu chargé de références culturelles, politiques et — plus grave — religieuses. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle l’emblème du Croissant Rouge est adopté pour les sociétés nationales en terre d’Islam. Pendant la guerre russo-turque de 1876-1878 en effet, l’intervention d’ambulanciers arborant une croix froissant les susceptibilités des soldats musulmans, il est urgent de la remplacer par le croissant qui apparaît alors dans l’Empire ottoman, puis est officialisé en 1929.Tout se complique avec la création de l’état juif en 1948. La société de secours israélienne, le Magen David Adom (MDA), qui a logiquement d’utiliser le bouclier de David en forme d’étoile à six branches, voit son emblème rejeté en 1949 par une conférence du CICR. Ce refus bloque dès lors l’entrée du Magen David Adom au sein de l’organisation, et est vécu comme une humiliation par l’état hébreu.Dans les années quatre-vingt-dix, Cornelio Sommaruga, président du CICR, décide de réactualiser le débat en lançant un appel à la création d’un emblème additionnel "dépourvu de connotation religieuse, politique, ethnique ou autre". La Commission permanente de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge réceptive à l’appel, évoque, en 1999, lors de la Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, "le souhait de voir naître une solution globale à la question de l’emblème".Mais un nouveau camouflet est infligé à l’état hébreu en octobre 2000 lorsque le CICR décide de repousser une conférence destinée à résoudre le problème, suite aux tensions au Proche-Orient.Seule consolation pour Israël, la Croix-Rouge américaine décide de soutenir le MDA, en supprimant une partie de ses contributions (45 millions de francs suisse) à la fédération internationale des sociétés nationales qui regroupe l’ensemble des sociétés nationales.La question de l’acceptation du symbole juif se transforme en conflit politique, l’ensemble des sociétés des pays musulmans voulant également conditionner l’accord à un règlement de la question des territoires occupés et du droit du Croissant-Rouge palestinien à y exercer.Deux ans et de nombreuses négociations plus tard, un vote des parties contractantes aux Conventions de Genève permet d’adopter à une large majorité, un 3e protocole additionnel aux Conventions de 1949, prévoyant la création d’un emblème neutre supplémentaire : le "Cristal rouge". 125 pays participent au vote. 98 pays votent pour, 27 contre (dont l’Iran, la Chine, la Corée du Nord et Cuba) et 10 s’abstiennent.Comme on s’y attendait, les votes hostiles proviennent essentiellement des pays arabes et musulmans, et de la Syrie notamment qui pose comme condition préalable à son accord l’accès pour sa propre société, le Croissant- Rouge syrien, d’opérer sur le plateau du Golan, occupé par Israël depuis 1981. Une condition qui n’empêchera pas l’adoption du 3e protocole additionnel. "Israël est le seul pays qui ait gagné, alors qu’il continue à bafouer le droit" indiquait amèrement l’ambassadeur syrien Bashar Jaafari.En dépit des farouches oppositions en effet, le 8 décembre 2005 à Genève, il est décidé que ce carré rouge sur fond blanc, reposant sur l’une de ses pointes, "pourra désormais être utilisé par les différentes composantes du Mouvement international de la Croix-Rouge qui le désirent, pour s’identifier sur leurs théâtres d’opérations et pour bénéficier d’une protection en tant que personnel humanitaire". Israël en fait parti. Concrètement, il pourra utiliser le Cristal rouge à l’intérieur duquel il placera le symbole du MDA (étoile de David) en dehors du territoire israélien.Il faudra attendre encore quelques mois pour que la création de ce nouvel emblème, et l’entrée d’Israël dans le mouvement, puisse être officialisée.Le 22 juin 2006, à l’issue d’une interminable soirée dans le cadre d’une nouvelle conférence internationale réunissant 1200 délégués des 183 sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et d’une centaine d’États, les statuts du mouvement ont enfin été amendés (par 237 voix contre 54 et 18 abstentions) afin de permettre au nouvel emblème d’être définitivement adopté.Si comme l’a déclaré le directeur du MDA, Noam Yifrach "d’ici quelques années on n’oubliera le nombre de vote et on ne retiendra que le résultat", il faut cependant préciser que cette victoire a été obtenue aux forceps.Jusqu’au dernier moment, les pays arabes se sont en effet battus pour faire accepter des amendements destinés à barrer la route à Israël. Ainsi pour celui faisant valoir que le troisième protocole aux Conventions de Genève, adopté le 8 décembre, n’avait été signé que par 64 États et ratifié par un seul pays seulement, la Norvège. Pour le monde arabe, il était donc prématuré dans ce contexte de modifier les statuts du Mouvement visant à adopter le Cristal rouge.Par ailleurs, le Pakistan et la Tunisie, portes parole d’un groupe de pays arabes, ont souhaité voir apparaître dans le préambule du projet de résolution, la reconnaissance de la responsabilité du Croissant-Rouge sur Jérusalem-Est. Ils espéraient par là même voir affirmer dans le texte que les Conventions de Genève et les règles du Mouvement "sont applicables à tous les territoires arabes occupés depuis 1967, incluant Jérusalem-Est, le Golan syrien et les Fermes de Shebaa" (Liban)."Nous assistons aujourd’hui à une rectification historique après une longue bataille pour une reconaissance internationale depuis 1949, dans la mesure où la tentative d’incorporer MDA à la Croix Rouge fut plusieurs fois rejetée, et à quelques voix près. Depuis, le MDA a œuvré pour surmonter les oppositions et obtenir la reconnaissance internationale de l’important travail humanitaire réalisé à travers le monde" a indiqué Noam Yifrach pour commenter la naissance du Cristal rouge après cet épuisant accouchement. Selon les termes du CICR, "l’utilisation du Cristal rouge assurera une protection supplémentaire aux victimes de la guerre et aux acteurs humanitaires intervenant dans des situations de conflit où la croix ou le croissant rouge ne peuvent être ".Dans un geste fort, la Croix-Rouge américaine, fidèle allié du MDA depuis l’année 2000, s’est engagée à reprendre ses versements de 7 millions de francs par an à la Fédération internationale des sociétés de Croix-Rouge.Le Cristal "aura la même signification juridique et bénéficiera de la même protection juridique que la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge qui, depuis plus d’un siècle, ont symbolisé l’humanité, l’impartialité, la neutralité et l’indépendance de leur Mouvement", a indiqué le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Anan, pour saluer cette mini-révolution. Selon ce dernier, l’adoption de ce nouvel emblème "permettra au Mouvement international de la Croix-Rouge de devenir pleinement universel et, en conséquence, d’apporter, de manière plus efficace, aide et protection aux victimes de la guerre, des catastrophes naturelles et autres catastrophes quel que soit l’endroit où elles se produisent"."À court terme" indiquait Ian Piper, Rédacteur CICR à Genève, "le nouvel emblème fera surtout sentir son impact sur l’universalité du Mouvement, avec l’adhésion de nouveaux membres. C’est cet aspect qui était prioritaire pour la Fédération internationale comme pour le CICR pendant les longues années de discussion". "À plus long terme, l’adoption du Cristal rouge devrait mettre fin au risque de prolifération des emblèmes, et d’affaiblissement de leur rôle essentiel, la protection sur le champ de bataille. Si ce danger est réellement écarté, alors le Mouvement aura pleinement réalisé le vœu exprimé par la XXVIIe Conférence internationale : trouver une solution complète et durable à la question de l’emblème".Aux trouble-fête qui n’hésiteront pas à indiquer qu’à côté du croissant et de la croix, "il eut été bien agréable de voir figurer une Magen David", il conviendra d’enseigner qu’il est temps désormais de regarder la moitié pleine du verre…
Ambre Grayman pour Guysen Israël News
Jeudi 22 juin 2006 à 10:49
" On ne réussit véritablement qu’à force de patientes défaites" dit un proverbe chinois. Une sage parole pour décrire la victoire remportée dans la nuit de 21 juin par le MDA. Près de 60 ans de tractations auront en effet été nécessaires pour que l’une des plus performantes équipes de secours au monde puisse être acceptée à part entière au sein du prestigieux Comité international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (CICR).
De prime abord, il pourrait s’agir d’une anodine histoire de symbole. Presque d’une querelle d’écoliers qui défendraient, face à une assemblée de professeurs, le dessin susceptible de représenter leur équipe. Dans la cour des grands, la dispute atteint une proportion bien plus dramatique. Rappel des faits : L’emblème traditionnel de la Croix-Rouge, qui existe depuis la fondation de l’organisation en 1859, représente le drapeau suisse inversé : croix rouge sur fond blanc. Ce choix relevait alors du parti pris de neutralité de l’organisation. Mais au fil du temps et selon les sociétés nationales, le symbole graphique s’est peu à peu chargé de références culturelles, politiques et — plus grave — religieuses. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle l’emblème du Croissant Rouge est adopté pour les sociétés nationales en terre d’Islam. Pendant la guerre russo-turque de 1876-1878 en effet, l’intervention d’ambulanciers arborant une croix froissant les susceptibilités des soldats musulmans, il est urgent de la remplacer par le croissant qui apparaît alors dans l’Empire ottoman, puis est officialisé en 1929.Tout se complique avec la création de l’état juif en 1948. La société de secours israélienne, le Magen David Adom (MDA), qui a logiquement d’utiliser le bouclier de David en forme d’étoile à six branches, voit son emblème rejeté en 1949 par une conférence du CICR. Ce refus bloque dès lors l’entrée du Magen David Adom au sein de l’organisation, et est vécu comme une humiliation par l’état hébreu.Dans les années quatre-vingt-dix, Cornelio Sommaruga, président du CICR, décide de réactualiser le débat en lançant un appel à la création d’un emblème additionnel "dépourvu de connotation religieuse, politique, ethnique ou autre". La Commission permanente de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge réceptive à l’appel, évoque, en 1999, lors de la Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, "le souhait de voir naître une solution globale à la question de l’emblème".Mais un nouveau camouflet est infligé à l’état hébreu en octobre 2000 lorsque le CICR décide de repousser une conférence destinée à résoudre le problème, suite aux tensions au Proche-Orient.Seule consolation pour Israël, la Croix-Rouge américaine décide de soutenir le MDA, en supprimant une partie de ses contributions (45 millions de francs suisse) à la fédération internationale des sociétés nationales qui regroupe l’ensemble des sociétés nationales.La question de l’acceptation du symbole juif se transforme en conflit politique, l’ensemble des sociétés des pays musulmans voulant également conditionner l’accord à un règlement de la question des territoires occupés et du droit du Croissant-Rouge palestinien à y exercer.Deux ans et de nombreuses négociations plus tard, un vote des parties contractantes aux Conventions de Genève permet d’adopter à une large majorité, un 3e protocole additionnel aux Conventions de 1949, prévoyant la création d’un emblème neutre supplémentaire : le "Cristal rouge". 125 pays participent au vote. 98 pays votent pour, 27 contre (dont l’Iran, la Chine, la Corée du Nord et Cuba) et 10 s’abstiennent.Comme on s’y attendait, les votes hostiles proviennent essentiellement des pays arabes et musulmans, et de la Syrie notamment qui pose comme condition préalable à son accord l’accès pour sa propre société, le Croissant- Rouge syrien, d’opérer sur le plateau du Golan, occupé par Israël depuis 1981. Une condition qui n’empêchera pas l’adoption du 3e protocole additionnel. "Israël est le seul pays qui ait gagné, alors qu’il continue à bafouer le droit" indiquait amèrement l’ambassadeur syrien Bashar Jaafari.En dépit des farouches oppositions en effet, le 8 décembre 2005 à Genève, il est décidé que ce carré rouge sur fond blanc, reposant sur l’une de ses pointes, "pourra désormais être utilisé par les différentes composantes du Mouvement international de la Croix-Rouge qui le désirent, pour s’identifier sur leurs théâtres d’opérations et pour bénéficier d’une protection en tant que personnel humanitaire". Israël en fait parti. Concrètement, il pourra utiliser le Cristal rouge à l’intérieur duquel il placera le symbole du MDA (étoile de David) en dehors du territoire israélien.Il faudra attendre encore quelques mois pour que la création de ce nouvel emblème, et l’entrée d’Israël dans le mouvement, puisse être officialisée.Le 22 juin 2006, à l’issue d’une interminable soirée dans le cadre d’une nouvelle conférence internationale réunissant 1200 délégués des 183 sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et d’une centaine d’États, les statuts du mouvement ont enfin été amendés (par 237 voix contre 54 et 18 abstentions) afin de permettre au nouvel emblème d’être définitivement adopté.Si comme l’a déclaré le directeur du MDA, Noam Yifrach "d’ici quelques années on n’oubliera le nombre de vote et on ne retiendra que le résultat", il faut cependant préciser que cette victoire a été obtenue aux forceps.Jusqu’au dernier moment, les pays arabes se sont en effet battus pour faire accepter des amendements destinés à barrer la route à Israël. Ainsi pour celui faisant valoir que le troisième protocole aux Conventions de Genève, adopté le 8 décembre, n’avait été signé que par 64 États et ratifié par un seul pays seulement, la Norvège. Pour le monde arabe, il était donc prématuré dans ce contexte de modifier les statuts du Mouvement visant à adopter le Cristal rouge.Par ailleurs, le Pakistan et la Tunisie, portes parole d’un groupe de pays arabes, ont souhaité voir apparaître dans le préambule du projet de résolution, la reconnaissance de la responsabilité du Croissant-Rouge sur Jérusalem-Est. Ils espéraient par là même voir affirmer dans le texte que les Conventions de Genève et les règles du Mouvement "sont applicables à tous les territoires arabes occupés depuis 1967, incluant Jérusalem-Est, le Golan syrien et les Fermes de Shebaa" (Liban)."Nous assistons aujourd’hui à une rectification historique après une longue bataille pour une reconaissance internationale depuis 1949, dans la mesure où la tentative d’incorporer MDA à la Croix Rouge fut plusieurs fois rejetée, et à quelques voix près. Depuis, le MDA a œuvré pour surmonter les oppositions et obtenir la reconnaissance internationale de l’important travail humanitaire réalisé à travers le monde" a indiqué Noam Yifrach pour commenter la naissance du Cristal rouge après cet épuisant accouchement. Selon les termes du CICR, "l’utilisation du Cristal rouge assurera une protection supplémentaire aux victimes de la guerre et aux acteurs humanitaires intervenant dans des situations de conflit où la croix ou le croissant rouge ne peuvent être ".Dans un geste fort, la Croix-Rouge américaine, fidèle allié du MDA depuis l’année 2000, s’est engagée à reprendre ses versements de 7 millions de francs par an à la Fédération internationale des sociétés de Croix-Rouge.Le Cristal "aura la même signification juridique et bénéficiera de la même protection juridique que la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge qui, depuis plus d’un siècle, ont symbolisé l’humanité, l’impartialité, la neutralité et l’indépendance de leur Mouvement", a indiqué le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Anan, pour saluer cette mini-révolution. Selon ce dernier, l’adoption de ce nouvel emblème "permettra au Mouvement international de la Croix-Rouge de devenir pleinement universel et, en conséquence, d’apporter, de manière plus efficace, aide et protection aux victimes de la guerre, des catastrophes naturelles et autres catastrophes quel que soit l’endroit où elles se produisent"."À court terme" indiquait Ian Piper, Rédacteur CICR à Genève, "le nouvel emblème fera surtout sentir son impact sur l’universalité du Mouvement, avec l’adhésion de nouveaux membres. C’est cet aspect qui était prioritaire pour la Fédération internationale comme pour le CICR pendant les longues années de discussion". "À plus long terme, l’adoption du Cristal rouge devrait mettre fin au risque de prolifération des emblèmes, et d’affaiblissement de leur rôle essentiel, la protection sur le champ de bataille. Si ce danger est réellement écarté, alors le Mouvement aura pleinement réalisé le vœu exprimé par la XXVIIe Conférence internationale : trouver une solution complète et durable à la question de l’emblème".Aux trouble-fête qui n’hésiteront pas à indiquer qu’à côté du croissant et de la croix, "il eut été bien agréable de voir figurer une Magen David", il conviendra d’enseigner qu’il est temps désormais de regarder la moitié pleine du verre…
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