RAPPORT SUR L'ANTISEMITISME QUE SON COMMANDITAIRE REFUSE DE PUBLIER
L’EUMC publie un rapport sur l’antisémitisme dans l’Union européenne (2001-2005)
Par Véronique Chemla pour Guysen Israël News
http://www.guysen.com/articles.php?sid=4703
Mercredi 21 juin 2006 à 23:26
L’Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes (EUMC) a publié le 21 juin deux rapports : l’un sur l’antisémitisme dans l’Union européenne des quinze Etats membres de 2001 à 2005, l’autre sur ’’le droit d’offenser et le droit à ne pas être offensé’’. Le rapport sur l’antisémitisme reprend – enfin ! – et prudemment les analyses sur le nouvel antisémitisme et exhorte les dirigeants politiques à agir.
On peut raisonnablement affirmer que ce rapport de l’EUMC suscitera moins de controverses que les deux précédents et qu’il dénote une évolution positive de l’EUMC vers la reconnaissance des caractéristiques de l’antisémitisme en Europe depuis six ans. De vives polémiques passées Depuis 2003, l’EUMC est critiquée pour sa réserve à décrire et analyser le fait antisémite en Europe au cours des dernières années, à en définir les éléments constitutifs, l’année de brusque montée des actes antisémites et l’identité de leurs auteurs. Le 22 novembre 2003, le Financial Times révélait que l’EUMC avait refusé de publier, en février 2003, pour des raisons politiques, un rapport sur l'antisémitisme en Europe. Elaboré par le Centre de recherche sur l'antisémitisme de l'Université de Berlin, ce rapport avait été présenté en octobre 2002. Il concluait à la présence de musulmans et de groupes pro-palestiniens derrière les actes antisémites en Europe. En début de semaine, l'UE avait refusé d'agréer la proposition du ministre des affaires étrangères Sylvain Shalom de créer un conseil pour lutter contre l'antisémitisme en Europe. L'EUMC expliquait alors son refus notamment car la période étudiée par ce rapport - mai-juin 2002 - n'était pas '' représentative '' et son refus de ''stigmatiser la population d'origine musulmane sans apporter des preuves''. Or, dans son récent appel d'offres pour un nouveau rapport sur l'antisémitisme, elle évoquait cette période sans lui nier sa représentativité. L'EUMC faisait remonter la vague d'antisémitisme en Europe à 2002. Au moins aussi surprenant, de 1998 à 2003, trois rapports sur 10 de l'EUMC avaient porté sur les sentiments antimusulmans ou l'islamophobie. Pour l'EUMC, le racisme comprend l'antisémitisme et l'islamophobie. Le membre du Congrès américain Robert Wexler (Démocrate) demandait au Président de la Commission de l’UE Romano Prodi et à Chris Patten, Commissaire chargé des Relations extérieurs, de publier ce rapport. Il les exhortait à prendre des décisions '' immédiates pour lutter contre la menace croissante contre les Juifs européens. Depuis 1998, l'EUMC a publié 3 rapports sur les sentiments contre les musulmans, et aucun sur l'antisémitisme ''. Le 29 novembre, l'eurodéputé français socialiste François Zimeray diffusait des extraits du rapport '' Manifestations d'antisémitisme dans l'Union Européenne '', non publié par l'EUMC. Ce rapport notait un antisémitisme mêlé d'antisionisme et d'anti-israélisme, la couverture médiatique biaisée du Proche-Orient, le rôle de dirigeants d'Eglises et des extrêmes politiques, et désignait les auteurs d'actes antisémites nommés : des islamistes, des jeunes musulmans et des pro-palestiniens. Les 1er et 2 décembre, le Congrès juif européen (CJE), le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) et d’autres institutions juives publiaient ce rapport sur leurs sites internet. Le CJE dénonçait '' le double langage de la Commission qui publiait un sondage incendiaire et contesté '' sur l'Etat d'Israël, '' première menace à la paix mondiale '' et qui prenait '' prétexte de faiblesses dans ce rapport d'un institut reconnu '', pour ne pas le publier. Le CJE poursuivait : '' Ce rapport reflète l'antisémitisme que constatent les responsables des communautés juives dans l'UE ''. Le 3 décembre, GIN portait à la connaissance de ses lecteurs ce rapport.Le 5 décembre, l'EUMC publiait une ébauche de ce rapport, et non le rapport lui-même. Il l'assortissait de réserves et avait ôté des passages relatifs notamment à la définition de l'antisémitisme. Ces passages censurés montraient aussi des '' généralisations'', un lien de causalité entre antisémitisme et diplomaties ou anti-américanisme et la reprise de clichés antijuifs pour critiquer Israël. Le 31 mars 2004, L'EUMC présentait au Parlement européen deux rapports sur l'antisémitisme en Europe. Il observait une recrudescence de l'antisémitisme en Belgique, France, Allemagne, aux Pays-Bas et Royaume-Uni. Il estimait que les auteurs en '' sont majoritairement de jeunes Européens blancs mécontents ''. Il publiait aussi des interviews de membres de la communauté juive qui perçoivent un environnement plus hostile ''. '' Comment peut-on combattre l'antisémitisme sans avoir le courage d'identifier clairement ses auteurs ? L'EUMC déclare que '' la plupart des incidents antisémites en Europe sont le fait de « jeunes Blancs issus de l'extrême droite antisémite, ou traditionnellement antisémite ». Ceci, en contradiction avec son rapport qui reconnaît que le plus grand nombre d'attaques antisémites est le fait de jeunes '' musulmans d'origine d'Afrique du Nord '' '', interrogeait le Congrès juif européen (CJE). Le 1er avril 2004, '' le rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) contredisait la présentation de l'antisémitisme par l'EUMC. La CNCDH soulignait que '' l'antisémitisme s'installe durablement dans la gravité en France. 80% des actes racistes et antisémites étaient attribués à l'extrême droite dans les années 90, ils ne sont plus que 18% en 2003. Le nombre d'actes antisémites relevé en 2003 était de 588, contre 932 en 2002 '', déclarait le Congrès juif européen (CJE). Le 4 avril, selon l'Anti-Defamation League (ADL), '' le rapport de l'EUMC marque une étape importante dans la reconnaissance du nouvel antisémitisme en Europe. Mais le communiqué de presse de l'EUMC n'évoque pas l'implication de jeunes musulmans dans la violence antijuive ''. Un antisémitisme mieux analyséDans la préface du rapport sur l’antisémitisme dans l’Union européenne de 2001 à 2005, Beate Winkler, Directrice de l’EUMC, écrit : « Face au développement historique de l’antisémitisme en Europe, il n’est pas seulement important d’observer attentivement ce phénomène, d’identifier le contexte social qui donne essor à la haine des agresseurs, mais aussi d’écouter avec sensibilité les peurs des communautés juives ». Elle exhorte les dirigeants européens à agir et à de nouvelles coalitions unissant politiciens, intellectuels, journalistes, professeurs et d’autres pour vaincre la haine, la discrimination et l’exclusion. Elle insiste : « Les juifs et les communautés juives sont des membres respectés et de grande valeur de nos sociétés européennes ». L’EUMC précise les limites de son rapport : dans certains Etats, non nommés, les actes antisémites sont sous-estimés, car ils ne sont pas tous enregistrés par les services de police ou qualifiés d’antisémites par la justice, ou « mal rapportés, voire sur-relatés ». En Autriche, par exemple, ces actes « ne sont officiellement enregistrés en Autriche que dans le contexte d’activités de groupes d’extrême-droite ». L’EUMC fait remonter à 2000, au déclenchement de l’Intifadah II, la flambée d’actes contre les personnes et les biens juifs dans la plupart des Etats de l’UE. Elle analyse pays par pays les statistiques sur ces actes. L’EUMC note que les auteurs d’actes antisémites ne sont pas principalement issus de l’extrême-droite, mais sont désignés par les victimes en Allemagne, en Belgique, au Danemark, en France, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Suède comme des ’’jeunes musulmans’’, ’’des individus d’origine nord-africaine’’, des ’’immigrés’’ et des gens anti-mondialisation. Ces perceptions sont-elles fondées ? Selon l’EUMC, il est difficile de répondre à cette question à partir des statistiques disponibles. La réalité varie selon les pays et selon les organismes étudiant le phénomène. A Paris, la CNCDH a estimé à 9% en 2002, contre 14% en 2001 et 68% en 1994 la part des violences antisémites attribuables à l’extrême-droite. En Grande-Bretagne, les chiffres disponibles révèlent qu’un « nombre croissant d’actes sont causés par des musulmans ou des sympathisants palestiniens et que la flambée d’antisémitisme peut être une manifestation visible de violence politique contre les juifs britanniques en soutien aux Palestiniens ». En Autriche, alors que le Forum contre l’antisémitisme pense que la plupart des actes antisémites proviennent des extrêmes gauche et droite et de membres de la communauté musulmane, des informations émanant du gouvernement indiquent que les auteurs de ces agressions viennent surtout de groupes d’extrême-droite. En Suède, il a été prouvé que « des actes antisémites ont été commis par des gens liés aux mouvements anti-israéliens et pro-palestiniens, ainsi que par des individus d’extrême-droite ». L’EUMC est persuadée que « les évènements au Moyen-Orient, les activités et le discours de l’extrême-droite et jusqu’à un certain point de l’extrême-gauche peuvent influer sur le nombre d’actes antisémites ». L’EUMC constate l’insuffisance d’études sur le lien entre l’antisémitisme dans les discours politique et médiatique et les actes contre les Juifs. L’activité antisémite après 2000 est attribuée au ’’nouvel antisémitisme’’ caractérisé par la diffamation d’Israël comme ’’juif collectif’’ et par des auteurs principalement définis comme membres de la population musulmane en Europe. Si « les études montrent que les stéréotypes antijuifs ont peu changé, les manifestations publiques d’antisémitisme dans la politique, les médias et la vie quotidienne ont changé récemment, surtout depuis le déclenchement de l’Intifadah Al-Aqsa en septembre 2000 ».En Europe, l’antisémitisme « est très ancien et a de profondes racines culturelles. Depuis le XIXe siècle, il a trouvé une _expression politique spécifique dans l’essor de l’idéologie raciste, puis dans le contexte de l’idéologie nationale-socialiste ». Cependant, dans « les mondes arabe et musulman, l’antisémitisme provient plus du conflit politique avec Israël que de préjugés dominants contre les Juifs. Il est donc raisonnable d’affirmer que l’antisémitisme des communautés musulmanes européennes est directement lié au conflit israélo-palestinien, et surtout à la crise qui a débuté avec l’effondrement de l’initiative de paix d’Oslo et le déclenchement de l’Intifadah Al-Aqsa. Cependant, des recherches ont prouvé que les stéréotypes antisémites européens ont été adoptés lors des récentes décennies par des parties des communautés musulmanes dans le monde et sont devenus autonomes par rapport aux conflits nationaux ». Les aspects majeurs de l’antisémitisme après 1945 sont l’émergence d’un « antisémitisme secondaire » sans antisémites se déclarant comme tels et l’évolution d’expressions antisémites liées à des critiques de l’existence d’Israël. Cet « antisémitisme secondaire » est « toute forme d’antisémitisme qui est lui-même un reflet de l’établissement d’un tabou de l’_expression de l’antisémitisme ». Utilisé pour décrire l’antisémitisme en Allemagne et en Autriche, l’_expression « antisémitisme secondaire » a proliféré dans les analyses universitaires en particulier pour exprimer les débats sur le nazisme et l’antisémitisme en Allemagne dans les années 1980 quand Henryk Broder a déclaré : « Les Allemands ne pardonneront jamais aux Juifs l’existence d’Auschwitz ». Cet « antisémitisme secondaire » utilise le vieux cliché sur le pouvoir et l’influence des Juifs pour dire par exemple : « Les Juifs manipulent les Allemands ou les Autrichiens, exploitant des sentiments de culpabilité ». Cet antisémitisme vise directement la Shoah et permet à ses locuteurs d’éviter d’exprimer ouvertement un antisémitisme. C’est une forme d’antisémitisme codé qui peut être exprimé sans apparaître antisémite et a une composante psychologique. Concernant l’Etat d’Israël, « point potentiel de référence pour des expressions antisémites, on doit noter que l’image générale de cet Etat était plutôt positive en Europe jusqu’en 1967, quand la Guerre des Six-Jours a induit une vague de solidarité avec les Palestiniens, notamment en Allemagne ». Un tournant dans l’opinion publique est survenu lors de l’invasion du Liban par l’Etat d’Israël en 1982, alors que les critiques de la politique israélienne augmentaient et que l’image de l’Etat d’Israël se dégradait considérablement. L’impact de l’antisionisme d’extrême-gauche sur la vague d’actes antisémites depuis 2000 n’est pas clair estime l’EUMC. « En Europe, « l’antisémitisme secondaire » et l’utilisation de l’antisionisme comme un moyen de contourner le tabou antisémite dominent parmi les extrêmes gauche et droite. Le révisionnisme et le négationnisme sont devenus un élément central du répertoire propagandiste des organisations d’extrême-droite dont l’antisémitisme forme un élément central dans leur formation ».L’EUMC conclut sur la nécessité de trouver une définition de travail de l’antisémitisme et des indicateurs communs pour tous les organisations l’étudiant. Avec toutes les réserves et prudences – évocation brève de facteurs sociaux et de la discrimination, refus de chercher des éléments antijuifs spécifiques, anciens et non importés d'Europe dans l'antisémitisme au sein des mondes arabe ou/et musulman, par exemple dans certaines sourates du Coran, esquisse d’analyse de la focalisation sur le conflit proche-oriental de mouvements gauchistes -, ce rapport de l’EUMC marque une avancée dans l’analyse de ce fléau par un organisme financé et écouté par les instances européennes. Guysen est étonné que le site internet de l’EUMC indique en page d’accueil de son site internet son rapport sur ’’le droit d’offenser et le droit à ne pas être offensé’’, et non celui sur l’antisémitisme. Guysen est aussi surpris de l’absence de mention de l’antisémitisme lors du Séminaire sur la lutte contre le racisme et la xénophobie, organisé par la Commission européenne, l’EUMC, le ministère autrichien, sous la présidence autrichienne de l’UE, à Vienne (Autriche), du 20 au 22 juin. EUMC : http://eumc.eu.int/eumc/index.php Le rapport sur l'antisémitisme en Europe que son commanditaire l'EUMC refuse de publier ! http://www.guysen.com/articles.php?sid=1687
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Par Véronique Chemla pour Guysen Israël News
http://www.guysen.com/articles.php?sid=4703
Mercredi 21 juin 2006 à 23:26
L’Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes (EUMC) a publié le 21 juin deux rapports : l’un sur l’antisémitisme dans l’Union européenne des quinze Etats membres de 2001 à 2005, l’autre sur ’’le droit d’offenser et le droit à ne pas être offensé’’. Le rapport sur l’antisémitisme reprend – enfin ! – et prudemment les analyses sur le nouvel antisémitisme et exhorte les dirigeants politiques à agir.
On peut raisonnablement affirmer que ce rapport de l’EUMC suscitera moins de controverses que les deux précédents et qu’il dénote une évolution positive de l’EUMC vers la reconnaissance des caractéristiques de l’antisémitisme en Europe depuis six ans. De vives polémiques passées Depuis 2003, l’EUMC est critiquée pour sa réserve à décrire et analyser le fait antisémite en Europe au cours des dernières années, à en définir les éléments constitutifs, l’année de brusque montée des actes antisémites et l’identité de leurs auteurs. Le 22 novembre 2003, le Financial Times révélait que l’EUMC avait refusé de publier, en février 2003, pour des raisons politiques, un rapport sur l'antisémitisme en Europe. Elaboré par le Centre de recherche sur l'antisémitisme de l'Université de Berlin, ce rapport avait été présenté en octobre 2002. Il concluait à la présence de musulmans et de groupes pro-palestiniens derrière les actes antisémites en Europe. En début de semaine, l'UE avait refusé d'agréer la proposition du ministre des affaires étrangères Sylvain Shalom de créer un conseil pour lutter contre l'antisémitisme en Europe. L'EUMC expliquait alors son refus notamment car la période étudiée par ce rapport - mai-juin 2002 - n'était pas '' représentative '' et son refus de ''stigmatiser la population d'origine musulmane sans apporter des preuves''. Or, dans son récent appel d'offres pour un nouveau rapport sur l'antisémitisme, elle évoquait cette période sans lui nier sa représentativité. L'EUMC faisait remonter la vague d'antisémitisme en Europe à 2002. Au moins aussi surprenant, de 1998 à 2003, trois rapports sur 10 de l'EUMC avaient porté sur les sentiments antimusulmans ou l'islamophobie. Pour l'EUMC, le racisme comprend l'antisémitisme et l'islamophobie. Le membre du Congrès américain Robert Wexler (Démocrate) demandait au Président de la Commission de l’UE Romano Prodi et à Chris Patten, Commissaire chargé des Relations extérieurs, de publier ce rapport. Il les exhortait à prendre des décisions '' immédiates pour lutter contre la menace croissante contre les Juifs européens. Depuis 1998, l'EUMC a publié 3 rapports sur les sentiments contre les musulmans, et aucun sur l'antisémitisme ''. Le 29 novembre, l'eurodéputé français socialiste François Zimeray diffusait des extraits du rapport '' Manifestations d'antisémitisme dans l'Union Européenne '', non publié par l'EUMC. Ce rapport notait un antisémitisme mêlé d'antisionisme et d'anti-israélisme, la couverture médiatique biaisée du Proche-Orient, le rôle de dirigeants d'Eglises et des extrêmes politiques, et désignait les auteurs d'actes antisémites nommés : des islamistes, des jeunes musulmans et des pro-palestiniens. Les 1er et 2 décembre, le Congrès juif européen (CJE), le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) et d’autres institutions juives publiaient ce rapport sur leurs sites internet. Le CJE dénonçait '' le double langage de la Commission qui publiait un sondage incendiaire et contesté '' sur l'Etat d'Israël, '' première menace à la paix mondiale '' et qui prenait '' prétexte de faiblesses dans ce rapport d'un institut reconnu '', pour ne pas le publier. Le CJE poursuivait : '' Ce rapport reflète l'antisémitisme que constatent les responsables des communautés juives dans l'UE ''. Le 3 décembre, GIN portait à la connaissance de ses lecteurs ce rapport.Le 5 décembre, l'EUMC publiait une ébauche de ce rapport, et non le rapport lui-même. Il l'assortissait de réserves et avait ôté des passages relatifs notamment à la définition de l'antisémitisme. Ces passages censurés montraient aussi des '' généralisations'', un lien de causalité entre antisémitisme et diplomaties ou anti-américanisme et la reprise de clichés antijuifs pour critiquer Israël. Le 31 mars 2004, L'EUMC présentait au Parlement européen deux rapports sur l'antisémitisme en Europe. Il observait une recrudescence de l'antisémitisme en Belgique, France, Allemagne, aux Pays-Bas et Royaume-Uni. Il estimait que les auteurs en '' sont majoritairement de jeunes Européens blancs mécontents ''. Il publiait aussi des interviews de membres de la communauté juive qui perçoivent un environnement plus hostile ''. '' Comment peut-on combattre l'antisémitisme sans avoir le courage d'identifier clairement ses auteurs ? L'EUMC déclare que '' la plupart des incidents antisémites en Europe sont le fait de « jeunes Blancs issus de l'extrême droite antisémite, ou traditionnellement antisémite ». Ceci, en contradiction avec son rapport qui reconnaît que le plus grand nombre d'attaques antisémites est le fait de jeunes '' musulmans d'origine d'Afrique du Nord '' '', interrogeait le Congrès juif européen (CJE). Le 1er avril 2004, '' le rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) contredisait la présentation de l'antisémitisme par l'EUMC. La CNCDH soulignait que '' l'antisémitisme s'installe durablement dans la gravité en France. 80% des actes racistes et antisémites étaient attribués à l'extrême droite dans les années 90, ils ne sont plus que 18% en 2003. Le nombre d'actes antisémites relevé en 2003 était de 588, contre 932 en 2002 '', déclarait le Congrès juif européen (CJE). Le 4 avril, selon l'Anti-Defamation League (ADL), '' le rapport de l'EUMC marque une étape importante dans la reconnaissance du nouvel antisémitisme en Europe. Mais le communiqué de presse de l'EUMC n'évoque pas l'implication de jeunes musulmans dans la violence antijuive ''. Un antisémitisme mieux analyséDans la préface du rapport sur l’antisémitisme dans l’Union européenne de 2001 à 2005, Beate Winkler, Directrice de l’EUMC, écrit : « Face au développement historique de l’antisémitisme en Europe, il n’est pas seulement important d’observer attentivement ce phénomène, d’identifier le contexte social qui donne essor à la haine des agresseurs, mais aussi d’écouter avec sensibilité les peurs des communautés juives ». Elle exhorte les dirigeants européens à agir et à de nouvelles coalitions unissant politiciens, intellectuels, journalistes, professeurs et d’autres pour vaincre la haine, la discrimination et l’exclusion. Elle insiste : « Les juifs et les communautés juives sont des membres respectés et de grande valeur de nos sociétés européennes ». L’EUMC précise les limites de son rapport : dans certains Etats, non nommés, les actes antisémites sont sous-estimés, car ils ne sont pas tous enregistrés par les services de police ou qualifiés d’antisémites par la justice, ou « mal rapportés, voire sur-relatés ». En Autriche, par exemple, ces actes « ne sont officiellement enregistrés en Autriche que dans le contexte d’activités de groupes d’extrême-droite ». L’EUMC fait remonter à 2000, au déclenchement de l’Intifadah II, la flambée d’actes contre les personnes et les biens juifs dans la plupart des Etats de l’UE. Elle analyse pays par pays les statistiques sur ces actes. L’EUMC note que les auteurs d’actes antisémites ne sont pas principalement issus de l’extrême-droite, mais sont désignés par les victimes en Allemagne, en Belgique, au Danemark, en France, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Suède comme des ’’jeunes musulmans’’, ’’des individus d’origine nord-africaine’’, des ’’immigrés’’ et des gens anti-mondialisation. Ces perceptions sont-elles fondées ? Selon l’EUMC, il est difficile de répondre à cette question à partir des statistiques disponibles. La réalité varie selon les pays et selon les organismes étudiant le phénomène. A Paris, la CNCDH a estimé à 9% en 2002, contre 14% en 2001 et 68% en 1994 la part des violences antisémites attribuables à l’extrême-droite. En Grande-Bretagne, les chiffres disponibles révèlent qu’un « nombre croissant d’actes sont causés par des musulmans ou des sympathisants palestiniens et que la flambée d’antisémitisme peut être une manifestation visible de violence politique contre les juifs britanniques en soutien aux Palestiniens ». En Autriche, alors que le Forum contre l’antisémitisme pense que la plupart des actes antisémites proviennent des extrêmes gauche et droite et de membres de la communauté musulmane, des informations émanant du gouvernement indiquent que les auteurs de ces agressions viennent surtout de groupes d’extrême-droite. En Suède, il a été prouvé que « des actes antisémites ont été commis par des gens liés aux mouvements anti-israéliens et pro-palestiniens, ainsi que par des individus d’extrême-droite ». L’EUMC est persuadée que « les évènements au Moyen-Orient, les activités et le discours de l’extrême-droite et jusqu’à un certain point de l’extrême-gauche peuvent influer sur le nombre d’actes antisémites ». L’EUMC constate l’insuffisance d’études sur le lien entre l’antisémitisme dans les discours politique et médiatique et les actes contre les Juifs. L’activité antisémite après 2000 est attribuée au ’’nouvel antisémitisme’’ caractérisé par la diffamation d’Israël comme ’’juif collectif’’ et par des auteurs principalement définis comme membres de la population musulmane en Europe. Si « les études montrent que les stéréotypes antijuifs ont peu changé, les manifestations publiques d’antisémitisme dans la politique, les médias et la vie quotidienne ont changé récemment, surtout depuis le déclenchement de l’Intifadah Al-Aqsa en septembre 2000 ».En Europe, l’antisémitisme « est très ancien et a de profondes racines culturelles. Depuis le XIXe siècle, il a trouvé une _expression politique spécifique dans l’essor de l’idéologie raciste, puis dans le contexte de l’idéologie nationale-socialiste ». Cependant, dans « les mondes arabe et musulman, l’antisémitisme provient plus du conflit politique avec Israël que de préjugés dominants contre les Juifs. Il est donc raisonnable d’affirmer que l’antisémitisme des communautés musulmanes européennes est directement lié au conflit israélo-palestinien, et surtout à la crise qui a débuté avec l’effondrement de l’initiative de paix d’Oslo et le déclenchement de l’Intifadah Al-Aqsa. Cependant, des recherches ont prouvé que les stéréotypes antisémites européens ont été adoptés lors des récentes décennies par des parties des communautés musulmanes dans le monde et sont devenus autonomes par rapport aux conflits nationaux ». Les aspects majeurs de l’antisémitisme après 1945 sont l’émergence d’un « antisémitisme secondaire » sans antisémites se déclarant comme tels et l’évolution d’expressions antisémites liées à des critiques de l’existence d’Israël. Cet « antisémitisme secondaire » est « toute forme d’antisémitisme qui est lui-même un reflet de l’établissement d’un tabou de l’_expression de l’antisémitisme ». Utilisé pour décrire l’antisémitisme en Allemagne et en Autriche, l’_expression « antisémitisme secondaire » a proliféré dans les analyses universitaires en particulier pour exprimer les débats sur le nazisme et l’antisémitisme en Allemagne dans les années 1980 quand Henryk Broder a déclaré : « Les Allemands ne pardonneront jamais aux Juifs l’existence d’Auschwitz ». Cet « antisémitisme secondaire » utilise le vieux cliché sur le pouvoir et l’influence des Juifs pour dire par exemple : « Les Juifs manipulent les Allemands ou les Autrichiens, exploitant des sentiments de culpabilité ». Cet antisémitisme vise directement la Shoah et permet à ses locuteurs d’éviter d’exprimer ouvertement un antisémitisme. C’est une forme d’antisémitisme codé qui peut être exprimé sans apparaître antisémite et a une composante psychologique. Concernant l’Etat d’Israël, « point potentiel de référence pour des expressions antisémites, on doit noter que l’image générale de cet Etat était plutôt positive en Europe jusqu’en 1967, quand la Guerre des Six-Jours a induit une vague de solidarité avec les Palestiniens, notamment en Allemagne ». Un tournant dans l’opinion publique est survenu lors de l’invasion du Liban par l’Etat d’Israël en 1982, alors que les critiques de la politique israélienne augmentaient et que l’image de l’Etat d’Israël se dégradait considérablement. L’impact de l’antisionisme d’extrême-gauche sur la vague d’actes antisémites depuis 2000 n’est pas clair estime l’EUMC. « En Europe, « l’antisémitisme secondaire » et l’utilisation de l’antisionisme comme un moyen de contourner le tabou antisémite dominent parmi les extrêmes gauche et droite. Le révisionnisme et le négationnisme sont devenus un élément central du répertoire propagandiste des organisations d’extrême-droite dont l’antisémitisme forme un élément central dans leur formation ».L’EUMC conclut sur la nécessité de trouver une définition de travail de l’antisémitisme et des indicateurs communs pour tous les organisations l’étudiant. Avec toutes les réserves et prudences – évocation brève de facteurs sociaux et de la discrimination, refus de chercher des éléments antijuifs spécifiques, anciens et non importés d'Europe dans l'antisémitisme au sein des mondes arabe ou/et musulman, par exemple dans certaines sourates du Coran, esquisse d’analyse de la focalisation sur le conflit proche-oriental de mouvements gauchistes -, ce rapport de l’EUMC marque une avancée dans l’analyse de ce fléau par un organisme financé et écouté par les instances européennes. Guysen est étonné que le site internet de l’EUMC indique en page d’accueil de son site internet son rapport sur ’’le droit d’offenser et le droit à ne pas être offensé’’, et non celui sur l’antisémitisme. Guysen est aussi surpris de l’absence de mention de l’antisémitisme lors du Séminaire sur la lutte contre le racisme et la xénophobie, organisé par la Commission européenne, l’EUMC, le ministère autrichien, sous la présidence autrichienne de l’UE, à Vienne (Autriche), du 20 au 22 juin. EUMC : http://eumc.eu.int/eumc/index.php Le rapport sur l'antisémitisme en Europe que son commanditaire l'EUMC refuse de publier ! http://www.guysen.com/articles.php?sid=1687
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