Monday, September 11, 2006

THEO KLEIN...DERNIERES PENSEES

Ce n'est pas dans l'affrontement mais dans la coopération que se situe l'avenir des deux peuples.
Israël-Palestine: respect
Par Théo KLEIN
QUOTIDIEN : Lundi 11 septembre 2006 - 06:00
Théo Klein avocat aux barreaux de Paris et d'Israël.
Dernier ouvrage paru : le Rire d'Isaac, éd. de Fallois.

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L'avenir ne peut être que commun. Est-ce le moment pour l'écrire ? Est-ce que, une fois encore, ma démarche sera mal jugée par ceux que j'aimerais avant tout convaincre ?
Peu m'importe, dès lors que j'ai le sentiment profond d'agir dans l'intérêt du pays dont j'ai librement choisi d'être le citoyen sans jamais oublier que je suis né juif et français.
Qu'Israël, au travers de son gouvernement et de l'état-major de Tsahal, ou même du sentiment public, ait bien ou mal réagi après la capture du caporal Shalit, ou celle des deux autres soldats enlevés par le Hezbollah, est, dorénavant, le sujet de débats qui se dérouleront plus utilement devant une commission d'enquête qu'au travers de nos diverses appréciations.
Ce qui me préoccupe est au-delà. Je porte, depuis des années, la conviction forte d'une dépendance réciproque qui caractérise la situation des Israéliens comme des Palestiniens. Je l'ai écrit dans le livre Deux Vérités en face, alors que j'affrontais Hamadi Essid, devenu rapidement mon ami et arraché, hélas trop rapidement, par la mort à cette relation nourrie de respect réciproque au-delà de contradictions profondes mais surmontées : Israël a besoin des Palestiniens pour ­ enfin ­ s'intégrer dans la région, c'est-à-dire être accepté par les peuples et pas seulement par quelques dirigeants ; les Palestiniens ont besoin d'Israël pour assurer une indépendance qui leur a été refusée en 1947-1948 par les dirigeants du monde arabe et le serait encore demain si Israël venait à disparaître.
C'est de cette double dépendance que peut naître, enfin, une relation apaisée et constructive ; c'est d'elle que témoignent les événements récents, y compris, bien sûr, ceux du Liban.
Israël aura beau gagner toutes les guerres à venir et même les gagner avec un panache et une rapidité qui, cette fois, semblent avoir fait défaut sans que, pourtant, aucun progrès ne se réalise qui assure son avenir à long terme. Ce n'est pas dans l'affrontement, mais dans la coopération et le partage, que se situe l'avenir des Palestiniens et des Israéliens.
Ce qui les oppose, c'est ce qui pourrait les rapprocher : l'amour d'une même terre et, curieusement mais heureusement, un même désir de démocratie. J'entends bien que ce désir paraît moins évident chez les Palestiniens, mais est-il en Israël appliqué sans distinction s'agissant de secteurs de la population qui ne participent pas du caractère «juif» de l'Etat. Il y a, à cet égard, une réflexion à mener, déjà très largement entamée par A. B. Yehoshua dans sa distinction entre nationalité et religion.
Qu'Israël soit le centre spirituel et culturel historique de tous ceux qui portent leur judéité avec conviction et fierté n'en fait pas pour autant l'Etat des juifs. Une démocratie est ­ et doit demeurer ­ l'Etat de tous ses citoyens dans leurs diversités mêmes. Il me paraît utile de le rappeler et peut-être, aussi, de souligner que le judaïsme que nous connaissons ­ même et peut-être surtout dans ses aspects religieux ­ est profondément marqué par l'exil, et qu'Israël pourrait et devrait être un formidable retour à la source elle-même, dans une liberté enfin recouvrée.
Ce que nous reproduisons sans cesse dans notre vie collective ne serait-ce pas, à chaque crise, le ghetto et son enfermement dans une crainte commune ? Ce n'est pas la force armée dont Israël dispose heureusement qui nous délivrera de la fausse certitude de ce qu' «ils sont tous contre nous». Semblables et différents, nous sommes, comme tous les citoyens du monde, face au défi d'être responsables de nos actes et respectueux de la personne et des intérêts légitimes des autres. Car, au-delà de ce qui nous est particulier, c'est bien ce qui nous est commun qui est universel.
Ces propos ne sont pas à l'évidence que les miens, ceux d'un Franco-Israélien installé depuis sa naissance à Paris ; mais ils relayent aussi une pensée qui existe et qui doit pouvoir se développer en Israël ; une pensée fondée sur la prééminence du droit et des instances internationales dans les relations entre Etats, et sur le respect dans les relations entre les peuples. C'est une pensée qui appelle à l'ouverture de pourparlers avec les Palestiniens.
Partant de ce qui est internationalement admis, les parties présenteraient alors leurs revendications réciproques et tenteraient d'en négocier la réalisation partielle ou totale. Le droit des gens, depuis des siècles, a reconnu, sinon le droit du plus fort, au moins les conséquences nées des affrontements, et les responsables des Etats ont su, lorsque la volonté d'aboutir s'imposait, trouver les solutions qui ont tracé les frontières et construit ou reconstruit les relations.
Cette table des négociations doit rester ouverte, sans condition préalable autre que celle de ne venir s'y asseoir que si l'on est prêt au dialogue, à la négociation, au respect mutuel et à la vigilance réciproque : une table ouverte offerte à ceux qui veulent venir débattre ensemble d'un avenir apaisé.
Donnons le temps à ceux qui nient nos droits d'en reconnaître le bien-fondé ; à ceux qui nous disent que nous venons d'ailleurs de reconnaître les racines qui nous lient à cette terre, ces racines qui, par ailleurs, ont largement nourri leurs textes sacrés et leurs références.
Quant à nous, nous devons refuser de nous laisser enfermer dans la stupide certitude d'un inéluctable refus. Rappelons à nos voisins ce que disaient, les 18 et 19 mars 1922, les membres du comité exécutif du congrès des partis de la Confédération des pays arabes. Ils prenaient alors en considération que «la vieille origine de la nation juive qui a, sans contredit, un caractère historique de par sa parenté avec les Arabes» ; et ne manquaient pas de prendre en considération le fait que «la colonisation juive ne présente aucun péril politique parce que les juifs qui s'installent dans un pays s'y attachent et en font leur patrie, et ne colonisent pas par conséquent pour le profit d'une puissance étrangère distincte». C'est pourquoi ils proposaient aux délégués de l'Organisation sioniste qu'ils recevaient alors en Egypte : «Arabes et Juifs doivent discuter de nation à nation, se faire mutuellement des concessions, se reconnaître réciproquement des droits.»
Ce que le mandat britannique, à l'époque, a empêché de réaliser n'est pas, aujourd'hui, une utopie. C'est, au contraire, la voix de l'intelligence et du respect mutuels.
Serions-nous incapables de l'ouvrir à nouveau ce dialogue si incertain mais si nécessaire ? Sommes-nous vraiment condamnés à nous combattre alors qu'il nous reste tant d'avenir à construire ensemble ?
nelsy
respectjustement quel formidable pied de nez a tous les empecheurs de tourner en paix et autres ideologues du catastrophisme (extremes gauche et droite) alors on peut y croire a ... Lundi 11 Septembre 2006 - 12:30
AVI AVI
RESPECT RESPECTMonsieur Klein, respectez le peuple palestinien qui a voté pour le Hamas. Le Hamas ne respecte pas Israel et veut le détruire. Tout le reste n'est que bavardage. ... Lundi 11 Septembre 2006 - 12:00
libanais rouge
rêveIL y a trop de gens puissants qui ont interet à ce que le dialogue ne s'ouvrve jamais des deux côtés. La paix est au proche orient est une utopie. ... Lundi 11 Septembre 2006 - 12:00
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