EPILOGUE DES POURSUITES CONTRE ALBERT LEVY
Amende requise contre un magistrat pour violation du secret de l'instruction PARIS (AP) -- Le procureur du tribunal correctionnel de Paris a requis mardi une amende de 3.000 euros contre le magistrat Albert Lévy jugé pour "violation du secret de l'instruction" pour avoir remis des pièces d'une procédure à un journaliste alors qu'il était substitut à Toulon (Var) en 1998. Une amende de 2.000 euros a été réclamée par le procureur François Cordier contre le journaliste Claude Ardid, soupçonné d'avoir publié le procès-verbal dans l'hebdomadaire VSD. Albert Lévy a toujours nié les faits et estime être victime d'antisémitisme. Le magistrat est poursuivi pour avoir remis au journaliste le PV d'audition de Sauveur Catalano, le témoin-clé d'un scandale de détournement de fonds aux cantines scolaires de Toulon, alors dirigée par le maire Front national, Jean-Marie Le Chevallier. Albert Lévy, alors en poste à Toulon, avait été mis en examen une première fois en septembre 1998. Son contrôle judiciaire comprenant l'interdiction de se rendre au palais de Justice et obligation de soins psychiatriques avait suscité quelques remous au sein du petit monde feutré de la magistrature. Sa première mise en examen annulée en avril 1999 par la chambre d'accusation de la cour d'appel de Paris, le magistrat varois s'était vu signifier de nouvelles poursuites en janvier 2000. Il est aujourd'hui en poste au parquet de Lyon. Le jugement doit être mis en délibéré à l'issue des plaidoiries de la défense. Albert Lévy a obtenu le soutien du Syndicat de la magistrature qui dénonce une manoeuvre politique. AP
Affaire Lévy ou le difficile exercice de magistrat à Toulon dans les années 90
Par Mathieu DEMEESTERE
PARIS (AFP) - Albert Lévy, magistrat poursuivi pour violation du secret de l'instruction, s'est défendu lundi d'être à l'origine de fuites dans la presse sur une affaire de malversations impliquant la mairie FN de Toulon et a mis en avant la difficulté à exercer dans cette ville dans les années 90.
Dans cette affaire, jugée pour la deuxième fois en deux ans devant le tribunal correctionnel de Paris, ont surgi en toile de fond l'enquête sur l'assassinat de la députée Yann Piat en 1994 et les relations entre la classe politique et le "milieu" varois à l'époque.
Les faits remontent à 1998, trois ans après l'élection de Jean-Marie Le Chevallier alors étiqueté Front National comme maire de Toulon. En avril, un article de l'hebdomadaire VSD accuse la municipalité de Toulon d'avoir perçu des pots de vin d'une entreprise candidate à l'attribution du marché des cantines scolaires de la ville. Une perquisition chez l'auteur, le journaliste Claude Ardid, mène à de nombreuses pièces de procédure.
L'article s'appuie notamment sur un procès verbal d'audition d'un entrepreneur local (alors écroué dans une autre affaire) confiant à M. Lévy des révélations embarrassantes pour M. Le Chevallier.
"Je confirme que je n'ai remis aucune espèce de document à Claude Ardid", se défend Albert Lévy, qui encourt deux ans de prison.
Interrogé par le président du tribunal pour savoir pourquoi l'entrepreneur accusateur voulait absolument se confier à lui, alors substitut du procureur, le magistrat répond: "chacun connaissait ma pugnacité dans le traitement du grand banditisme" au tribunal de Toulon dans les années 1990.
M. Lévy évoque ainsi la difficulté d'exercer comme magistrat face au "microcosme toulonnais". "On touchait forcément à des personnes qui ne devaient pas être visées".
"Ce qui est extraordinaire c'est cette alliance ouverte de l'institutionnel avec la pègre", affirme-t-il encore à la barre. Quant aux faits reprochés, ils ne sont, d'après lui, qu'une illustration du pouvoir de nuisance qu'avait cette alliance.
Pour la défense du magistrat, ce procès dans lequel le président du FN Jean-Marie Le Pen est partie civile résulte d'un "acharnement" et d'une "campagne calomnieuse" contre M. Lévy.
Claude Ardid, également poursuivi avec deux ex-fonctionnaires des Renseignements généraux (RG), raconte sa "relation amicale et professionnelle" avec Albert Lévy, qui avait "tout pigé" du système varois.
Mais le journaliste assure aussi qu'il profitait de "tuyaux" de nombreux magistrats, pas uniquement de M. Lévy. Pour M. Ardid, M. Lévy était "victime d'un antisémitisme violent", jusque dans les couloirs du palais de justice de Toulon.
Un premier procès s'était tenu en 2004 mais sur la base d'une ordonnance de renvoi finalement annulée par la Cour d'appel de Paris. Les avocats de M. Lévy avaient plaidé sa nullité, estimant que les poursuites portaient à tort sur certains documents pour lesquels il n'avait pas été mis en examen.
Le procès se poursuit mardi. Le jugement devrait être mis en délibéré.
Affaire Lévy ou le difficile exercice de magistrat à Toulon dans les années 90
Par Mathieu DEMEESTERE
PARIS (AFP) - Albert Lévy, magistrat poursuivi pour violation du secret de l'instruction, s'est défendu lundi d'être à l'origine de fuites dans la presse sur une affaire de malversations impliquant la mairie FN de Toulon et a mis en avant la difficulté à exercer dans cette ville dans les années 90.
Dans cette affaire, jugée pour la deuxième fois en deux ans devant le tribunal correctionnel de Paris, ont surgi en toile de fond l'enquête sur l'assassinat de la députée Yann Piat en 1994 et les relations entre la classe politique et le "milieu" varois à l'époque.
Les faits remontent à 1998, trois ans après l'élection de Jean-Marie Le Chevallier alors étiqueté Front National comme maire de Toulon. En avril, un article de l'hebdomadaire VSD accuse la municipalité de Toulon d'avoir perçu des pots de vin d'une entreprise candidate à l'attribution du marché des cantines scolaires de la ville. Une perquisition chez l'auteur, le journaliste Claude Ardid, mène à de nombreuses pièces de procédure.
L'article s'appuie notamment sur un procès verbal d'audition d'un entrepreneur local (alors écroué dans une autre affaire) confiant à M. Lévy des révélations embarrassantes pour M. Le Chevallier.
"Je confirme que je n'ai remis aucune espèce de document à Claude Ardid", se défend Albert Lévy, qui encourt deux ans de prison.
Interrogé par le président du tribunal pour savoir pourquoi l'entrepreneur accusateur voulait absolument se confier à lui, alors substitut du procureur, le magistrat répond: "chacun connaissait ma pugnacité dans le traitement du grand banditisme" au tribunal de Toulon dans les années 1990.
M. Lévy évoque ainsi la difficulté d'exercer comme magistrat face au "microcosme toulonnais". "On touchait forcément à des personnes qui ne devaient pas être visées".
"Ce qui est extraordinaire c'est cette alliance ouverte de l'institutionnel avec la pègre", affirme-t-il encore à la barre. Quant aux faits reprochés, ils ne sont, d'après lui, qu'une illustration du pouvoir de nuisance qu'avait cette alliance.
Pour la défense du magistrat, ce procès dans lequel le président du FN Jean-Marie Le Pen est partie civile résulte d'un "acharnement" et d'une "campagne calomnieuse" contre M. Lévy.
Claude Ardid, également poursuivi avec deux ex-fonctionnaires des Renseignements généraux (RG), raconte sa "relation amicale et professionnelle" avec Albert Lévy, qui avait "tout pigé" du système varois.
Mais le journaliste assure aussi qu'il profitait de "tuyaux" de nombreux magistrats, pas uniquement de M. Lévy. Pour M. Ardid, M. Lévy était "victime d'un antisémitisme violent", jusque dans les couloirs du palais de justice de Toulon.
Un premier procès s'était tenu en 2004 mais sur la base d'une ordonnance de renvoi finalement annulée par la Cour d'appel de Paris. Les avocats de M. Lévy avaient plaidé sa nullité, estimant que les poursuites portaient à tort sur certains documents pour lesquels il n'avait pas été mis en examen.
Le procès se poursuit mardi. Le jugement devrait être mis en délibéré.
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