PREMIER CONGRES DES NEONAZIS A BERLIN
Premier congrès des néonazis à Berlin depuis la guerre
LE MONDE 14.11.06 15h13 • Mis à jour le 14.11.06 15h13 BERLIN CORRESPONDANT
our la première fois depuis la guerre, le Parti national démocrate (NPD), la principale formation néonazie allemande, a pu tenir son congrès annuel à Berlin. "Bienvenue dans la capitale du Reich", a lancé Udo Voigt, le président du parti, aux quelque 260 délégués réunis là, samedi 11 et dimanche 12 novembre. A ses yeux, cet événement, aussi symbolique soit-il, n'est qu'une étape sur la voie menant au Bundestag à la faveur des législatives de 2009. Un scénario que la classe politique allemande voudrait absolument éviter, sans savoir comment s'y prendre.
Faut-il relancer une procédure en vue d'interdire ce parti qui se réclame de l'idéologie nationale-socialiste ? L'idée est dans l'air outre-Rhin, à la suite d'une recrudescence des délits d'extrême droite et des récents succès électoraux du NPD à l'est. A droite comme au Parti social-démocrate, certains y sont favorables. Mais le souvenir laissé par l'échec d'une précédente tentative incite à la prudence, par crainte d'un nouveau refus de la justice ou de faire le jeu de l'extrême droite en la diabolisant auprès d'une jeunesse désoeuvrée. Lundi, un porte-parole du gouvernement a annoncé qu'un nouvel essai n'était pas à l'ordre du jour.
En mars 2003, la Cour constitutionnelle avait annulé la demande d'interdiction du NDP déposée par le gouvernement de Gerhard Schröder et le Bundestag. Les juges avaient estimé que les éléments susceptibles de conduire à la dissolution du parti provenaient trop souvent de militants infiltrés ou retournés par la police.
PROPAGANDE
Depuis, le NDP a pu poursuivre son travail de propagande, efficace dans les régions de l'ex-République démocratique allemande. En 2004, il avait créé la surprise en obtenant 9,2 % des voix aux élections régionales dans la Saxe. Il y a deux mois, il entrait au Parlement de Mecklembourg-Poméranie occidentale (7,3 %). L'Union populaire allemande (DVU), formation d'extrême droite avec laquelle le NPD a passé un pacte en vue de se partager le territoire, compte des élus régionaux dans le Brandebourg, mais aussi à Brême, à l'ouest.
Selon une récente étude de la Fondation Friedrich Ebert, proche du SPD, les idées d'extrême droite ont tendance à se banaliser dans la société. Et, contrairement aux idées reçues, plus encore dans l'ouest que dans l'est du pays. Cette étude a fait d'autant plus de bruit qu'elle est sortie après une série d'incidents alarmants. Le 9 novembre, à Francfort-sur-Oder, une quinzaine de néonazis ont saccagé les couronnes de fleurs déposées au pied d'un monument commémorant les violences antisémites de la Nuit de cristal, en 1938. En octobre, des lycéens ont forcé un de leurs camarades à se promener avec une pancarte portant un slogan antisémite de l'époque nazie. En juin, Le journal d'Anne Franck, jeune juive néerlandaise morte dans un camp en 1945, était brûlé par des jeunes. La liste n'est pas exhaustive.
Dans ce contexte, la présidente du Conseil central des juifs en Allemagne, Charlotte Knobloch, a affirmé, en octobre, que ces actes lui rappelaient la période d'après 1933, date de l'accession de Hitler au pouvoir. Si, pour certains, cette affirmation était exagérée, elle n'a pas été prise à la légère par les autorités allemandes. Celles-ci espéraient pourtant, six décennies après la guerre, que la page était en passe d'être tournée. L'élan de patriotisme bon enfant survenu dans le pays pendant la Coupe du monde de football, cet été, avait alimenté cet espoir.
Antoine Jacob
Article paru dans l'édition
LE MONDE 14.11.06 15h13 • Mis à jour le 14.11.06 15h13 BERLIN CORRESPONDANT
our la première fois depuis la guerre, le Parti national démocrate (NPD), la principale formation néonazie allemande, a pu tenir son congrès annuel à Berlin. "Bienvenue dans la capitale du Reich", a lancé Udo Voigt, le président du parti, aux quelque 260 délégués réunis là, samedi 11 et dimanche 12 novembre. A ses yeux, cet événement, aussi symbolique soit-il, n'est qu'une étape sur la voie menant au Bundestag à la faveur des législatives de 2009. Un scénario que la classe politique allemande voudrait absolument éviter, sans savoir comment s'y prendre.
Faut-il relancer une procédure en vue d'interdire ce parti qui se réclame de l'idéologie nationale-socialiste ? L'idée est dans l'air outre-Rhin, à la suite d'une recrudescence des délits d'extrême droite et des récents succès électoraux du NPD à l'est. A droite comme au Parti social-démocrate, certains y sont favorables. Mais le souvenir laissé par l'échec d'une précédente tentative incite à la prudence, par crainte d'un nouveau refus de la justice ou de faire le jeu de l'extrême droite en la diabolisant auprès d'une jeunesse désoeuvrée. Lundi, un porte-parole du gouvernement a annoncé qu'un nouvel essai n'était pas à l'ordre du jour.
En mars 2003, la Cour constitutionnelle avait annulé la demande d'interdiction du NDP déposée par le gouvernement de Gerhard Schröder et le Bundestag. Les juges avaient estimé que les éléments susceptibles de conduire à la dissolution du parti provenaient trop souvent de militants infiltrés ou retournés par la police.
PROPAGANDE
Depuis, le NDP a pu poursuivre son travail de propagande, efficace dans les régions de l'ex-République démocratique allemande. En 2004, il avait créé la surprise en obtenant 9,2 % des voix aux élections régionales dans la Saxe. Il y a deux mois, il entrait au Parlement de Mecklembourg-Poméranie occidentale (7,3 %). L'Union populaire allemande (DVU), formation d'extrême droite avec laquelle le NPD a passé un pacte en vue de se partager le territoire, compte des élus régionaux dans le Brandebourg, mais aussi à Brême, à l'ouest.
Selon une récente étude de la Fondation Friedrich Ebert, proche du SPD, les idées d'extrême droite ont tendance à se banaliser dans la société. Et, contrairement aux idées reçues, plus encore dans l'ouest que dans l'est du pays. Cette étude a fait d'autant plus de bruit qu'elle est sortie après une série d'incidents alarmants. Le 9 novembre, à Francfort-sur-Oder, une quinzaine de néonazis ont saccagé les couronnes de fleurs déposées au pied d'un monument commémorant les violences antisémites de la Nuit de cristal, en 1938. En octobre, des lycéens ont forcé un de leurs camarades à se promener avec une pancarte portant un slogan antisémite de l'époque nazie. En juin, Le journal d'Anne Franck, jeune juive néerlandaise morte dans un camp en 1945, était brûlé par des jeunes. La liste n'est pas exhaustive.
Dans ce contexte, la présidente du Conseil central des juifs en Allemagne, Charlotte Knobloch, a affirmé, en octobre, que ces actes lui rappelaient la période d'après 1933, date de l'accession de Hitler au pouvoir. Si, pour certains, cette affirmation était exagérée, elle n'a pas été prise à la légère par les autorités allemandes. Celles-ci espéraient pourtant, six décennies après la guerre, que la page était en passe d'être tournée. L'élan de patriotisme bon enfant survenu dans le pays pendant la Coupe du monde de football, cet été, avait alimenté cet espoir.
Antoine Jacob
Article paru dans l'édition
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