LA SAUVAGERIE DES COMBATS INTERPALESTINIENS
L'attaque par le Hamas d'un camp du Fatah illustre l'escalade armée
LE MONDE 07.02.07 15h14 • Mis à jour le 07.02.07 15h14 GAZA ENVOYÉ SPÉCIAL
OAS_AD('Frame1');
Dossiers, archives, fiches pays... toutes les chances de réussir ! Abonnez-vous au Monde.fr : 6€ par mois + 30 jours offerts
OAS_AD('Top2');
l ne reste rien du camp d'entraînement de la Garde présidentielle à Korayche, au sud de la ville de Gaza. La Force exécutive, bras armé du Hamas, l'a rasé au sol. Il n'y a plus que des cendres et des murs écroulés avec, çà et là, des chaussures, des vêtements et des taches de sang séché. L'endroit est désert et silencieux. Deux Palestiniens avec leurs carrioles tirées par des ânes tentent de récupérer les parpaings des bâtiments éventrés.
if (provenance_elt !=-1) {OAS_AD('x40')} else {OAS_AD('Middle')}
Function IE_Detect (version)
'Do
On Error Resume Next
plugin = (IsObject(CreateObject("ShockwaveFlash.ShockwaveFlash." & version & "")))
If plugin = true Then
IE_Detect = true
End If
End Function
Premiers contacts interpalestiniens, à Djedda
Le président de l'Autorité palestinienne et du Fatah, Mahmoud Abbas, et le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, se sont rencontrés mardi soir 6 février à Djedda, en Arabie saoudite, pour préparer les négociations qui devaient s'ouvrir à La Mecque, mercredi.
Elles visent la constitution d'un gouvernement d'union nationale pour mettre un terme aux affrontements entre les deux mouvements qui ont fait des dizaines de morts, principalement à Gaza. M. Abbas et M. Mechaal ont également été reçus séparément par le roi Abdallah d'Arabie saoudite. Les deux parties lui ont demandé d'"intervenir pour rapprocher leurs points de vue". - (AFP.)
[-] fermerSoudain, un pick-up transportant une dizaine d'hommes armés arrive à grande vitesse et s'arrête au milieu du terrain. Des coups de feu sont tirés en l'air, puis sur les vestiges du camp. Les tirs se rapprochent. Il faut déguerpir. "Cet endroit est à nous. Nous l'avons conquis", clament les fiers-à-bras de la Force exécutive.
L'assaut a été donné dans la nuit du jeudi 1er au vendredi 2 février. Au dire des rescapés et des blessés, il a duré pratiquement douze heures. Il a commencé en fin d'après-midi et s'est achevé à l'aube. Après une journée d'entraînement, les 600 nouvelles recrues étaient épuisées lorsque les premières roquettes sont tombées.
Le camp a été pilonné. "On a essayé de se protéger du mieux que l'on pouvait. Les impacts de balles soulevaient des gerbes de sable. Ceux qui tentaient de s'échapper ou de se relever étaient touchés", raconte Khalil, 20 ans, atteint à la tête par un éclat d'explosif et qui tente de rassembler ses souvenirs à l'hôpital Al-Qods de Gaza. "J'étais sûr que j'allais mourir. Je n'arrêtais pas de demander l'heure pour connaître celle de ma mort."
Mohammed, 21 ans, le fémur éclaté par une balle, a passé onze heures à attendre des secours. "J'étais au milieu des morts et des corps démembrés. L'un d'eux avait la tête arrachée. Dès qu'un blessé bougeait, ils tiraient." "Je suis resté dix heures derrière un monticule de terre. J'avais repéré les snipers. Nous n'avions pas d'armes. Nous ne pouvions pas nous défendre. J'ai entendu toute la nuit les blessés râler et agoniser. Puis les assaillants sont entrés dans le camp. Ils ont mis le feu aux tentes et aux véhicules et achevé des blessés. C'était une expédition punitive", se souvient Samir, 20 ans, sorti indemne.
Ils avaient tous entre 18 et 21 ans. Ils étaient en formation. Selon le Fatah, 18 d'entre eux ont été tués et 97 blessés, pour la plupart grièvement. Dans le couloir de l'hôpital, Ahmed, 19 ans, explose de rage : "Comment des musulmans peuvent faire cela ? Même les juifs ont plus de pitié. On est venu pour défendre notre pays et ce sont nos frères qui nous tuent."
Les ambulances n'ont pas pu approcher pour secourir les blessés, qui se sont vidés de leur sang. Dans une maison voisine, un témoin raconte que les fuyards ont été tirés comme des lapins dans les vignes qui jouxtent le camp. Les affiches représentant les photos de la plupart des victimes ont été placardées à l'entrée des locaux de la Garde présidentielle. Elles parlent de "la boucherie de Korayche". Wael Zahab, porte-parole de cette organisation fidèle au président Mahmoud Abbas, explique qu'une fois l'assaut terminé, des bulldozers sont venus raser les bâtiments, ensevelissant les morts sous les décombres.
Selon la rumeur, le raid aurait été décidé en représailles à celui mené par la Garde présidentielle contre l'Université islamique, bastion du Hamas. Wael Zahab dément et estime qu'il n'était que la prolongation de l'attaque contre un convoi du Fatah en provenance d'Israël, le 1er février, qui a mis de nouveau le feu aux poudres à Gaza. Ce convoi transportait des armes pour la Garde présidentielle, accuse le Hamas. Wael Zahab assure que les conteneurs ne renfermaient que du matériel d'équipement, dont des tentes et des cabines de douche.
L'épisode de Korayche illustre le degré d'animosité et de violence qui s'est emparé de ce territoire. "C'est le premier massacre de la guerre civile, déclare Wael Zahab. J'espère que la rencontre de la Mecque va stopper l'engrenage."
Michel Bôle-Richard
Article paru dans l'édition du 08.02.07. Offre Elections 2007 : Le Monde à -50%
LE MONDE 07.02.07 15h14 • Mis à jour le 07.02.07 15h14 GAZA ENVOYÉ SPÉCIAL
OAS_AD('Frame1');
Dossiers, archives, fiches pays... toutes les chances de réussir ! Abonnez-vous au Monde.fr : 6€ par mois + 30 jours offerts
OAS_AD('Top2');
l ne reste rien du camp d'entraînement de la Garde présidentielle à Korayche, au sud de la ville de Gaza. La Force exécutive, bras armé du Hamas, l'a rasé au sol. Il n'y a plus que des cendres et des murs écroulés avec, çà et là, des chaussures, des vêtements et des taches de sang séché. L'endroit est désert et silencieux. Deux Palestiniens avec leurs carrioles tirées par des ânes tentent de récupérer les parpaings des bâtiments éventrés.
if (provenance_elt !=-1) {OAS_AD('x40')} else {OAS_AD('Middle')}
Function IE_Detect (version)
'Do
On Error Resume Next
plugin = (IsObject(CreateObject("ShockwaveFlash.ShockwaveFlash." & version & "")))
If plugin = true Then
IE_Detect = true
End If
End Function
Premiers contacts interpalestiniens, à Djedda
Le président de l'Autorité palestinienne et du Fatah, Mahmoud Abbas, et le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, se sont rencontrés mardi soir 6 février à Djedda, en Arabie saoudite, pour préparer les négociations qui devaient s'ouvrir à La Mecque, mercredi.
Elles visent la constitution d'un gouvernement d'union nationale pour mettre un terme aux affrontements entre les deux mouvements qui ont fait des dizaines de morts, principalement à Gaza. M. Abbas et M. Mechaal ont également été reçus séparément par le roi Abdallah d'Arabie saoudite. Les deux parties lui ont demandé d'"intervenir pour rapprocher leurs points de vue". - (AFP.)
[-] fermerSoudain, un pick-up transportant une dizaine d'hommes armés arrive à grande vitesse et s'arrête au milieu du terrain. Des coups de feu sont tirés en l'air, puis sur les vestiges du camp. Les tirs se rapprochent. Il faut déguerpir. "Cet endroit est à nous. Nous l'avons conquis", clament les fiers-à-bras de la Force exécutive.
L'assaut a été donné dans la nuit du jeudi 1er au vendredi 2 février. Au dire des rescapés et des blessés, il a duré pratiquement douze heures. Il a commencé en fin d'après-midi et s'est achevé à l'aube. Après une journée d'entraînement, les 600 nouvelles recrues étaient épuisées lorsque les premières roquettes sont tombées.
Le camp a été pilonné. "On a essayé de se protéger du mieux que l'on pouvait. Les impacts de balles soulevaient des gerbes de sable. Ceux qui tentaient de s'échapper ou de se relever étaient touchés", raconte Khalil, 20 ans, atteint à la tête par un éclat d'explosif et qui tente de rassembler ses souvenirs à l'hôpital Al-Qods de Gaza. "J'étais sûr que j'allais mourir. Je n'arrêtais pas de demander l'heure pour connaître celle de ma mort."
Mohammed, 21 ans, le fémur éclaté par une balle, a passé onze heures à attendre des secours. "J'étais au milieu des morts et des corps démembrés. L'un d'eux avait la tête arrachée. Dès qu'un blessé bougeait, ils tiraient." "Je suis resté dix heures derrière un monticule de terre. J'avais repéré les snipers. Nous n'avions pas d'armes. Nous ne pouvions pas nous défendre. J'ai entendu toute la nuit les blessés râler et agoniser. Puis les assaillants sont entrés dans le camp. Ils ont mis le feu aux tentes et aux véhicules et achevé des blessés. C'était une expédition punitive", se souvient Samir, 20 ans, sorti indemne.
Ils avaient tous entre 18 et 21 ans. Ils étaient en formation. Selon le Fatah, 18 d'entre eux ont été tués et 97 blessés, pour la plupart grièvement. Dans le couloir de l'hôpital, Ahmed, 19 ans, explose de rage : "Comment des musulmans peuvent faire cela ? Même les juifs ont plus de pitié. On est venu pour défendre notre pays et ce sont nos frères qui nous tuent."
Les ambulances n'ont pas pu approcher pour secourir les blessés, qui se sont vidés de leur sang. Dans une maison voisine, un témoin raconte que les fuyards ont été tirés comme des lapins dans les vignes qui jouxtent le camp. Les affiches représentant les photos de la plupart des victimes ont été placardées à l'entrée des locaux de la Garde présidentielle. Elles parlent de "la boucherie de Korayche". Wael Zahab, porte-parole de cette organisation fidèle au président Mahmoud Abbas, explique qu'une fois l'assaut terminé, des bulldozers sont venus raser les bâtiments, ensevelissant les morts sous les décombres.
Selon la rumeur, le raid aurait été décidé en représailles à celui mené par la Garde présidentielle contre l'Université islamique, bastion du Hamas. Wael Zahab dément et estime qu'il n'était que la prolongation de l'attaque contre un convoi du Fatah en provenance d'Israël, le 1er février, qui a mis de nouveau le feu aux poudres à Gaza. Ce convoi transportait des armes pour la Garde présidentielle, accuse le Hamas. Wael Zahab assure que les conteneurs ne renfermaient que du matériel d'équipement, dont des tentes et des cabines de douche.
L'épisode de Korayche illustre le degré d'animosité et de violence qui s'est emparé de ce territoire. "C'est le premier massacre de la guerre civile, déclare Wael Zahab. J'espère que la rencontre de la Mecque va stopper l'engrenage."
Michel Bôle-Richard
Article paru dans l'édition du 08.02.07. Offre Elections 2007 : Le Monde à -50%
0 Comments:
Post a Comment
<< Home