Edgar Morin, du «marranisme» à l’antisémitisme
Article extrait du Numéro : 973 du 15-03-2007 |
Parti pris
Edgar Morin, du «marranisme» à l’antisémitisme
Dans son dernier essai, « Le monde moderne et la question juive », le sociologue se livre à une attaque haineuse contre les Juifs et Israël. Dans les médias, silence radio.
Curieusement, la sortie du dernier essai d’Edgar Morin, « Le monde moderne et la question juive » (Seuil) a été pour ainsi dire passée sous silence par une critique d’habitude prompte à tresser au sociologue des couronnes de lauriers. On aurait pourtant pu s’attendre à ce que l’ouvrage éveille un certain intérêt ne serait-ce qu’en raison du retentissement qu’avait suscité la condamnation en juillet 2005 d’E. Morin pour une méchante tribune aux relents antisémites parue dans Le Monde en 2002. Intitulé « Israël-Palestine : le cancer », ce texte accusait « les Juifs » des pires turpitudes à l’encontre des Palestiniens. Cette condamnation pour « diffamation raciale » avait entraîné une avalanche de protestations, de réactions indignées et de pétitions en faveur du sociologue. Les phrases incriminées avaient été extraites de leur contexte, soutinrent les signataires. La pensée « complexe » dont Edgar Morin se veut l’inventeur et le gardien n’avait pas été prise en compte, firent-ils valoir. Le contexte et le complexe, voilà les deux jokers brandis par E. Morin et ses amis pour justifier ses outrances anti juives. A la suite de cette intense campagne, la Cour de cassation n’hésita pas procéder à un petit tour de passe-passe judiciaire pour relaxer le penseur. Provisoirement d’ailleurs puisque cette décision de la plus haute juridiction française fait l’objet d’un recours auprès de la Cour européenne des Droits de l’Homme. Est-ce parce qu’il a ainsi reçu quitus de la Cour de cassation qu’E. Morin, se sentant libéré de toute autocensure, a décidé de nous livrer dans son dernier ouvrage le fond de sa pensée ? Est-ce parce que cette pensée se nourrit manifestement de la haine du judaïsme la plus traditionnelle et des fantasmes habituels de l’antisémitisme que « Le monde moderne et la question juive » a été accueilli par un silence embarrassé ? Il faut se donner la peine de lire l’ouvrage pour constater à quels excès E. Morin s’autorise dans la défense de sa thèse. Celle-ci peut se résumer de la manière suivante : Il n’y a de bons Juifs que de Juifs assimilés, ouverts au monde moderne et à l’universel. En bref, tous ceux qui « rejettent l’idée d’un peuple élu ». Le sociologue se livre ainsi à un plaidoyer en faveur des nouveaux marranes, qu’il appelle les « judéo-gentils », dignes héritiers de Montaigne et de Spinoza et qu’il oppose aux « Juifs re-judaïsés », cultivant la haine des autres nations. « La notion de Juif élimine toute complexité identitaire dans le monde. Chez l’antisémite, elle exclut le Juif de l’humanité. Chez le rejudaïsé ou l’orthodoxe, elle exclut le reste de l’humanité. Il y a désormais divergence entre les universalistes, pour qui prime le salut de l’humanité et les re-judaïsés, qui se consacrent au salut d’Israël », conclut E. Morin dans les dernières lignes de son essai. On l’a compris, c’est bien dans la renaissance de l’Etat d’Israël, conséquence et produit du nazisme, qu’E. Morin voit la cause de tous ces maux. Un Israël auquel il reproche d’user et d’abuser de la thématique de la Shoah. Extraits : « Israël et les institutions juives de la diaspora s’emploient à rappeler le martyre juif, non seulement par devoir de mémoire mais aussi pour occulter les souffrances subies par le peuple palestinien (…) La Shoah veut signifier la singularité absolue du martyre juif par rapport aux autres victimes de l’histoire humaine. Cette singularité absolue du malheur juif assure la singularité d’Israël parmi les nations et constitue sa justification pour échapper aux lois internationales. Israël porte désormais en lui la Shoah, qui légitime toutes ses actions (…) La réalité nationale, culturelle, religieuse d’Israël le rend aveugle à l’universel concret de l’humanité planétaire. Le judéocentrisme met Israël au-dessus de l’ONU et du droit international. La diaspora avait favorisé le cosmopolitisme judéo-gentil (…) c’est désormais une internationale de judéo-gentils qui se dévoue à Israël. Plus Israël s’affirme en puissant et impitoyable colonisateur, plus les machines communautaires de la diaspora justifient Israël (…) Le mot « antisémitisme » et le mot « shoah » occultent le malheur palestinien ». Pour être complexe, la pensée d’Edgar Morin ne s’exprime pas moins en boucle. Il faudrait beaucoup plus de place pour citer toutes ses outrances et ses dérapages. A retenir tout de même cet éloge du mariage mixte : « Le mariage mixte est le test ultime de l’intégration, mais, il rencontre l’obstacle du rabbinat et de l’antisémitisme. Il fut prohibé par les lois raciales nazies, puis, réprouvé par les dirigeants israéliens, interdit de fait en Israël ». A signaler également, ce diagnostic sur la montée de l’antisémitisme : « La crainte de l’antisémitisme devient une psychopathologie juive obsessionnelle et conduit à inventer un antisémitisme imaginaire ». A l’appui de sa démonstration, l’auteur établit une chronologie des événements passés et récents concernant le monde juif. A ce titre, il ne retient que deux événements marquants en France entre 2000 et 2006 : « Fausse agression antisémite dans le RER D. Incendie non antisémite d’un foyer juif dans le XIe arrondissement ». Verdict final : « C’est par peur de passer pour antisémites que bien des gentils n’osent critiquer la re-fermeture juive ni Israël. Beaucoup sont de plus en plus déconcertés et ahuris par la frénésie judéocentrique ; en privé, ils disent de plus en plus que « les Juifs exagèrent ».
Clément Weill-Raynal
Parti pris
Edgar Morin, du «marranisme» à l’antisémitisme
Dans son dernier essai, « Le monde moderne et la question juive », le sociologue se livre à une attaque haineuse contre les Juifs et Israël. Dans les médias, silence radio.
Curieusement, la sortie du dernier essai d’Edgar Morin, « Le monde moderne et la question juive » (Seuil) a été pour ainsi dire passée sous silence par une critique d’habitude prompte à tresser au sociologue des couronnes de lauriers. On aurait pourtant pu s’attendre à ce que l’ouvrage éveille un certain intérêt ne serait-ce qu’en raison du retentissement qu’avait suscité la condamnation en juillet 2005 d’E. Morin pour une méchante tribune aux relents antisémites parue dans Le Monde en 2002. Intitulé « Israël-Palestine : le cancer », ce texte accusait « les Juifs » des pires turpitudes à l’encontre des Palestiniens. Cette condamnation pour « diffamation raciale » avait entraîné une avalanche de protestations, de réactions indignées et de pétitions en faveur du sociologue. Les phrases incriminées avaient été extraites de leur contexte, soutinrent les signataires. La pensée « complexe » dont Edgar Morin se veut l’inventeur et le gardien n’avait pas été prise en compte, firent-ils valoir. Le contexte et le complexe, voilà les deux jokers brandis par E. Morin et ses amis pour justifier ses outrances anti juives. A la suite de cette intense campagne, la Cour de cassation n’hésita pas procéder à un petit tour de passe-passe judiciaire pour relaxer le penseur. Provisoirement d’ailleurs puisque cette décision de la plus haute juridiction française fait l’objet d’un recours auprès de la Cour européenne des Droits de l’Homme. Est-ce parce qu’il a ainsi reçu quitus de la Cour de cassation qu’E. Morin, se sentant libéré de toute autocensure, a décidé de nous livrer dans son dernier ouvrage le fond de sa pensée ? Est-ce parce que cette pensée se nourrit manifestement de la haine du judaïsme la plus traditionnelle et des fantasmes habituels de l’antisémitisme que « Le monde moderne et la question juive » a été accueilli par un silence embarrassé ? Il faut se donner la peine de lire l’ouvrage pour constater à quels excès E. Morin s’autorise dans la défense de sa thèse. Celle-ci peut se résumer de la manière suivante : Il n’y a de bons Juifs que de Juifs assimilés, ouverts au monde moderne et à l’universel. En bref, tous ceux qui « rejettent l’idée d’un peuple élu ». Le sociologue se livre ainsi à un plaidoyer en faveur des nouveaux marranes, qu’il appelle les « judéo-gentils », dignes héritiers de Montaigne et de Spinoza et qu’il oppose aux « Juifs re-judaïsés », cultivant la haine des autres nations. « La notion de Juif élimine toute complexité identitaire dans le monde. Chez l’antisémite, elle exclut le Juif de l’humanité. Chez le rejudaïsé ou l’orthodoxe, elle exclut le reste de l’humanité. Il y a désormais divergence entre les universalistes, pour qui prime le salut de l’humanité et les re-judaïsés, qui se consacrent au salut d’Israël », conclut E. Morin dans les dernières lignes de son essai. On l’a compris, c’est bien dans la renaissance de l’Etat d’Israël, conséquence et produit du nazisme, qu’E. Morin voit la cause de tous ces maux. Un Israël auquel il reproche d’user et d’abuser de la thématique de la Shoah. Extraits : « Israël et les institutions juives de la diaspora s’emploient à rappeler le martyre juif, non seulement par devoir de mémoire mais aussi pour occulter les souffrances subies par le peuple palestinien (…) La Shoah veut signifier la singularité absolue du martyre juif par rapport aux autres victimes de l’histoire humaine. Cette singularité absolue du malheur juif assure la singularité d’Israël parmi les nations et constitue sa justification pour échapper aux lois internationales. Israël porte désormais en lui la Shoah, qui légitime toutes ses actions (…) La réalité nationale, culturelle, religieuse d’Israël le rend aveugle à l’universel concret de l’humanité planétaire. Le judéocentrisme met Israël au-dessus de l’ONU et du droit international. La diaspora avait favorisé le cosmopolitisme judéo-gentil (…) c’est désormais une internationale de judéo-gentils qui se dévoue à Israël. Plus Israël s’affirme en puissant et impitoyable colonisateur, plus les machines communautaires de la diaspora justifient Israël (…) Le mot « antisémitisme » et le mot « shoah » occultent le malheur palestinien ». Pour être complexe, la pensée d’Edgar Morin ne s’exprime pas moins en boucle. Il faudrait beaucoup plus de place pour citer toutes ses outrances et ses dérapages. A retenir tout de même cet éloge du mariage mixte : « Le mariage mixte est le test ultime de l’intégration, mais, il rencontre l’obstacle du rabbinat et de l’antisémitisme. Il fut prohibé par les lois raciales nazies, puis, réprouvé par les dirigeants israéliens, interdit de fait en Israël ». A signaler également, ce diagnostic sur la montée de l’antisémitisme : « La crainte de l’antisémitisme devient une psychopathologie juive obsessionnelle et conduit à inventer un antisémitisme imaginaire ». A l’appui de sa démonstration, l’auteur établit une chronologie des événements passés et récents concernant le monde juif. A ce titre, il ne retient que deux événements marquants en France entre 2000 et 2006 : « Fausse agression antisémite dans le RER D. Incendie non antisémite d’un foyer juif dans le XIe arrondissement ». Verdict final : « C’est par peur de passer pour antisémites que bien des gentils n’osent critiquer la re-fermeture juive ni Israël. Beaucoup sont de plus en plus déconcertés et ahuris par la frénésie judéocentrique ; en privé, ils disent de plus en plus que « les Juifs exagèrent ».
Clément Weill-Raynal
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