Friday, March 23, 2007

Le patron de Total mis en examen pour corruption

jeudi 22 mars 2007, 20h54
Le patron de Total mis en examen pour corruption


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PARIS (Reuters) - Christophe de Margerie, directeur général de Total, a été mis en examen jeudi soir pour "corruption d'agents publics étrangers et abus de biens sociaux" dans une enquête sur des malversations présumées en marge d'un contrat gazier avec l'Iran, a-t-on appris de source judiciaire.

Le nom du fils de l'ancien chef de l'Etat iranien, Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, président de la République islamique de 1989 à 1997, a été cité pendant les auditions.

A l'issue d'une journée et d'une nuit de garde à vue à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) et de trois heures d'audition chez le juge Philippe Courroye, il a été laissé en liberté sous contrôle judiciaire.

Le patron de la première société française et du quatrième groupe pétrolier mondial a interdiction de rencontrer les autres acteurs du dossier, mais il conserve son passeport et ne paiera pas de caution.

ll a quitté le pôle financier sans faire de déclaration.

Christophe de Margerie peut donc rester en fonctions. Le groupe a indiqué de toutes façons qu'il n'était pas question qu'il démissionne.

"(...) le groupe est confiant dans le fait que la justice établira l'absence d'infraction et réaffirme qu'il exerce ses activités dans le respect des lois (...)", a déclaré Total dans un communiqué.

Assisté de son avocat, Me Emmanuel Rosenfeld, Christophe de Margerie a nié toute malversation lors de son audition dans ce dossier ouvert en décembre 2006 pour "corruption d'agents publics étrangers et abus de biens sociaux".

Dans la nuit, deux cadres de la société, le directeur financier Robert Castaigne, et le directeur général du secteur gaz-électricité Philippe Boisseau, ainsi que deux ex-cadres de Total, ont été libérés après une journée d'interrogatoire.

Aucune charge n'a été retenue contre eux. Total nie les accusations et soutient ses collaborateurs.

L'enquête porte sur des versements présumés de fonds occultes à des responsables officiels iraniens en marge d'un contrat d'exploitation de gaz sur le site de South Pars signé en 1997.

LE FILS RAFSANDJANI CITE

L'information judiciaire contre "X" pour "abus de biens sociaux et corruption d'agents publics étrangers" a été ouverte après une dénonciation de la justice suisse.

Le gisement gazier offshore de South Pars, situé à 100 km des côtes iraniennes, a été inauguré en 2003 en exécution d'un contrat signé en 1997. Sa gestion est partagée entre Total, le malaisien Petronas et le russe Gazprom.

Christophe de Margerie, 55 ans, est entré dans le groupe en 1974 et a succédé à la mi-février à Thierry Desmarest à la tête du géant pétrolier. A l'époque des faits, il était directeur de la société pour le Moyen-Orient.

La procédure visant l'Iran fait suite à la découverte de très importantes sommes d'argent, 38 millions de dollars (28 millions d'euros) versés par une entité liée à Total sur des comptes bancaires suisses entre 1997 et 2003.

Ces sommes sont censées avoir rémunéré des prestations de conseil, mais aucune justification de ces prestations n'a pu être fournie par Total, dit-on de source judiciaire.

Un des cadres de la société interrogé par la police a indiqué que l'argent, qui a finalement abouti sur des comptes à Doubaï, a été crédité au bénéfice du secrétaire du fils d'Ali Akbar Hachemi Rafsandjani.

Christophe de Margerie a déclaré qu'il l'ignorait. Les paiements se sont échelonnés jusqu'en 2003, trois ans après la signature par la France d'une convention internationale contre la corruption, qui s'applique donc aux faits.

La justice suisse, qui a saisi les derniers versements a ouvert sa propre enquête et transmis des documents à la France, dont un relatif à une procédure judiciaire norvégienne.

Ce document fait aussi apparaître comme possible acteur de la corruption le nom du fils d'Ali Rafsandjani.

Christophe de Margerie a déjà été mis en examen l'an dernier dans une affaire similaire concernant l'Irak de Saddam Hussein, pour "complicité de corruption et complicité d'abus de biens sociaux".

Ce dossier porte sur la corruption présumée d'officiels irakiens en marge du programme de l'Onu "Pétrole contre nourriture".

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