Monday, March 19, 2007

Les évolutions religieuses récentes fragilisent le Consistoire

Les évolutions religieuses récentes fragilisent le Consistoire





n millier de personnes ont célébré, dimanche 11 mars, à Paris, le bicentenaire de la réunion du Grand Sanhédrin, qui fut le prélude à la création du Consistoire central, chargé d'organiser la vie cultuelle de la communauté juive de France. Deux cents ans après, le système consistorial voulu par Napoléon a fait ses preuves, notamment dans sa capacité à intégrer les diverses communautés arrivées en France au cours du XXe siècle, mais il doit faire face à des problèmes financiers et à une radicalisation des communautés religieuses.



Conçus pour prendre en charge la construction et l'entretien des synagogues, la formation des rabbins (le séminaire n'en forme que trois par an), les mariages, les divorces, les enterrements ou le système de la casherout (conformité des aliments à la loi hébraïque) les consistoires de France continuent d'assurer "un service public juif" pour les 600 000 juifs de France, selon Sammy Gozlan, président de l'Union des conseils des communautés juives d'Ile-de-France, mais de plus en plus de communautés, notamment en région parisienne, se créent désormais en dehors du système. "Ce phénomène est réel", reconnaît Joël Mergui, président du consistoire de Paris, "même si 90 % des membres de la communauté continuent d'avoir recours aux services du Consistoire".

Pour d'autres acteurs de la vie communautaire, le système consistorial, trop centralisé, a pourtant perdu de son omniprésence. "Il fut l'incarnation de la générosité et de la solidarité ; aujourd'hui il ne remplit plus ce rôle, et c'est chacun pour soi", regrette Moïse Cohen, ancien président du consistoire de Paris.

Traditionnellement financé par les dons des fidèles transmis par les synagogues consistoriales, le Consistoire central affiche un déficit chronique. "Quel intérêt pour des communautés florissantes de mutualiser leurs ressources ?", s'interroge un observateur.

En outre, les revenus liés à la casherout et à l'abattage rituel sont en baisse car le Consistoire ne détient plus de monopole sur un marché mondialisé.

Pour pérenniser les ressources, "il faudrait mieux intégrer les nouvelles communautés", reconnaît André Cohen, directeur de cabinet du grand rabbin Joseph Sitruk, au Consistoire central, "ou créer une dynamique du style "Les amis du Consistoire"".

"L'Etat qui nous a créé ne peut pas nous aider", regrette de son côté M. Mergui, en référence à la loi de 1905, qui encadre le financement public des cultes. "Il faudrait pourtant une forme de rattrapage pour la communauté", estime-t-il. D'autant que les grands donateurs se font plus rares.

Des divergences d'ordre théologique expliquent aussi la recherche d'autonomie des nouvelles communautés. "A force de vouloir rester dans le "juste milieu", d'un point de vue doctrinal, le Consistoire s'est coupé des nouvelles communautés marquées par un retour à l'orthodoxie", souligne le politologue Jean-Yves Camus, ancien porte-parole de l'organisation.

Ce phénomène, répandu chez les Loubavitch - un courant orthodoxe -, se retrouve aussi au sein des communautés juives libérales.

"L'erreur du Consistoire a été de vouloir être à la fois une administration et une autorité religieuse ; or cette dernière ne convient pas à la poussée actuelle du judaïsme religieux", estime un membre de la communauté.

Ce modèle, qui "a favorisé l'intégration des juifs de France tout en préservant leurs rites communautaires", selon André Cohen, a servi de modèle explicite à l'organisation du culte musulman. Après quatre ans d'existence, le Conseil français du culte musulman (CFCM) n'a pas fait la preuve de son efficacité et connaît, aussi, des problèmes de représentativité.

Stéphanie Le Bars

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