Des prêtres orthodoxes: expurger la liturgie de ses passages antisémites
Des prêtres orthodoxes: expurger la liturgie de ses passages antisémites
upjf.org - Etgar Lefkovitz
mercredi 25 avril 2007 - 22:54
Comme le dit l'auteur, cet appel constitue une véritable révolution, en effet. Dans l'Orthodoxie, l'Eglise a un statut presque équivalent à celui de l'Ecriture sainte. Jusqu'à ce jour, il n'a jamais été envisagé d'en changer même un iota. Nous verrons si cette initiative réussira à infléchir cette tendance rigoriste inflexible. On peut le souhaiter. On peut aussi en douter. Wait and see.
Un groupe de 12 prêtres orthodoxes a appelé l'Eglise à réviser ses antiques positions théologiques – qui datent de plusieurs siècles - envers les Juifs et l'Etat d'Israël, et d’ôter de sa liturgie les passages antisémites.
Les prêtres dissidents ont formulé leurs requêtes dans une déclaration en 12 points, qui a été adoptée au cours d’une visite d'une semaine en Israël, ayant pour but d’inciter à un débat dans le monde chrétien orthodoxe, et de remettre en question des siècles de conceptions antisémites.
"Malheureusement, certains chrétiens orthodoxes propagent, sous la bannière de l'Orthodoxie, un antisémitisme répugnant qui est incompatible avec le christianisme", a déclaré le Révérend Innokenty Pavlov, professeur de théologie à l'institut de théologie biblique de Moscou.
"Nous devons élever la voix et appeler les laïcs orthodoxes et les dirigeants ecclésiastiques à formuler une position officielle de l'Eglise orthodoxe concernant nos relations avec le judaïsme, à l’instar de ce qui a été formulé, il y a quelques décennies par l'Eglise catholique", a-t-il ajouté, se référant ainsi au Second Concile du Vatican (1962-1965).
La déclaration de dix pages, rendue publique le 19 avril, appelle à renoncer à la théologie de la substitution [de l’Eglise à Israël], et à expurger de ses passages antisémites la liturgie de l'Eglise – tout spécialement ceux des célébrations pascales ; elle prend également à son compte le lien éternel entre le peuple juif et la terre d'Israël.
Les passages antisémites figurent dans le rituel liturgique orthodoxe utilisé dans le monde entier.
Les dix prêtres orthodoxes signataires de la déclaration – certains en résistance ouverte aux directives des dirigeants de l’Eglise – représentent cinq Eglises orthodoxes : russe, grecque, ukrainienne, géorgienne, et les Eglises œcuméniques orthodoxes. La déclaration affirme :
"Nous sommes parvenus à la ferme conviction qu’il est grand temps que l’Eglise orthodoxe rectifie son attitude envers les Juifs et le judaïsme".
A la différence des églises catholiques et protestantes, l’Eglise orthodoxe n’a jamais ôté de sa liturgie les passages antisémites, qui se réfèrent encore aux Juifs, comme aux meurtriers du Christ, dit le Dr Dimitri Radyshevsky, directeur du Jerusalem Summit [Sommet de Jérusalem], un think tank israélien de Juifs conservateurs, co-organisateur de cette visite.
Et de préciser que les passages antisémites sont plus manifestes durant les célébrations pascales, et comportent des affirmations, telles que :
"La tribu juive qui vous a condamné à être crucifié, Seigneur, châtie-la" – réitérée une demi-douzaine de fois ; et "Le Christ est ressuscité, tandis que la descendance juive a péri" ; ainsi que des allusions aux Juifs "déicides".
Selon Radyshevsky, "Le christianisme orthodoxe porte bien son nom : il est extrêmement conservateur – plus encore que le catholicisme".
"Pour les Orthodoxes, le seul fait de poser la question de la nécessité d’expurger la liturgie de ses passages judéophobes, qui y figurent depuis 1 500 ans, est une révolution".
Alors que quelques-uns des meilleurs philosophes chrétiens orthodoxes des XIXe et XXe siècles, tels Vladimir Soloviev and Sergiy Bulgakov, étaient philosémites, cette conception n’a jamais pénétré dans les masses, précise Radyshevsky.
Aujourd’hui, cependant, quelques intellectuels chrétiens orthodoxes ont le sentiment que leur Eglise a besoin d’un réveil, et que celui-ci doit commencer par ses racines : une réconciliation avec les Juifs.
Selon le Révérend Père Ioann Sviridov, éditeur en chef de la station de radio russe chrétienne, Sophia,
"Il est grand temps d’inaugurer le dialogue entre le christianisme orthodoxe et le judaïsme".
Et d’ajouter :
"Suite à la montée de l’antisémitisme et d’autres manifestations de nationalisme en Russie, notre église doit répondre à ce phénomène répugnant et réviser certains aspects de ses relations avec les Juifs et le judaïsme".
Etgar Lefkovits
© Jerusalem Post
[Texte anglais aimablement signalé par Yigal Palmor.]
Mis en ligne le 25 avril 2007, par M. Macina, sur le site upjf.org
upjf.org - Etgar Lefkovitz
mercredi 25 avril 2007 - 22:54
Comme le dit l'auteur, cet appel constitue une véritable révolution, en effet. Dans l'Orthodoxie, l'Eglise a un statut presque équivalent à celui de l'Ecriture sainte. Jusqu'à ce jour, il n'a jamais été envisagé d'en changer même un iota. Nous verrons si cette initiative réussira à infléchir cette tendance rigoriste inflexible. On peut le souhaiter. On peut aussi en douter. Wait and see.
Un groupe de 12 prêtres orthodoxes a appelé l'Eglise à réviser ses antiques positions théologiques – qui datent de plusieurs siècles - envers les Juifs et l'Etat d'Israël, et d’ôter de sa liturgie les passages antisémites.
Les prêtres dissidents ont formulé leurs requêtes dans une déclaration en 12 points, qui a été adoptée au cours d’une visite d'une semaine en Israël, ayant pour but d’inciter à un débat dans le monde chrétien orthodoxe, et de remettre en question des siècles de conceptions antisémites.
"Malheureusement, certains chrétiens orthodoxes propagent, sous la bannière de l'Orthodoxie, un antisémitisme répugnant qui est incompatible avec le christianisme", a déclaré le Révérend Innokenty Pavlov, professeur de théologie à l'institut de théologie biblique de Moscou.
"Nous devons élever la voix et appeler les laïcs orthodoxes et les dirigeants ecclésiastiques à formuler une position officielle de l'Eglise orthodoxe concernant nos relations avec le judaïsme, à l’instar de ce qui a été formulé, il y a quelques décennies par l'Eglise catholique", a-t-il ajouté, se référant ainsi au Second Concile du Vatican (1962-1965).
La déclaration de dix pages, rendue publique le 19 avril, appelle à renoncer à la théologie de la substitution [de l’Eglise à Israël], et à expurger de ses passages antisémites la liturgie de l'Eglise – tout spécialement ceux des célébrations pascales ; elle prend également à son compte le lien éternel entre le peuple juif et la terre d'Israël.
Les passages antisémites figurent dans le rituel liturgique orthodoxe utilisé dans le monde entier.
Les dix prêtres orthodoxes signataires de la déclaration – certains en résistance ouverte aux directives des dirigeants de l’Eglise – représentent cinq Eglises orthodoxes : russe, grecque, ukrainienne, géorgienne, et les Eglises œcuméniques orthodoxes. La déclaration affirme :
"Nous sommes parvenus à la ferme conviction qu’il est grand temps que l’Eglise orthodoxe rectifie son attitude envers les Juifs et le judaïsme".
A la différence des églises catholiques et protestantes, l’Eglise orthodoxe n’a jamais ôté de sa liturgie les passages antisémites, qui se réfèrent encore aux Juifs, comme aux meurtriers du Christ, dit le Dr Dimitri Radyshevsky, directeur du Jerusalem Summit [Sommet de Jérusalem], un think tank israélien de Juifs conservateurs, co-organisateur de cette visite.
Et de préciser que les passages antisémites sont plus manifestes durant les célébrations pascales, et comportent des affirmations, telles que :
"La tribu juive qui vous a condamné à être crucifié, Seigneur, châtie-la" – réitérée une demi-douzaine de fois ; et "Le Christ est ressuscité, tandis que la descendance juive a péri" ; ainsi que des allusions aux Juifs "déicides".
Selon Radyshevsky, "Le christianisme orthodoxe porte bien son nom : il est extrêmement conservateur – plus encore que le catholicisme".
"Pour les Orthodoxes, le seul fait de poser la question de la nécessité d’expurger la liturgie de ses passages judéophobes, qui y figurent depuis 1 500 ans, est une révolution".
Alors que quelques-uns des meilleurs philosophes chrétiens orthodoxes des XIXe et XXe siècles, tels Vladimir Soloviev and Sergiy Bulgakov, étaient philosémites, cette conception n’a jamais pénétré dans les masses, précise Radyshevsky.
Aujourd’hui, cependant, quelques intellectuels chrétiens orthodoxes ont le sentiment que leur Eglise a besoin d’un réveil, et que celui-ci doit commencer par ses racines : une réconciliation avec les Juifs.
Selon le Révérend Père Ioann Sviridov, éditeur en chef de la station de radio russe chrétienne, Sophia,
"Il est grand temps d’inaugurer le dialogue entre le christianisme orthodoxe et le judaïsme".
Et d’ajouter :
"Suite à la montée de l’antisémitisme et d’autres manifestations de nationalisme en Russie, notre église doit répondre à ce phénomène répugnant et réviser certains aspects de ses relations avec les Juifs et le judaïsme".
Etgar Lefkovits
© Jerusalem Post
[Texte anglais aimablement signalé par Yigal Palmor.]
Mis en ligne le 25 avril 2007, par M. Macina, sur le site upjf.org
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