Monday, September 24, 2007

Les Pays-Bas ont failli relire "Mein Kampf"

Les Pays-Bas ont failli relire "Mein Kampf"
LE MONDE | 18.09.07 | 18h40 • Mis à jour le 18.09.07 | 18h40
Bruxelles Correspondant
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n parfait démocrate, Ronald Plasterk, ministre travailliste de l'enseignement, de la culture et des sciences aux Pays-Bas, ne supporte pas la censure. Même si elle vise Mein Kampf, le livre d'Adolf Hitler qui préfigurait le tragique programme national-socialiste.

M. Plasterk a donc estimé, il y a quelques jours, que son pays devait lever l'interdiction qui frappe l'ouvrage. La vente de Mijn Kamp - son titre en néerlandais - est interdite depuis l'après-guerre aux Pays-Bas et pénalement punissable depuis 1987. La réimpression du livre a, elle, été prohibée dès 1974.





MALADRESSE DE DÉBUTANT


Réaliste, le ministre a constaté que les quelques marchands néerlandais qui ont essuyé les foudres de la justice n'ont pas été condamnés. Par ailleurs, un bon nombre des 110 000 exemplaires de la version néerlandaise circulent sous le manteau ou sont prêtés par certaines bibliothèques : la détention du livre n'est, elle, pas punissable... Enfin, Internet assure de toute manière un accès aisé à l'ouvrage.

Les propos de M. Plasterk ont toutefois suscité un beau tollé dans son pays. Parce que, avec une maladresse de débutant, le ministre a donné raison à l'un de ses adversaires, le populiste de droite Geert Wilders. Il y a quelques semaines, cet ennemi juré de l'islam avait réclamé l'interdiction du Coran. "Prohibons ce livre misérable, comme Mein Kampf est prohibé", avait-il lancé.

"Wilders a raison, il est étrange que ce livre soit interdit", a rebondi le ministre, dans une formule hasardeuse qui semble accréditer le parallèle entre le livre saint des musulmans et la référence idéologique des nazis. Précisément ce que M. Plasterk voulait dénoncer.

Plusieurs partis ont immédiatement dénoncé le projet du ministre, seuls les libéraux lui apportant un soutien de principe. "L'affaire sera une leçon pour un dirigeant qui raisonne de manière logique mais montre qu'il n'est qu'un débutant en politique", a commenté le quotidien NRC Handelsblad. Le ministre semble, en effet, avoir assez vite tiré les leçons de l'affaire. Il estime désormais que la libre diffusion de Mein Kampf ne figure pas "au premier rang des priorités" pour son gouvernement.

Jean-Pierre Stroobants

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