Friday, February 08, 2008

Trois policiers suspendus pour comportement antisémite
08.02.08 | 09h20


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ARIS (Reuters) - Trois policiers soupçonnés d'insultes et de menaces racistes et antisémites dans un bar d'Amiens, dans la nuit du 1er au 2 février, ont été suspendus par la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie.

"Le comportement de ces fonctionnaires est en contradiction totale avec la déontologie de la police nationale et son action quotidienne contre toutes les formes de discriminations", précise le ministère dans un communiqué.



Les trois policiers incriminés ont fait l'objet d'une suspension immédiate, ajoute-t-on.

Une enquête disciplinaire a en outre été ouverte par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN, la "police des polices"). Une enquête judiciaire est aussi ouverte pour "provocation à la haine raciale et apologie de crimes contre l'humanité".

Selon un récit recueilli auprès des plaignants par une association et transmis au ministère de l'Intérieur, cinq hommes auraient fait irruption dans un café d'Amiens dans la nuit du 1er au 2 février en criant "Sieg Heil!" et en faisant le salut hitlérien.

Ils auraient insulté deux serveurs d'origine africaine, proféré diverses insultes racistes et crié "mort aux juifs", toujours selon ce récit qui n'est pas encore totalement confirmé par l'enquête de police.

Le patron du café aurait reconnu deux policiers de la brigade anti-criminalité. Il a relevé les plaques d'immatriculation des importuns et la police a finalement identifié trois fonctionnaires grâce à cet élément.

Dans une affaire sans rapport, Michèle Alliot-Marie a déjà ordonné cette semaine la suspension de deux autres policiers impliqués dans une fusillade dans un autre bar à Franconville, en région parisienne, durant la même nuit du 1er au 2 février qui a fait un blessé grave. Le fonctionnaire qui a fait feu et qui était ivre a été écroué.

Natacha Crnjanski, Thierry Lévêque

Papiers d'identité

Étienne de Montety
07/02/2008 | Mise à jour : 12:16 | .

L'avocat Thierry Lévymène une réflexion sur son appartenanceà la communauté juive. Crédits photo : Maurice ROUGEMONT/Opale
Jusqu'à quel point peut-on s'éloigner de ses racines ? Thierry Lévy, un ténor du barreau s'interroge avec brio.
Thierry Lévy est un des avocats les plus brillants de Paris. Après tant de mémorables plaidoiries, c'est aujourd'hui sa cause qu'il défend. Son patronyme, expli­que-t-il, le condamne à endosser une histoire qui n'est pas exactement la sienne. Fils de Paul Lévy, journaliste qui présida aux destinées d'Aux Écoutes, et de Rose Nathan, convertie au christia­nisme dans le sillage de Jacques et Raïssa Maritain, Thierry Lévy a depuis longtemps le sentiment d'être au cœur d'un malentendu. Son nom le désigne comme membre de la communauté juive. Il n'a pas le sentiment d'en faire partie. Catholique d'éducation, ayant grandi au sein d'une famille préservée des grands drames de la Seconde Guerre mondiale, il se sent extérieur à la tragédie qui marque la société française depuis soixante ans, la Shoah : ni victime ni bien sûr bourreau, il l'écrit sans ambages : «Il s'en fallut de peu pour que mon ami le plus intime ne me demandât pardon pour un ­crime qu'il n'avait pas commis et que je n'avais pas subi.»

Marc Bloch assurait qu'il ne se sentait juif qu'en face d'un antisémite. À Thierry qui se plaignait d'être insulté à cause de son nom, Paul Lévy répondait d'un mot lapidaire : « Cogne.» Le jeune homme a d'abord cogné à tort et à travers, s'est ensuite révolté, et l'âge de ­raison venant, s'est mis à réfléchir. L'essai qu'il publie pourrait s'intituler Papiers d'iden­tité si le titre n'avait pas senti par trop son ­Modiano.


Une plume incisive

Thierry Lévy peut-il pour autant s'abstraire du destin des Juifs puisque ainsi qu'il le constate avec Sartre, on est juif « dans le regard de l'autre » ? En tout cas, sa singulière position donne à son propos une indéniable originalité : impliqué et libre à la fois. L'histoire des Juifs français, la figure véhémente d'un Bernard Lazare, le fabuleux destin d'un Theodor Herzl, la création d'Israël, la naissance d'un nationalisme israélien, autant de sujets qui permettent à l'auteur de réfléchir à son propre sort : être juif explique-t-il, c'est se situer dans un va-et-vient entre irréductibilité et assimilation. Lors, où se place-t-il ?

Dans cet essai personnel, l'homme de loi montre souvent le bout de sa manche, ainsi que le philosophe. Réfléchissant aux conséquences de la Shoah, notamment sur la mémoire collective fran­çaise, Thierry Lévy s'interroge. Il décrit la dérive d'une société atteinte d'une « pandémie victimaire » où certains groupes se définissent et ne se revendiquent que par leur histoire douloureuse. Chacun, écrit Lévy d'une plume alarmée, «n'a plus qu'à attendre du récit de ses malheurs la preuve de ses vertus et la reconnaissance de ses droits. Alors on se persuade que le mal est partout, sauf en soi».

Et l'avocat d'alerter sur le risque d'« absolutisation » du mal et du bien qui a pu avoir pour conséquence funeste qu'au cours d'un procès d'assises l'opinion publique refuse à un accusé fût-il monstrueux le droit de défendre sa cause en réfutant certains arguments de sa victime. Quelque ­chose des droits de l'homme se joue là.

La réflexion était déjà en creux au cœur des Bienveillantes, le roman de Jonathan Littell : quelle part de solidarité chacun de nous entretient-il avec le mal ? N'est-il pas tentant, facile, et dangereux de s'en exonérer ? Ce problème proprement métaphysique, Thierry Lévy le soulève d'abord en péna­liste. Il le fait d'une plume incisive, superbe, fidèle à son serment d'avocat et à l'injonction paternelle de ses douze ans : « Cogne. »
Lévy oblige de Thierry Lévy Grasset, 135p., 11, 90€.


Un article traduit par Courrier International qui nous donne un avant-gout des polémiques auxquelles ne va pas manquer de donner lieu l'invitation d'Israël comme invité d'honneur du Salon du Livre de Paris, le mois prochain. Les nazis brulaient les livres, les islamistes (Ramadan et cie.) et leurs alliés se contentent de boycotter les écrivains... Pauvre Europe!

Courrier international - 7 févr. 2008


Revue de presse
ITALIE - Doit-on boycotter la littérature israélienne ?

Du 8 au 12 mai, Israël sera l'invité d'honneur de la Foire internationale du livre de Turin, la plus importante en Italie. Cette initiative a suscité une polémique après les appels au boycott de représentants communistes locaux.

"Tous avec la Foire du livre", écrit La Stampa, le quotidien de Turin : "Des dizaines d'ordres du jour, de déclarations, de lettres, de documents. C'est un fleuve de papier, un déluge d'encre et de mots qui a inondé les bureaux de la foire – 'coupable' d'avoir mis des écrivains israéliens à l'honneur lors de sa prochaine édition – pour lui exprimer son soutien. Intellectuels, écrivains et hommes politiques de droite et de gauche se sont rangés du côté de la foire, à l'exception des communistes italiens et de quelques membres de Refondation communiste".

Parmi les intellectuels, l'écrivain Claudio Magris qualifie, dans le Corriere della Sera, d'"inqualifiable" la contestation de l'invitation adressée aux écrivains israéliens et estime que les appels au boycott devraient être simplement "jetés à la poubelle", sans autre considération. "En discuter, même pour les refuser, contribue à leur donner consistance et épaisseur", affirme Magris, "comme une femme qui serait contrainte de s'arrêter pour démontrer sa vertu à un mufle l'ayant apostrophée en des termes que l'on n'oserait répéter."


Claudio Magris avec Umberto Eco

"Il suffirait d'avoir lu ne serait-ce qu'une demi-page d'Amos Oz ou de David Grossman pour comprendre combien la prétention de boycotter la Foire du livre de Turin est stupide et présomptueuse", affirme de son côté l'humoriste Michele Serra dans La Repubblica. "Cela suscite d'autant plus d'amertume que cette foire s'est distinguée, au cours du temps, par son intelligente ouverture aux autres cultures et pour avoir savamment suggéré que la littérature était le lieu par excellence où se rencontrer et se connaître. La censure est la ressource des pusillanimes et le maire [Sergio Chiamparino, centre gauche] a bien fait de rappeler que Turin était la ville de Primo Levi."

Dans les colonnes du même quotidien, le député de gauche d'origine algérienne Khaled Fouad Allam rappelle de son côté que "de nombreux écrivains arabes et le célèbre théologien de l'islam européen Tariq Ramadan s'opposent" à la présence d'Israël à la foire, tout en estimant que "la foire est un laboratoire de liberté pour les hommes et les cultures ; quand une chose comme cela disparaît, c'est l'humanité tout entière qui est perdante".

Toujours dans La Repubblica, l'écrivain israélien David Grossman affirme que "la culture et le boycott sont incompatibles". Grossman rappelle ensuite que les partisans du boycott "sont à côté de la plaque : en Israël, la culture est favorable au dialogue, à la reconnaissance réciproque et au respect des Palestiniens, des choses que la gauche devrait avoir à cœur".

"J'avoue : je suis un des très rares qui ont signé jusqu'à présent l'appel au boycott de l'honneur fait à Israël à l'occasion de la prochaine Foire du livre de Turin", déclare Gianni Vattimo dans La Stampa. Le philosophe engagé à gauche qualifie son geste de "politique, car l'initiative de la foire est politique. Ceux qui nous accusent, nous autres partisans du boycott, de vouloir 'bâillonner' les écrivains israéliens sont de mauvaise foi ou ne savent pas ce qu'ils disent."

Il ne s'agit pas en effet d'"empêcher les écrivains israéliens de s'exprimer ou d'être écoutés", explique-t-il, mais d'empêcher qu'"ils soient les représentants d'un Etat qui célèbre ses 60 ans en bloquant Gaza, en réduisant les Palestiniens à une mosaïque de zones isolées les unes des autres, une politique d'expansion des colonies qui ne peut s'entendre que comme un véritable processus de nettoyage ethnique. Personne ne nie le droit d'exister à Israël".

"Israël est l'invité d'honneur du Salon du livre de Paris, qui précède de deux mois le rendez-vous turinois", fait remarquer enfin Il Sole-24 Ore, "et pourtant là-bas, mis à part quelques dissensions isolées, on n'a pas entendu de plaintes. L'insoutenable légèreté de l'idiotie doit être une prérogative italienne", conclut Il Sole.


Dialogue interreligieux
Polémique autour de la prière pour les juifs : Faut-il cesser le dialogue ? Jean-Marie Allafort
Un texte critique de la nouvelle prière, mais aussi de la radicalité de certaines réactions juives. Ce n’est pas pour rien que Jean-Marie Allafort, l’un des membres de l’équipe de Rédaction de "Un écho d’Israël", composée de chrétiens vivant en Israël, étudie le judaïsme à l’Université Hébraïque de Jérusalem. Il rappelle, en effet, avec beaucoup d’à-propos et de bon sens, que la divergence d’opinions, la "mahloqet", fait partie intégrante du masa umatan (argumentation-discussion) talmudique, et qu’elle n’a pas pour but de dresser les interlocuteurs les uns contre les autres, ou de les pousser à s’en aller en claquant la porte, suite à un désaccord, même aigu. S’il arrive qu’elle divise, les Sages le déplorent, mais tel n’est pas son but. Au contraire, l’opposition, la contradiction aiguisent et stimulent l’esprit des bretteurs de la halacha. Allafort a raison de nous rappeler à la raison, et de nous dissuader de jeter, comme on dit, le manche après la cognée, et de désespérer avant d’avoir tout essayé pour admettre ce qu’il y a de bien fondé dans les arguments de l’interlocuteur, quitte à lui tenir la dragée haute tant que l’on n’est pas convaincu de la justesse et de la cohérence de sa vision des choses. Une leçon de choses, alerte et sans prétention, mais extrêmement instructive. (Menahem Macina).
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08/02/08


Texte repris du site de "Un écho d’Israël".



Les rabbins italiens demandent « une pause » dans le dialogue judéo-catholique suite à la promulgation, le 5 février dernier, de la nouvelle version dans le rite tridentin de la prière pour les Juifs du Vendredi Saint. La réaction de certaines autorités rabbiniques était prévisible. Ce texte, qui ne fait que retoucher l’ancienne formulation de ce rite, ne pouvait qu’engendrer une polémique.

Insistons pour dire que cette prière ne concerne qu’une infime partie des catholiques fidèles à l’ancien rite latin. La belle formulation du missel de Paul VI de la prière pour les Juifs le Vendredi Saint reste inchangée. Cette retouche est destinée à un public qui, dans sa grande majorité, est héritière d’une tradition anti-juive, voire parfois antisémite. Si ces chrétiens ne considèrent plus le peuple juif comme déicide, c’est déjà un progrès notoire.

Ce texte liturgique est donc une concession pastorale à une communauté à la frange de l’Eglise catholique. Elle n’implique en rien un changement d’attitude aussi bien sur le plan théologique que sur le plan du dialogue.

Qui mieux qu’un Juif peut comprendre que la tradition est fondamentale et qu’une phrase liturgique, même malheureuse, ne saurait effacer plus de 40 ans de dialogue entre le peuple d’Israël et les catholiques ?

Cette formulation reflète également un courant de pensée au sein de l’Eglise (pas seulement catholique) qui interprète d’une façon différente les Ecritures à propos du statut du peuple d’Israël dans l’économie du salut.

Dans certains milieux juifs, on a parfois tendance à penser l’Eglise catholique comme une pyramide, oubliant qu’il existe des écoles théologiques et des courants de pensée très diverses. Chaque texte ou discours prononcé à Rome par le pape ou un cardinal n’est pas le dernier mot du magistère, loin de là. Notons ici, d’ailleurs, que la dernière phrase de la prière est une citation presque littérale de Rm 11, 25 qui est ouverte à de nombreuses interprétations.

De même, il serait faux de voir le pape comme un Premier ministre qui annule les décisions de son prédécesseur. La tradition est ici fondamentale. Benoît XVI, avec ses accents propres, se situe dans la ligne de Jean-Paul II, et les acquis dans les relations judéo-catholiques ne sont pas remis en cause.

Aucun texte sorti d’un dicastère romain, ou signé de la main de Benoît XVI n’a été envoyé aux évêques pour leur demander dorénavant de prier pour la conversion des Juifs dans les églises. Aucun document officiel de l’Eglise ne vient altérer les progrès de ces 40 dernières années.

Dans le judaïsme, l’opinion de Rachi n’est pas annulée par celle de Rabénou Tam. Elles existent conjointement et donnent lieu à des discussions et à de nouvelles interprétations. Qui mieux qu’un rabbin peut comprendre cela ?

Les rabbins italiens demandent une pause dans le dialogue comme si nos propres traditions, juives et chrétiennes, pouvaient être, pour un temps, des monologues ! C’est justement en période de crise que le dialogue est nécessaire.

La « mahloquet » (divergence d’opinions) n’existe pas seulement dans le judaïsme, mais aussi dans le monde chrétien. S’il y a mahloquet, il faut absolument continuer la discussion, aussi bien entre catholiques (et ça risque de chauffer sur ce sujet !) qu’avec les Juifs.


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Texte de la prière pour les Juifs selon le rite tridentin

"Oremus et pro Iudaeis, Ut Deus et Dominus noster illuminet corda eorum, ut agnoscant Iesum Christum salvatorem omnium hominum. Oremus. Flectamus genua. Levate. Omnipotens sempiterne Deus, qui vis ut omnes homines salvi fiant et ad agnitionem veritatis veniant, concede propitius, ut plenitudine gentium in Ecclesiam Tuam intrante omnis Israel salvus fiat. Per Christum Dominum nostrum. Amen".

Traduction :

Prions pour les juifs. Que notre Dieu et Seigneur illumine leurs cœurs, pour qu’ils reconnaissent Jésus comme sauveur de tous les hommes.

Prions.
Fléchissons les genoux.

Levez-vous.

Dieu éternel et tout-puissant, qui veux que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité, accorde, dans ta bonté, que, la plénitude des nations étant entrée, tout Israël soit sauvé. Par le Christ notre Seigneur. Amen.



Texte de la prière pour les Juifs, le vendredi saint, du missel de Paul VI :

« Prions pour les Juifs à qui Dieu a parlé en premier : qu’ils progressent dans l’amour de son Nom et la fidélité à son Alliance.

Dieu éternel et tout puissant, toi qui as choisi Abraham et sa descendance pour en faire les fils de ta promesse, conduis à la plénitude de la rédemption le premier peuple de l’Alliance, comme ton Église t’en supplie. »



Jean-Marie Allafort


© Un écho d’Israël



Mis en ligne le 8 février 2008, par M. Macina, sur le site upjf.org

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