Friday, July 04, 2008

Le récit de la libération des otages est digne des meilleurs scénarios hollywoodiens. Le président colombien, Alvaro Uribe, a même évoqué une "épopée épique". L'euphorie retombée, des zones d'ombre subsistent quant à la version officielle donnée par l'armée colombienne du déroulement de l'opération. Les doutes portent notamment sur l'éventuel paiement d'une rançon aux deux guérilleros tombés dans le piège de l'armée colombienne, les geôliers Gerardo Antonio Aguilar, alias "Cesar", et Enrique Gafas, ainsi que sur le degré d'implication des services de renseignement étrangers, israéliens en premier lieu.


Consultez les dépêches vidéo des agences AFP et Reuters, en français et en anglais.
Abonnez-vous au Monde.fr : 6€ par mois + 30 jours offerts
SUR LE MÊME SUJET
Vidéo Ingrid Betancourt à sa descente d'avion en France

Les faits Ingrid Betancourt à Paris : "Aujourd'hui, je pleure de joie"

Radiozapping Betancourt : récupération politique ?

Eclairage Paris considère que sa stratégie a favorisé la libération des otages

Reportage Les soutiens d'Ingrid Betancourt veulent continuer le combat pour les autres otages

Vidéos De la libération aux retrouvailles

Y A-T-IL EU PAIEMENT DE RANÇON ?


La Radio suisse romande affirme que des dirigeants des FARC auraient touché 20 millions de dollars pour la libération et que l'opération de l'armée n'aurait été qu'une "mise en scène". Citant "une source proche des événements, fiable et éprouvée à maintes reprises ces vingt dernières années", la radio publique suisse, dont le pays avait était mandaté par Alvaro Uribe pour une mission de médiation avec les FARC, affirme que les Etats-Unis sont "à l'origine de la transaction". La radio explique que c'est l'épouse de l'un des gardiens des otages qui a servi d'intermédiaire pour la transaction, après avoir été arrêtée par l'armée colombienne. Réintégrée au sein des FARC, elle aurait obtenu de son mari qu'il change de camp. La "mise en scène" de la libération des otages aurait ainsi permis au président Uribe, selon la radio suisse, "de s'en tenir à sa ligne qui exclut toute négociation avec les rebelles tant que les otages ne sont pas libérés". Bogota n'a pas réagi.

"Ceci n'est pas un sauvetage. C'est une opération de remise d'otages pour laquelle une rançon a été versée", affirme également la sénatrice colombienne Piedad Cordoba, ancienne médiatrice entre la guérilla et le président Hugo Chavez. Interrogée par le quotidien argentin Clarin, la sénatrice affirme ne pas avoir de preuves tangibles au sujet du paiement d'une rançon, mais se baser sur les déclarations des autorités colombiennes. Après l'annonce de la mort de l'ancien numéro un des FARC, Manuel Marulanda, Alvaro Uribe avait lui-même affirmé qu'un responsable de la guérilla avait contacté les services de renseignement colombiens pour négocier la remise en liberté d'Ingrid Betancourt, à condition de ne pas être extradé.

QUEL RÔLE A JOUÉ LE RENSEIGNEMENT ISRAÉLIEN ?

Immédiatement après sa libération, Ingrid Betancourt a comparé sa libération à une opération israélienne de libération d'otages. Des médias israéliens affirment vendredi que des conseillers hébreux sont impliqués dans l'opération.
Selon la radio militaire israélienne, deux conseillers militaires auraient participé aux préparatifs. Mais aucun détail supplémentaire concernant leur rôle précis n'a été dévoilé. Selon Haaretz, l'aide israélienne, qui a impliqué plusieurs dizaines d'experts en sécurité, a été coordonnée par Global CST, une société privée de conseil en sécurité, dirigée à Bogota par deux officiers supérieurs à la retraite depuis peu, Israël Ziv et Yossi Kuperwasser. L'aide israélienne ne serait d'ailleurs pas récente. Selon le quotidien Yediot Aharonot, un groupe de conseillers militaires israéliens a reçu l'année dernière l'accord du ministère de la défense d'Israël pour apporter de l'aide à l'armée colombienne, en particulier aux unités spéciales. Et Global CST a d'ailleurs décroché un contrat de 10 millions de dollars en Colombie pour aider les forces spéciales dans leur lutte contre les FARC.


"Nous avons aidé [l'armée colombienne] à combattre le terrorisme, à concevoir des stratégies et leur mise en application", a déclaré une source proche de la société Global CST qui s'est exprimée dans Haaretz. Pour Israël Ziv, il ne faut pas "exagérer" l'implication de l'armée israélienne dans le succès colombien.



Le Monde.fr (avec AFP)

0 Comments:

Post a Comment

<< Home