Sunday, December 28, 2008

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Dimanche 28 Décembre 2008
Dieudonné dérape encore
Par Mathieu DESLANDES et Marie-Christine TABET
Le Journal du Dimanche
>> Vendredi soir, sur la scène du Zénith de Paris, l'humoriste a remis au négationniste Robert Faurisson, condamné à plusieurs reprises pour contestation de crime contre l'humanité, "un prix de l'infréquentabilité et de l'insolence". Devant 5 000 spectateurs, Dieudonné, 42 ans, a fait monter sur scène l'universitaire controversé. Juste avant la fin du spectacle J'ai fait le con, il embrasse Robert Faurisson.

Dieudonné fait une nouvelle fois parler. Et cela rien à voir avec son talent d'humoriste... (Reuters)Dieudonné fait une nouvelle fois parler. Et cela rien à voir avec son talent d'humoriste... (Reuters)
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Un de ses techniciens, costumé en déporté juif, une étoile jaune sur la poitrine, remet un trophée au vieil homme, qui n'en revient pas: "Je n'ai pas du tout l'habitude de ce genre d'accueil. Je suis supposé être un gangster de l'histoire!" Depuis plus de trente ans, Robert Faurisson alimente la chronique judiciaire en niant l'existence de l'Holocauste. L'an dernier encore, la justice l'a débouté: il avait attaqué pour diffamation Robert Badinter, qui l'avait qualifié de "faussaire de l'histoire". Malgré les condamnations en série, l'ancien professeur de littérature à l'université de Lyon, qui aura 80 ans dans un mois, persiste: pour lui, la Shoah n'a pas eu lieu. Un "détail" que l'humoriste fait mine d'ignorer: "Je ne suis pas d'accord avec toutes ses thèses, explique-t-il au JDD. Il nie par exemple la traite des esclaves organisée depuis l'île de Gorée, au large de Dakar. Mais pour moi, c'est la liberté d'expression qui compte." Et de résumer sa prestation à "une performance humoristique, de l'art contemporain".

La famille Le Pen dans le public

Dans les travées du Zénith, quelques people -dont l'animateur de Questions pour un champion, Julien Lepers, qui n'a pu être joint hier- voisinaient avec le gratin de l'extrême droite: Le Pen, accompagné de son épouse Jany et
de sa fille Marie-Caroline, ainsi que Patrick Bourson, l'associé du leader frontiste dans une affaire de champagne. Un peu plus loin: l'essayiste Alain de Benoist, Dominique Joly, un conseiller régional FN élu sur la liste de Marine Le
Pen, Frédéric Chatillon, un ancien dirigeant du GUD, et Marc Georges, alias Marc Robert, coordinateur de la campagne de Dieudonné pour la présidentielle de 2007. "Il y avait aussi des gens d'extrême gauche", tente de rééquilibrer
l'humoriste, qui toutefois refuse de donner des noms: "Je ne veux gêner personne." La militante propalestinienne Ginette Skandrani confirme sa présence, non loin du leader radical noir Kémi Seba, dont le mouvement Tribu Ka a été dissous en 2006 par le ministère de l'Intérieur.

A la fin du spectacle, une trentaine de proches de Dieudonné se sont retrouvés à l'étage, dans la zone VIP, pour partager un "verre de l'amitié". Un participant raconte: "Ça a duré une petite demiheure. On a bien ri." Vers minuit, Dieudonné a accueilli près de 80 amis autour de sa guest-star, Robert Faurisson, pour réveillonner dans son théâtre de la Main d'Or, dans le 11e arrondissement de la capitale. Au menu: poulet et gambas jusqu'à trois heures du matin.

"J'ai raconté que Le Pen était le parrain de ma fille; ce n'est pas vrai...

Personne ne l'aurait imaginé en telle compagnie, en 1997, lorsque l'humoriste a fait son entrée en politique. A l'époque, il se présente aux élections législatives en Eure-et-Loire pour tenter de battre la frontiste Marie-France Stirbois. A ce moment-là, le Front national était pour lui "un cancer". Depuis, le duettiste d'Elie Semoun a viré de bord. En 2003, il fait scandale en apparaissant dans l'émission de Marc-Olivier Fogiel On ne peut pas plaire à tout le monde grimé en colon juif ultraorthodoxe singeant un ambigu salut nazi. Peu de temps après, en février 2004, dans les colonnes du JDD, il associait les juifs à des "négriers" qui auraient "fondé des fortunes sur la traite des Noirs". Des propos qui lui ont valu des poursuites pour provocation à la haine raciale. Quelques jours après cette sortie, la direction de l'Olympia annule son spectacle. Elle affirme ne pas être en mesure d'assurer sa sécurité: le théâtre a reçu plusieurs menaces d'attentat. Dieudonné s'est alors retranché dans sa salle de la Main d'or, où il a continué à produire ses propres spectacles. Puis il a discrètement repris ses tournées à travers la France, assurant épisodiquement sa publicité par ses coups d'éclat.

Dernier en date: le vrai-faux baptême de sa fille Plume. "J'ai raconté que Le Pen était le parrain de ma fille; ce n'est pas vrai mais l'audience que cette information m'a donnée m'aurait coûté plusieurs millions de publicité sur TF1 ou France 2", a-t-il confié à ses amis. Cynique, il explique : "Les journalistes ne viennent plus voir mes spectacles, ils ne réagissent que lorsque je fais scandale." Alors il en rajoute, se pose en victime pour mieux attaquer. Flirtant toujours plus près avec les extrêmes.

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